MORT SUBITE

Lambic (Kriek, Witte, Geuze, Oude Gueuze, Oude Kriek)

Au premier abord, on pourrait s'imaginer qu'à l'appellation Mort Subite doivent répondre des bières particulièrement fortes, qui une fois bues ne tarderaient pas à produire leurs effets. Et pourtant... la brasserie propose une gamme de bières fruitées pour la plupart, peu chargées en alcool. Pourquoi donc cette dénomination ? Dans le centre de Bruxelles, au début du XX^e siècle, un café, nommé La Cour royale et exploité par la famille de brasseurs Vossen, était, le midi, le lieu de rendez-vous de journalistes et d'employés de bureaux. Ceux-ci passaient leur temps de repos à boire de la gueuze et à jouer au pietjesbak jusqu'à l'heure de se remettre au travail. Ils pratiquaient alors la « mort subite », dernier lancer de dés qui déterminait le vainqueur. L'établissement lui-même a fini par prendre cette appellation. Et le brasseur Vossen, qui disposait à l'époque d'une unité de production dans la rue des Capucins dans le quartier des Marolles, de rebaptiser également sa bière Mort Subite. La famille De Keersmaeker qui possède depuis le XIX^e siècle une ferme-brasserie à l'ouest de Bruxelles, à Kobbegem, a repris l'appellation Mort Subite dans les années 1960-1970. La brasserie ne s'oriente que tardivement vers la fermentation spontanée avant de finalement en faire sa spécialité. Les premiers partenariats avec la famille Maes ont commencé dès les années 1970, mais le groupe Alken-Maes ne possède l'ensemble de Mort Subite que depuis 2000. La brasserie conserve cependant ses installations à Kobbegem, dans la région d'origine du lambic. On y brasse, outre les dérivés classiques du lambic, une gamme complètement repensée, baptisée Mort Subite, qui reflète bien le marché de ce début de XXI^e siècle et offre un renouveau au numéro deux belge (en termes de volumes) de la fermentation spontanée. Quant au café Mort Subite, il est toujours bien ouvert, rue Montagne aux Herbes potagères à Bruxelles. Il est très prisé des touristes et vous y trouverez encore des tartines au fromage blanc et des bières diverses, à des tarifs que peine à justifier le cachet historique du lieu. Les serveurs tentent de faire diversion avec leur accoutrement et un accent bruxellois, mais le pietjesbak, lui, a bel et bien été remisé au placard.