ROCHEFORT (ABBAYE NOTRE-DAME DE SAINT-REMY DE)

Rochefort 6, Rochefort 8, Rochefort 10

Ici, la célèbre bière trappiste est déclinée en trois versions, plus admirable l’une que l’autre. Si la 10 est la plus célèbre, la 6 est la plus rare, car distribuée plus localement. Entre les deux, une 8, qui est, elle, la plus répandue de la trilogie.

La forte croissance de la demande, boostée par le succès des bières belges à l'étranger, a fait tripler la production sur les dix dernières années, pour atteindre environ 50 000 hectolitres en 2017. La brasserie reste cependant une activité accessoire pour des moines qui doivent consacrer la majeure partie de leur temps à la réflexion et à la prière. D’ailleurs, le Père Abbé insiste fortement sur le fait que l’Abbaye Notre-Dame de Saint Rémy est avant tout un monastère dont l’une des activités est le brassage de la bière. Néanmoins, toute la chaîne de production continue d’être assurée à l’intérieur de l’abbaye, y compris l’embouteillage.

Dans ce monastère maintes fois détruit puis reconstruit avec la même ardeur, les murs abritaient jusqu'au 15^ème siècle des… moniales. Celles-ci, jugeant sans doute la tâche trop ardue, cédèrent leur abbaye à des moines qui donnèrent à Rochefort une réputation sans cesse grandissante. Certaines traces retrouvées au sein du monastère affirment que les moines fabriquaient bien de la « Rochefort » au 16^ème siècle. Loin de l’agitation de la vie moderne, les religieux exercent leur savoir-faire brassicole depuis cette époque, presque sans modification majeure. L'accès au site cistercien, d'une majesté impressionnante, est encore digne d’un chemin de croix pour le commun des laïcs. L’église, au contraire de la brasserie, est accessible mais pour la prière et le recueillement ; ce n'est pas un musée.

Enfin, 2017 restera une année marquante pour la communauté monastique et la brasserie avec la rénovation de la salle d'embouteillage, la victoire obtenue contre une entreprise qui souhaitait exploiter la source Tridaine utilisée pour l'eau de brassage et aussi (surtout ?) le passage en société anonyme de la Brasserie... une certaine "révolution" leur permettant de régulariser leur statut commercial.