Une capitale en mutationBienvenu à Port Moresby, « Pom » pour les intimes. Ce n'est pas peu dire que la capitale papouasienne jouit d'une très mauvaise réputation. Selon la prestigieuse intelligence économique du magazine britannique The Economist, Port Moresby serait la ville « la moins vivable du monde ». Explosion démographique, taux de pauvreté avoisinant les 40 %, situation sécuritaire parmi les pires au monde, la jeune capitale de Papouasie-Nouvelle-Guinée a de nombreux défis à relever pour devenir la vitrine du pays qu'elle aspire à être. Voilà comment pouvait-on décrire Port Moresby jusqu’à très récemment. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui tiennent encore ce discours et il faut une grande force de persuasion pour les faire changer d’avis. Pourtant, la ville, forte de près de 500 000 âmes selon les estimations officielles (plus vraisemblablement entre 700 000 et 900 000), dopée par les nombreux investissements miniers, est en plein essor et renaît après deux décennies d’abandon et de déclin. Nommé par un capitaine anglais du nom de John Moresby, qui débarqua dans la région en 1873, le site fut choisi comme port en raison de sa baie protégée des tempêtes et de la beauté de ses collines du Stanley Range, en arrière-plan. Pourtant, la ville ne tire aucun parti de son cadre, sauf en ce qui concerne les quartiers chics installés sur les collines dominant la baie. Située dans le golfe de Papouasie, à l’est de la côte sud, face à l’Australie, Port Moresby donne l’impression d’avoir dispersé ses quartiers au hasard des collines, sans que l’on comprenne le sens des espaces vides laissés entre chacun d’eux. Les occidentaux s’installèrent d’abord sur la colline fermant la baie côté est, qui domine le port actuel. Aujourd’hui pompeusement désigné comme le centre-ville (Town), ce quartier se résume à une poignée de ruelles à peine animées par la présence de quelques administrations. De l’autre côté de la colline, la plage Ela (Ela Beach) pourrait être un lieu de rêve au cœur de la ville ; une promenade le long de la plage permet de prendre une bouffée de la bonne humeur et de l’insouciance des Papous. Les gens se baignent et se promènent comme s’ils ne voyaient pas les gros pétroliers au fond de la baie et les déchets sur la plage… Heureusement, le port industriel et commercial a été transféré plus à l'ouest de la ville, limitant les effets néfastes de la pollution générée par ces activités. Ceci dit, de nombreux projets de développement immobilier ont vu le jour, transformant peu à peu le centre-ville. Au bout d'Ela Beach, se trouve le village de Koki, bâti sur pilotis, où se côtoient de nombreuses ethnies. Malgré son aspect de carte postale, l’endroit n’est pas fréquentable pour les étrangers, à moins d’y être introduit. Mais son marché mérite le détour pour la qualité de son poisson pêché dans les environs, pour ses spécialités motu et pour son ambiance presque villageoise au cœur de la ville. Le marché de Gordon’s, en revanche, plutôt fréquenté par les Highlanders, les habitants des hautes terres, a très mauvaise réputation. Il est difficile de s’y sentir à l’aise et personne ne songerait à y emmener des touristes. Pénétrer dans Hanuabada, le grand village motu de Port Moresby, c’est encore une fois changer de monde. Collé à la capitale, le village reste indépendant, on n’y parle ni anglais ni tok pisin, uniquement le motu. Ici n’habitent et ne déambulent que des « central », comme on appelle les habitants originaires de la province de Port Moresby, reconnaissables à leur peau claire et à leurs cheveux bouclés et non crépus. A deux kilomètres à l’intérieur des terres, le quartier populaire de Boroko est bien plus effervescent avec ses commerces et le ballet incessant des PMV, les bus locaux. Son petit marché d’artisanat local en fait un lieu intéressant pour les voyageurs. Un peu plus au nord, Waigani voudrait être un quartier chic, avec le stade, les ambassades, les administrations, le Parlement à l’architecture remarquable et le Musée national. Mais l’avenue débouche sur des terrains vagues… Partout en ville, on trouve des étals de vendeurs de bétel, de cigarettes à l’unité, de lunettes de soleil, dans une anarchie assumée par tous. Les rues, les trottoirs sont rouges de crachats de bétel et les poubelles débordent… Mais pas de grande misère ici, ou très peu, la solidarité issue du « wantok system » fonctionnant encore, même en ville. Le principal problème de Port Moresby reste son isolement. Capitale d’un pays à la diversité inégalable, elle n’est reliée directement qu’à quelques villages des Motu, ces habitants originels de la région, et à la ville endormie de Kerema… Entre la capitale et son pays se dresse la grande chaîne des montagnes centrales ! Jamais une route ne traversera cet obstacle, dit-on, mais un projet d'autoroute reliant Lae, le poumon économique du pays, à la capitale serait en cours de développement par des promoteurs chinois. Mais toujours aujourd'hui, pour rejoindre ou quitter Port Moresby il faut donc prendre l’avion ou, comme le font les plus pauvres, marcher plusieurs jours à travers les montagnes. Pas vraiment idéal pour favoriser les affaires. Et pourtant la capitale, comme toutes les capitales du monde, attire. Des milliers de Papous de tout le pays, mais surtout des montagnes, gagnent la ville, souvent sans réel projet, et s’installent dans les bidonvilles qui maintenant l’entourent de toute part. Alors la ville s’agrandit, le nom des quartiers témoignant de cet élargissement : 5 miles, 6 miles, 7 miles… Comme partout dans le monde, cet exode rural entraîne une montée spectaculaire de la violence. Port Moresby serait la cinquième plus dangereuse ville du monde ! Les différences sociales, criantes