ÉGLISE DU CHRIST-ANTIPHONITIS
Plus grande église byzantine de Chypre (XII siècle). Fresques les plus précieuses conservées au Musée byzantin de Nicosie.
Magnifiquement isolée, cette église orthodoxe grecque du XIIe siècle (Antiphonitis Kilisesi, Εκκλησία του Χριστού Αντιφωνητή/Ekklisia tou Christou Antifoniti) est réputée pour ses fresques – la plupart vandalisées après l’invasion de 1974 – et profite d’un superbe cadre. Située au milieu d’une forêt, à 420 m d’altitude, elle surplombe le village d’Agios Amvrosios et la côte. Dédiée au « Christ qui répond » (Christos Antiphonitis), elle faisait partie d’un monastère fondé au VIIe siècle consacré à l’archange Michel et dont les autres bâtiments ont presque tous disparu. Couverte d’un vaste dôme soutenu par huit colonnes, c’est la plus grande église byzantine conservée à Chypre. Notez la coupole étrangement penchée qui fut sans doute déformée lors du grand tremblement de terre de 1220. Le narthex (ouest) et l’arcade (sud) ont été probablement ajoutés au XVe siècle, lorsque le bâtiment fut brièvement transformé en lieu de culte catholique par Isabelle Perez Fabrice, membre de la famille Lusignan.
Fresques pillées et retrouvées. Les fresques qui subsistent ici datent pour l’essentiel de la fin du XIVe siècle. Certaines sont bien conservées comme sur deux piliers du dôme où figurent saint Paul et une rare représentation de saint Eudoxe, martyr arménien du IIe siècle. D’autres ont été dégradées sous l’effet de la lumière : anges de la coupole sous le Christ Pantocrator, saint Georges dans le narthex. Plus triste est le cas des fresques profanées après l’invasion de 1974. C’est le cas notamment en haut de l’abside : sur cette œuvre du XIIe siècle, les visages de la Mère de Dieu et des archanges Michel et Gabriel ont été martelés. Certaines portent aussi des « graffitis de dévotion » laissés par des pèlerins des XIXe et XXe siècles, parfois rédigés en alphabet turc ottoman (caractères arabes). Mais, surtout, les trente fresques les plus précieuses ont été détachées des murs entre 1976 et 1979 par le grand trafiquant turc Aydın Dikmen (1937-2020) : Mère de Dieu et Pères de l’Église (mur de l’abside), arbre de Jessé (mur sud), Jugement dernier (mur nord), saint Jean-Baptiste (pilier sud-ouest), etc. Il s’agit d’œuvres réalisées vers 1190 dans un style proche de l’ornementation de l’église de la Panagia Arakiotissa de Lagoudera (massif du Troodos). Récupérées en 1997, elles sont aujourd’hui exposées au Musée byzantin de Nicosie. Mais certaines icônes demeurent introuvables, comme environ 20 000 biens historiques de la zone Nord disparus depuis 1974.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
Réservez les Meilleures Activités avec Get Your Guide
Avis des membres sur ÉGLISE DU CHRIST-ANTIPHONITIS
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.