FORT DE ZEKREET
Connu par les prospections de Béatrice de Cardi en 1973-74, ce fort est daté par des céramiques en surface de la période moderne et il est comparable par son plan aux bâtiments de cette même période (fin XVIIIe siècle, début XIXe siècle) au Qatar. Par exemple le site d'al-Huwaylah et de Zubara. Mais il semblerait qu'il ait pu être édifié au tout début du XIXe siècle lorsque Rahmat b. Jabayr s'empare de Zubara en 1809 et installe son hégémonie sur cette partie du territoire qatarien. Le fort de Zekreet serait la marque la plus au sud de l'expansion territoriale de ce chef de tribu. Mais cette supériorité fut de courte durée : dès 1811 la ville de Zubara est reprise au profit de la tribu des Al-Thani. Rahmat B. Jabayr se replie sur la ville de Damman lors de son éviction de Zubara. On ne peut savoir dans l'état actuel des recherches si le fort de Zekreet devient une zone de repliement pour les troupes de Rahmat B. Jabayr ou bien si l'abandon fut effectif dès cette date. Les actes de piraterie connus d'un membre de ce clan jusqu'en 1841 n'excluent pas l'utilisation de ce fort côtier, installé dans une crique difficile d'accès, comme l'une des bases de la flotte ou bien un lieu de refuge pour les membres de la famille au sens élargi. Les sources textuelles ne nous renseignent pas quant à son éventuelle destruction par le pouvoir en place lorsque la flotte de Jasim B. Jabayr a été anéantie (1841). La forteresse ne semble pas avoir été une zone de défense remarquable et efficace si l'on considère les techniques de construction peu élaborées pour un système véritablement défensif. Elle correspond à un lieu de surveillance tant des territoires de désert : maîtrise de la zone de Ras Abruk, petite péninsule avec des criques de protection pour des mouillages de boutres, que des territoires maritimes : surveillance des bateaux, passage, actes de piraterie.
Un sondage en profondeur a permis de découvrir quelques céramiques de la période abbasside (IXe siècle) : il y aurait donc eu une occupation temporaire de type « campement » avant l'époque moderne. À cette époque, le site a pu être en relation avec la « ville » de Ras Uwaynat ‘Ali, localisée de l'autre côté de la baie de Zekreet et datée des périodes sassanide et abbasside.
La présence d'une madbassa destinée à produire du sirop de datte, d'une certaine ampleur et si proche de la mer, permet de proposer l'hypothèse de relation commerciale entre le Qatar et le Bahreïn au début du XIXe siècle. Force est de constater l'absence de palmeraie dans cette large zone de la côte occidentale. Dans ce cas, on peut suggérer des arrivages de dattes par bateaux depuis le Bahreïn.
La constitution et l'analyse de la typologie des céramiques de Zekreet montrent une occupation importante de la zone de campement comme lieu de cuisine et une zone de repas. La vie s'organisait dans des structures non bâties et peut-être d'une façon temporaire et/ou saisonnière.
En effet, la zone artisanale de la madbassa ne devait fonctionner que quelques mois par an et la population devait diversifier son économie avec une occupation liée au bétail (chèvres et dromadaires) ou encore liée à son contexte géographique : le bord de mer. La récolte des huîtres perlières est attestée par un dépôt important de coquilles proche de la madbassa et la situation de ce complexe protégé en fond de crique permettait des replis stratégiques ainsi que des incursions ponctuelles sur le Golfe.
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Avis des membres sur FORT DE ZEKREET
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