parfois, dans une société habituée à l’égalitarisme, attisent la colère, d’où les violences. Pickpockets, attaques à main armée, courses-poursuites, agressions sexuelles font ici partie du quotidien. Cependant, Port Moresby n’est pas restée à l’écart des énormes investissements réalisés dans le pays ces dernières années. Les constructions émergent de partout, comblant enfin les trous laissés par l’étrange urbanisme des débuts. Petit à petit, les nids-de-poule sont bouchés, les parcs entretenus, des emplois créés. Le boom de l’immobilier – les prix ont littéralement flambé, le loyer d'un appartement moderne peut atteindre les 1 500 euros par semaine ! – ne fait pas peur aux investisseurs hôteliers, qui partout s’agrandissent, ni aux promoteurs qui enchaînent les projets de lotissements chic, de centres commerciaux, au point qu’on peut se demander ce qui a été vraiment prévu pour les moins favorisés… Précisons que de nombreux projets immobiliers, d'infrastructures ou industriels, longtemps le monopole des entreprises australiennes, sont passés sous capital chinois. La présence économique et humaine de l'Empire du milieu se fait de plus en plus sentir : beaucoup de commerces sont tenus par des Chinois, les restaurants asiatiques se multiplient et il n'est pas rare de croiser sur la route des centaines d'ouvriers chinois venus travailler sur les multiples chantiers que connaît la ville.Peu à peu donc, la ville renaît. A partir du jeudi soir, malgré la crainte de sortir la nuit, restaurants et boîtes font le plein d’une population avide de fêtes, prête à tout pour oublier un peu l’isolement de sa cité. Et les habitants de Port Moresby reprennent goût à leur ville…HistoirePort Moresby était à l’origine peuplée de Motu, un peuple de navigateurs aux origines polynésiennes. Arrivés il y a moins de 2 000 ans, ils auraient assimilé les populations mélanésiennes originelles. Le climat de la région étant très sec et les forêts rares, les Motu pratiquaient des échanges traditionnels avec les gens du Gulf, à plusieurs centaines de kilomètres vers l’ouest, en apportant par bateau des poteries qu’ils échangeaient contre de la nourriture, principalement du sagou. Ces voyages duraient plusieurs mois et étaient extrêmement dangereux. Le village d’Hanuabada existait déjà quand le capitaine John Moresby y débarqua en 1873. Impressionné par la façon de vivre locale, le capitaine se demanda « qu’est-ce que la civilisation pourrait apporter à ce peuple ». Ce qui ne l’empêcha pas de déclarer immédiatement le site possession de l’Angleterre au nom de la Reine et de le nommer d’après son père, Sir Moresby. Et c’est ainsi que, l’année suivante, la civilisation y apporta la « London Missionnary Society » (la Société des Missionnaires de Londres) ainsi que les trafiquants de main-d’œuvre qui déplacèrent une grande partie de la population pour l’employer aux travaux forcés. Ce qui était une réponse aux interrogations du capitaine John Moresby.En 1888, Port Moresby devint la capitale du tout nouveau territoire anglais de Nouvelle-Guinée. La ville se développa de manière remarquable sous administration anglaise, jusqu’en 1906, date à laquelle elle passa sous l’autorité de la toute jeune Australie. La première boucherie y ouvrit ses portes en 1909, l’électricité fut installée en 1925, mais il fallut attendre 1941 pour voir arriver l’eau courante. Rapidement, la ville fut dépassée par l’activité de Lae, sur la côte nord, plus concernée par le rush de la ruée vers l’or des années 1930. Puis la Seconde Guerre mondiale changea la donne. Port Moresby devint le point d’entrée et de cantonnement des troupes australiennes et américaines venues repousser les Japonais. La guerre finie, Port Moresby devint la capitale des Territoires de Papouasie et de Nouvelle-Guinée, un peu par défaut, les autres sites possibles, comme Rabaul ou Lae, ayant été détruits par les bombardements. En septembre 1975, la ville devint la capitale de l’Etat indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée. De nouveaux bâtiments gouvernementaux furent construits, comme le remarquable Parlement, ouvert en 1984. Après ce départ en fanfare, les choses se sont compliquées… Faute d’entretien ou d’argent pour achever les travaux, des bâtiments ont été abandonnés avant même d’avoir servi, comme le « Pineaple Building » à Waigani, ou encore les bureaux du gouvernement, qu’il fallut abandonner faute d’entretien. Pendant ce temps, la population avait augmenté de façon incontrôlée : de 120 000 habitants en 1980, on est passé à 200 000 en 1990, pour atteindre au moins 400 000 en 2008... Le recensement de la population étant presque impossible, le gouvernement n'a qu'une vague idée du nombre exact d'habitants vivant à Pom. Selon plusieurs estimations, la population de Port Moresby pourrait atteindre le million d'ici 2025. L’urbanisation n’a pas suivi et aujourd’hui, une bonne partie de la population vit dans des bidonvilles en périphérie de la ville, sans eau ni électricité. Si la ville a été nommée par le journal The Economist, parmi les pires capitales du monde, faisant ainsi mauvais voisinage avec Damas ou Tripoli, c'est en raison de l’insécurité (avec un taux de meurtres 23 fois plus élevé que celui de Londres), à quoi s’ajoute un taux de chômage estimé entre 60 et 90 %. Mais les choses changent : aujourd’hui, la ville retrouve le dynamisme de ses débuts, un dynamisme alimenté par les investissements étrangers et la confiance retrouvée des Banques mondiale et asiatique, et habitée par une classe moyenne émergente impatiente de monter dans le train du développement.

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Vue aérienne sur Port Moresby. jappasta - Shutterstock.com
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