LE TEMPLE D'APADEMAK ET LE KIOSQUE ROMAIN

Admirer un temple d'inspiration égyptienne et un kiosque à arcades d'inspiration gréco-romaine dans un décor de savane aride n'est pas banal... Ceci d'autant plus que ni les Egyptiens, ni les Grecs ou les Romains n'ont bâti ces édifices. C'est tout le charme de la civilisation méroïtique que d'avoir su allier un grand nombre d'influences culturelles.

Les deux bâtiments sont derrière des barbelés. La présence de nombreux animaux due à la proximité du puits n'y est peut-être pas étrangère.

Le kiosque, dont l'utilité reste discutée, se caractérise par des linteaux égyptiens, bardés de l'uraeus, des chapiteaux corinthiens et des arcs romains. Des lions sont visibles sur la partie supérieure des fenêtres à l'intérieur. Car le lieu tout entier est dédié au lion, le dieu-lion Apademak. Le temple derrière présente sur son pylône d'entrée une scène bien connue des égyptologues. Le souverain et son épouse triomphants, sur le point de décapiter un groupe d'ennemis à leur merci. Il s'agit du roi Natakamani et de la reine Amanitore, observés par Horus, l'aigle, et surtout le dieu-créateur Amon, auquel leurs noms font référence (Aman-, -amani). Des lions dévorent des prisonniers à leurs pieds... Sur le côté du pylône, le félin maître de céans est représenté avec un corps de serpent émergent d'un lotus. Les bas-reliefs entourant le temple sont superbes. Sur la face ouest, un étrange Apademak à trois têtes et quatre bras surprend au centre de la scène. L'inspiration semble franchement indienne... Mais comment ? En s'approchant, on constate également que les deux mains des bras du dessous sont représentées ouvertes avec le pouce et l'index reliés, de la même manière que celles... du Bouddha. A l'intérieur sur le mur de gauche, on achève de briser les canons égyptiens en représentant une divinité de trois-quarts, avec une barbe bouclée ! Il s'agit sans aucun doute d'un dieu grec ou perse...

Mais là où l'on pense être au milieu de nulle part en Afrique, quelle émotion de ressentir la présence gravée dans la pierre de la culture de pays lointains... C'était peut-être déjà ça la mondialisation sauce antique !