LES PYRAMIDES DE NURI

En schématisant un peu, on pourrait dire que le site de Nuri est le Méroé napatéen. Pour autant, il n'est pas dans le même état que son illustre homologue. Rappelons pour sa défense qu'il est plus ancien et que la pierre de construction n'y est pas la même. En fait, la nécropole de Nuri précéda directement celle de Méroé. Elle accueille probablement, dans la plus haute pyramide et la plus ancienne du site, le plus célèbre des souverains nubiens, Taharqa, Pharaon Noir de la XXV^e dynastie. C'est un peu difficile à voir de nos jours, étant donné le niveau d'érosion du bâti, mais c'est en principe la quatrième, en partant du sud, dans l'alignement principal. Le site compte plus d'une cinquantaine de tombes de souverains et souveraines.

En 664 avant J.-C., Taharqa décida de se démarquer de ses prédécesseurs en s'installant définitivement à plus de 5 km au nord de Karima, sur l'autre rive. Il ne fut pas vraiment suivi par ses successeurs, peut-être mécontents de ce qu'il ait laissé la Basse-Egypte aux Assyriens, et qui retournèrent à El-Kurru. Après la chute des Pharaons Noirs, Nuri redevint pourtant, jusqu'au III^e siècle, la nécropole des souverains de Koush. A noter que, pour Taharqa, la controverse a longtemps divisé les archéologues quant au véritable emplacement de sa dernière demeure, après la découverte à Sedeinga, dans les années 1960, d'une tombe avec un cartouche portant son nom.

L'influence égyptienne était désormais considérable à l'apogée du pouvoir de Napata. Comme pour l'architecture, les rites funéraires s'inspiraient de ceux pratiqués plus au nord. L'usage de masques d'or pour le défunt et celui des vases canopes pour ses organes en témoignent. Lors des premières fouilles européennes, en 1917, on a pu découvrir plusieurs chambres funéraires, avec certains de leurs trésors dont de nombreux chaouabti (ou oushebti), des figurines momiformes symbolisant des serviteurs accompagnant leur maître dans l'autre monde.