BAYON
Sûrement l'un des plus connus et l'un des plus beaux temples d'Angkor. Les plus de 200 visages au sourire mystérieux que l'on retrouve sur chacune des 37 tours encore intactes sont devenus un symbole de la splendeur d'Angkor. Situé au croisement des axes nord/sud et est/ouest d'Angkor Thom, il est le cœur spirituel de la capitale construite par Jayavarman VII et le dernier temple-montagne édifié à Angkor. Contrairement aux nombreux sanctuaires d'Angkor dédiés au panthéon hindou, le Bayon vénère Bouddha, puisque le roi était un ardent bouddhiste.
S'il semble dépourvu d'enceinte, il ne faut pas se méprendre : les remparts d'Angkor Thom sont en réalité celui du Bayon, lui conférant ainsi une superficie de 9 km², bien supérieure à celle d'Angkor Vat (2 km²). Les souverains ultérieurs ont également souhaité apporter leur pierre à l'édifice en modifiant les plans originaux du Bayon. Les plus importantes modifications datent du règne de Jayavarman VIII au milieu du XIIIe siècle, souverain hindouiste qui réinstalla le culte de Vishnou dans l'Empire khmer. Contrairement à Angkor Vat, avec sa structure classique et ses grands espaces, le Bayon donne une certaine impression de confusion et de complexité.
Les galeries extérieures
Elles sont particulièrement remarquables, non seulement grâce aux quatre splendides gopuras qui marquent les quatre points cardinaux, mais surtout pour les nombreux bas-reliefs et frises sculptées sur ses murs. Outre les classiques épisodes mythologiques et historiques qui y sont représentés, de nombreuses scènes de la vie quotidienne y sont dépeintes. Vous pourrez admirer les plus remarquables en partant de la porte est, dans le sens des aiguilles d'une montre. L'absence d'inscription manuscrite a obligé les archéologues à émettre des suppositions pour décrire certaines sculptures.
La première scène représente une armée en marche, composée de soldats de l'Empire khmer et de mercenaires chinois. S'ensuit les musiciens et les officiers à dos d'éléphant ainsi que des chariots chargés de provision. Juste en face, ce sont des maisons typiques d'Angkor et leurs habitants. Certains seraient des marchands chinois. Puis arrêtez-vous au début de la galerie sud pour admirer la bataille navale sur le Tonlé Sap entre les forces d'Angkor et l'empire Cham. Juste en dessous se trouvent un marché, une cuisine en plein air, des femmes s'occupant d'enfants... Vous voilà maintenant près de la porte sud : une scène de combat de coq est assez amusante ; à côté, c'est la vie de palais qui y est décrite avec des princesses et leurs servantes. La fin de la galerie sud montre de nouveaux combats conclus par la célébration de la victoire par le roi d'Angkor. La galerie ouest est quant à elle exclusivement militaire, malgré une scène étrange d'un poisson se régalant d'un jeune daim. La galerie nord est largement inachevée. Les premiers bas-reliefs peignent des combats de lutteurs et des athlètes en plein exercice, un défilé d'animaux et quelques ascètes méditant dans la forêt. Vient ensuite une nouvelle bataille entre les Chams et les Khmers, mais cette fois-ci en faveur de l'ennemi juré : les forces d'Angkor sont en déroute. Vous voilà maintenant devant la porte nord, il est temps de monter au premier étage pour admirer les galeries intérieures.
Les galeries intérieures
Très étroites, car le niveau supérieur n'était probablement pas prévu dans les plans originaux, les bas-reliefs qui y sont sculptés sont très différents de ceux que vous venez de voir. Ajout du roi Jayavarman VIII, hindou convaincu, les scènes présentes reprennent les grands classiques de la mythologie hindouiste : barattage de la mer de lait, asparas à la poitrine opulente, la trinité Vishnou, Shiva, Brahma, etc. Pour autant, un bas-relief décrit une légende probablement inspirée du roi lépreux : un personnage se bat sans arme avec un serpent géant, puis montre à une femme ses mains ; nous le voyons ensuite alité, souffrant de sa maladie.
La terrasse aux 200 visages
Le dernier étage encercle la tour du sanctuaire principal. C'est là que dominent les fameuses « tours aux visages » du Bayon. Si la plupart exposent un visage sur chaque face, certaines n'en ont que deux ou trois. Les archéologues et historiens ne sont pas en mesure d'affirmer avec certitude le personnage que représente ces visages au sourire énigmatique. Serait-ce le roi Jayavarman VII lui-même, le Bouddha, ou bien plus simplement le roi représenté en boddhisattva ? Impossible à dire, et les visages qui vous scrutent à chacun de vos pas gardent tous leurs secrets. Quelques spécialistes ont alors cherché à trouver un symbolisme dans leur nombre. Mais là encore, le mystère reste intact : les tours aux visages ne datent pas toutes de la même époque, certaines sont d'origine, d'autres rajoutées plus tard. Plusieurs ont été détruites par le temps et la végétation. Les experts estiment qu'à son apogée, le Bayon en comptait 49. Aujourd'hui, elles ne sont plus que 37. En tout, plus de 200 visages ont été recensés, avec quelques-uns très abîmés.
Le sanctuaire
A l'origine en forme de croix, le sanctuaire se présente aujourd'hui sous la forme d'une tour circulaire, haute de 43 mètres. En son cœur était révérée une statue du Bouddha de 3,60 mètres de haut. Détruite lors de la restauration hindoue au XIIIe siècle, les pièces ont miraculeusement été retrouvées lors de l'anastylose du Bayon, et elle a donc pu être reconstituée. Elle est aujourd'hui exposée en face de la terrasse aux éléphants.
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