KOH KER
D’après les inscriptions gravées sur les piédroits de la tour de Bakseï Chamkrong, à Angkor, l’usurpateur Jayavarman IV, oncle du jeune roi Içanavarman, n’appréciait guère la conduite un peu trop épicurienne de son neveu. Se proclamant donc roi à son tour, il s’en fut à 100 km d’Angkor, avec brahmanes et serviteurs, fonder une nouvelle capitale appelée Chok Gargyar, l’actuelle Koh Ker. Koh Ker doit donc être comprise comme une cité réactionnaire, une cité des bonnes mœurs par opposition à la Sodome et Gomorrhe qu’Angkor était, semble-t-il, devenue à l’époque.
Le bon roi Jayavarman IV fut en fait couronné deux fois, la première de sa main propre (on n’est jamais si bien servi que par soi-même…), la deuxième, fort légitimement, à la mort de son joyeux drille de neveu en 928… Il restera toutefois fidèle à Chok Gargyar où il s’éteignit en 942.
Son fils Hashavarman lui succédera pendant deux ans avant de mourir à son tour et d’être remplacé par un beau-frère, Rajendravarman, qui abandonnera Koh Ker pour revenir à Angkor où il transcendera le style de son beau-père en de nouvelles constructions monumentales telles que Pré Rup (le dernier temple-montagne) et le Mébon oriental. Koh Ker continuera bon an, mal an, d’être habitée jusqu’au XIe siècle.
L’intendance étant assurée, il ne restait plus à l’usurpateur qu’à se mettre à bâtir ! Tribhuvaneçvara, la divinité à qui Koh Ker fut finalement consacrée, allait guider son bras. La capitale improvisée de Jayavarman IV ne comporte pas moins de 18 sanctuaires répartis, à partir du Rahal, le long de la chaussée khmère qui la relie à Beng Mealea. Les premiers sanctuaires que l’on distingue en venant de ce dernier temple sont, le long de la piste, le Prasat Pram, le Prasat Damrei, puis le Prasat Chen. Le Prasat Thom, autrefois Lingapura, est le temple principal de Koh Ker, situé non loin de l’angle nord-ouest du Rahal, il est constitué de trois entités distinctes : le sanctuaire, le prang (la pyramide) et les édifices extérieurs. La même enceinte englobe le sanctuaire et le prang, mais ils sont séparés par un mur intérieur percé d’un petit gopura permettant la circulation.
On entre dans le temple par une très belle entrée en forme de sanctuaire ornée de grandes baies à encadrements de grès et de linteaux sculptés, qui débouche à l’intérieur de la troisième enceinte sur une chaussée dallée encadrée de deux galeries dont les piliers supportaient autrefois une toiture en bois, de chaque côté se trouvent des bassins de grès à margelle en forme de naga.
La deuxième enceinte est percée en ses deux extrémités de beaux gopura éclairés de fenêtres à balustres, elle est rapidement suivie de la dernière enceinte donnant accès au sanctuaire à travers deux autres gopura situés de la même façon, chacun à une extrémité de l’enceinte.
Au centre du sanctuaire s’élève une terrasse où sont placés, en lignes parallèles, douze vestiges de petits monuments carrés en brique qui formaient le cœur du temple, face à la terrasse, les restes de bibliothèques.
On arrive ensuite dans la cour du Prang, gigantesque pyramide de sept étages à parements de grès qui mesure 55 m de côté et plus de 40 m de hauteur. Un escalier au milieu de chaque face desservait les différents étages. Tout en haut de la pyramide reposait « un linga de 9 Carva, placé à une hauteur de 9 fois 9 coudées, avec les images de Brahma et d’autres dieux ». De là, la vue est superbe et embrasse tout l’horizon.
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Avis des membres sur KOH KER
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