SITE ARCHÉOLOGIQUE D'UBAR
Contrairement aux vestiges des antiques cités portuaires d’Al Balid (à 5 kilomètres du centre-ville de Salalah) et de Sumhuran (à une trentaine de kilomètres), tous deux accessibles rapidement en voiture, le site de Shisr, retrouvé à environ 180 kilomètres au nord dans les sables du Rub al-Khali, est une semi-expédition à part entière qui exige un 4x4, un bon GPS… et, si possible, une certaine dose d’imagination, ou une fantasmatique suffisamment développée pour recomposer virtuellement, à partir d’une poignée de vestiges, ce que put être la cité.
Au cœur du grand vide, au fil des routes et des pistes, le chemin d'accès est, en soi, une expérience forte. On sait qu'il n'y a rien de visible ou presque sur le terrain, mais on sait qu'il y a quelque chose dessous : plus de 2 000 ans d'histoire, découverts presque par hasard au début des années 1990 alors que l'explorateur britannique Ranulph Fiennes fouille les ruines d'une fortification du XVIe siècle. Des photos prises dès 1983 par la navette Columbia montraient clairement plusieurs traces de villes détruites tout le long de la route de l'encens. Des chercheurs utilisèrent alors des données provenant des satellites équipés d'un radar à pénétration de sol et le Landsat de la NASA, ainsi que le satellite Spot, pour identifier les anciennes routes chamelières et leurs points de convergence. Approchant du but sans convaincre tout le monde, le documentariste Nicholas Clapp fit la une du Times et publia The Road to Ubar : Finding the Atlantis of the Sands. C’est ce même Nicholas Clapp qui, durant les fouilles, avança l'idée que la destruction et donc la fin de la cité auraient été provoquées par le travail répété de la nappe d’eau souterraine qui aurait fini par engendrer l’effondrement des cavités calcaires sur lesquelles la forteresse avait été édifiée.
Les vestiges archéologiques sont de fait situés près d'un grand dôme de calcaire effondré, abritant une grotte où coule une source perpétuelle. Selon le service des Antiquités omanaises, le site couvrirait une superficie totale de 0,36 hectare. Une muraille de 90 cm d'épaisseur, au plan en forme de pentagone irrégulier, encercle un complexe central, sur un affleurement rocheux. Elle est renforcée à intervalles réguliers de contreforts courts de dimensions similaires. On peut également observer les vestiges de deux tours à l'angle nord-est et à l'angle sud-ouest, qui font partie de la construction originale, ainsi que deux tours en forme de fer à cheval qui furent intégrées plus tard. La muraille a en partie disparu du fait de l'effondrement du calcaire sous-jacent. Des souches de muraille indiquent que l'enceinte se divisait en deux parties, dont la plus petite se trouvait dans l'angle nord-ouest. Elle était dominée par un important édifice, orienté vers les points cardinaux, selon ce qui pourrait être une tradition dans le sud de l'Arabie. Ce bâtiment a subi plusieurs altérations et modifications au Moyen Age, qui tendraient à prouver que le site fut occupé jusqu'au XIVe siècle. La plus grande enceinte n'a pas fait l'objet d'études archéologiques, mais on discerne les traces de plusieurs structures.
Les archéologues associent ces vestiges à la ville antique d'Ubar qui fait référence à la cité mentionnée dans le Coran sous le nom d’Iram, sans que l’on connaisse son identité exacte. Elle est également évoquée dans deux récits des Mille et Une Nuits qui la décrivent comme un endroit de toute splendeur, paré de matériaux précieux et entouré de jardins luxuriants... Selon la légende, Dieu décida de punir les habitants d’Ubar, dont la richesse était devenue telle qu’elle les incitait à un mode de vie dépravé, et fit disparaître la cité sous les sables. A l'époque de sa splendeur, au cœur du négoce de l'encens, toutes les routes caravanières y convergeaient. Déterrée du sable, la forteresse révèle peu à peu ses mystères. Elle semble avoir été construite vers 150 av. J.-C. De nombreux objets ont été trouvés près du site : outils, poteries, céramiques, un brûloir à encens, quelques bijoux, un jeu d'échecs en stéatite vieux de mille ans, etc. Tant de secrets encore... La diversité de leurs origines atteste de la vocation commerciale de la région et de ses relations avec les peuples extérieurs : Sumériens, Egyptiens, Grecs et Romains. L’étude de ces vestiges semble cependant montrer que le site était connu bien avant la construction de la cité et sans doute occupé plus de 5000 av. J.-C. Théorie qui mérite le respect quand on sait que les habitants du Dhofar commencèrent à exploiter l’encens il y a plus de 8 000 ans. Le négoce de cette gomme précieuse, transportée depuis Oman vers Sumer, Bahreïn et l’Irak en bateau, joua un rôle très important dans les relations entre les régions du monde arabe et les civilisations d’Asie et d’Afrique.
Depuis 1995, le site d’Ubar est classé sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. L’entrée est libre et la visite peut être complétée par celle du musée, où sont exposés les objets découverts près de la forteresse. Pour en savoir plus et vibrer davantage, lire le récit palpitant de Fiennes, Atlantis of the Sands : The Search for the Lost City of Ubar.
La question de savoir si le site mérite le voyage depuis Salalah ne se pose pas, tant ce lieu est le produit de sa propre légende, un concentré de rêves de cités perdues et l'objet de désir de tout explorateur.
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