BELUR CHENNAKESHAVA TEMPLE

Le temple fut commandé par le roi hoysala Vishnuvardhana en 1117. Certains archéologues avancent la conversion du roi du jaïnisme à l'hindouisme, d'autres pensent qu'il s'agissait de célébrer la victoire sur l'empire Chola à la bataille de Talakad (Tamil Nadu) en 1116. Le temple de Chennakeshava constitue un héritage majeur de l'art hoysala et s'inscrit comme le premier du genre. L'influence du style chalukya est encore perceptible et malgré l'incroyable minutie des détails sculptés, les ornements sont moins foisonnants que sur les autres temples hoysala.

Le temple est dissimulé par un mur d'enceinte, typique de l'architecture hindoue dans le Sud de l'Inde. Le gopuram qui surmonte l'entrée principale orientée vers l'est est un ajout datant de la période Vijayanagar. Le complexe, bâti en schiste chloritique, comprend plusieurs temples. Le principal est dédié à Vishnou (Keshava est l'un de ses avatars) est placé au centre de l'espace. Sur sa droite, le temple Kappe Chanigraya et plus en retrait, un petit temple dédié à Lakshmi ; sur sa gauche, il s'agit du temple Ranganayaki. Deux piliers s'élèvent dans la cour. Celui au centre est surmonté d'un Garuda et fut rajouté par les Vijayanagar. Le second, qui fait office de lampe à huile, date, lui, de la période hoysala.

Le temple est placé sur un jagati, une vaste plateforme déambulatoire. L'accès au sanctuaire se fait par un mandapa (hall) aux somptueux piliers tournés, relié au sanctuaire central en forme d'étoile par un petit vestibule. La tour qui surmontait le vimana (sanctuaire) a disparu.

Piliers. La structure du temple est soutenue par 48 piliers tous sculptés et tournés différemment. Ils constituent l'originalité de ce temple et suscitent l'admiration des visiteurs. Les plus beaux sont les quatre piliers centraux qui soutiennent un plafond également magnifiquement orné. Chacun de ces piliers est surmonté par une adorable madanika (vierge céleste). Ne manquez pas non plus le pilier Narasimha, qui autrefois pouvait tourner sur lui-même. Il était supporté par des balles de pierre, permettant la rotation. Sur la plate-forme circulaire, devant le sanctuaire, est représentée la belle Shantala Devi, reine du roi Vishnuvardhana. Elle aurait également inspiré les artistes pour la représentation des madanika.

Extérieur. On retrouve les superpositions de frises, qui partent de la base du temple, et qui sont typiques de l'architecture hoysala. Elles sont au nombre de 5. La première en partant du bas, représente une rangée d'éléphants symbolisant la force et la stabilité. Vous pouvez vous amuser à les compter. Il y en a 650, tous différents ! La frise située juste au-dessus figure des lions qui symbolisent le courage. Un cran plus haut, les chevaux symbolisent la vitesse. La frise supérieure reprenant des scènes du Mahabharata et du Ramayana est séparée de celle des chevaux par une rangée de motifs floraux, symbolisant la beauté. Les madanika qui ornent les pierres de support en saillie des murs du temple sont sereines, enjouées et amoureuses, rehaussant l'effet d'ensemble de ce sommet de perfection architecturale. Une beauté s'entretient avec son perroquet favori dont la queue ressemble à celle d'un paon, une autre essore l'eau de sa chevelure et l'on voit les gouttes perler au bout de ses longues mèches... La délicatesse et la finesse avec lesquelles sont traités les détails les plus infimes sont proprement incroyables.