DUPONT

Avec les Bons Vœux, Moinette ambrée, Bière de Miel Bio, Biolégère, Blanche du Hainaut Bio, Cervesia, Moinette biologique, Moinette Blonde, Moinette Brune, Redor Pils, Saison Dupont, Saison Dupont biologique, Monk's Stout, Triomf

L'histoire de l'une des dernières fermes-brasseries du pays (également fromagerie) commence en 1920 lorsqu'Alfred Dupont rachète pour son fils la petite exploitation agricole et brassicole Rimaux, créée vers 1850. En bon père de famille, il souhaitait empêcher son rejeton de s'envoler vers des horizons trop lointains... Après la deuxième guerre, le bien devient par héritage la propriété d'un neveu, Sylva Rosier, alors maître-brasseur à Alost. Débute alors la production de cette fameuse Moinette qui allait rapidement devenir un grand classique du Hainaut occidental et des bières wallonnes. Son fils Marc a ensuite consacré trente-cinq années de sa vie à sa passion, jusqu'à l'âge de la retraite. Son neveu Olivier Dedeycker préside depuis le début de ce siècle aux destinées de la maison après y avoir passé douze années comme maître-brasseur.

Outre la célèbre Moinette blonde (8,5% alc. vol.), on évoquera aussi la Biolégère faiblement alcoolisée (3,5% alc. vol.), la Blanche du Hainaut Bio et la fameuse bière de Noël, joliment baptisée Avec Les Bons Vœux (9,5%), la « Moinette n°3 », comme l'appellent certains amateurs. Enfin, comment passer à côté de la Saison Dupont, sortie de l'anonymat par la grâce du magazine américain Men's Journal. Un article paru voici quelques années la consacra « meilleure bière du monde », en toute simplicité. Cette ambrée claire, affichant 6,5%, se retrouva ainsi propulsée au centre de toutes les attentions... et permit à de nombreux quidams de redécouvrir le goût de l'authenticité. Elle est devenue un véritable modèle du genre et est aussi proposée en version “Dry Hopping” marquée par le houblon. Elle est aujourd'hui (re) devenue le produit phare de la brasserie, tous secteurs confondus, même si en Belgique la Moinette domine encore.

Des trente mille hectolitres annuels produits par la Brasserie Dupont (chiffres 2017), plus de 40% sont destinés à l'exportation vers la France, les Etats-Unis, l'Italie et d'autres contrées. Cette demande étrangère, conjuguée à une percée assez nette sur le marché belge, surtout flamand, a presque triplé la production au cours des dix dernières années. Les installations actuelles permettent d'atteindre les quarante mille hectolitres. Durant l'hiver 2016-17, la bouteillerie a été changée et sa capacité doublée... en attendant de nouveaux tanks de garde qui arriveront bientôt.

Dupont brasse également des versions Bio de la Saison et de la Moinette. Depuis quelques années, la pils Redor, pur malt, exempte de tout conservant (5%) et que le brasseur ne livrait que localement, a commencé à éveiller l'intérêt au-delà du Hainaut occidental. Actuellement, celle qui a sauvé la brasserie dans les années 1940 se développe plutôt bien et oblige, de l'aveu même des responsables, d'avoir de la rigueur dans le travail puisqu'elle demeure la seule bière de fermentation basse dans une large gamme de "hautes".

Enfin, la Monk's Stout Dupont noire (5,2%) permet de remettre en valeur une vieille étiquette du grand-père et la Triomf dévoile pudiquement ses charmes : bio ambrée et amère. Sa note tourbée provient de l'utilisation d'une faible quantité de malt à whisky séché avec de la tourbe écossaise. Elle est commercialisée en direct par la brasserie.

Un conseil : pour déguster les bières de Dupont, rien ne vaut le déplacement à Tourpes, à l'occasion de l'annuelle fête champêtre “Tourpes en activité” à la fin du mois de septembre. On peut aussi s'attabler à la brasserie “La Forge”, sur la toute proche place du village. L'ambiance picarde y est garantie. Et pour ceux qui passeraient en dehors de cette période, un magasin installé dans les bâtiments construits en 2014 permet de s'y procurer tous les produits de la brasserie et de la fromagerie.

Moinette

Bien que son nom puisse le laisser croire, la Moinette n'a aucune affinité religieuse. Elle ne figure donc pas dans les listes de bières d'abbaye, reconnues ou non. Cette appellation relèverait d'une déformation du dialecte tournaisien moëne, qui signifie marécage. Les moines n'ont jamais compté de représentantes féminines dans leurs rangs… et encore moins d'épouses attitrées qui auraient pu justifier ce vocable surprenant. La belle se décline en trois versions « classiques » Blonde, Brune et Ambrée (ex "Bière de Beloeil") de même teneur en alcool (8,5% alc. vol.). Elles se caractérisent par une robe troublée, due à la refermentation en bouteille. En bouche, elles libèrent une saveur très houblonnée.

Mais la fibre biologique démangeait Marc Rosier, le brasseur de l'époque, si bien que dès les années 90, il se mit à produire plusieurs bières bio (certifiées par l’organisme Ecocert), dont évidemment une Moinette Bio (7,5% alc. vol.) qui a aujourd'hui acquis une certaine réputation. D'un point de vue gustatif, elle s'apparente à ses soeurs "traditionnelles". Sachez que la Moinette, régulièrement plébiscitée par le petit monde brassicole, est fréquemment primée lors de concours internationaux.