ACHILLEION

La Sissi qui a vécu ici n’est plus l’adolescente lumineuse, immortalisée par Romy Schneider dans la célèbre trilogie d’Ernst Marischka. Elle a vieilli. En 1890, l’impératrice d’Autriche est déjà âgée de 52 ans. Elle a assisté au suicide de son fils, à l’assassinat de son père et de son beau-frère. Elle a besoin de reprendre des forces et de changer de paysage. Elle s’offre alors une odyssée blanche et bleue. Elisabeth d’Autriche aimait l’Italie et la Grèce...

Dans les salles du rez-de-chaussée, décorées de belles fresques, quelques souvenirs témoignent du passage de ses illustres hôtes. Sa passion pour la mythologie se perçoit dans tout l’édifice. Aux murs, de nombreux tableaux rappellent les scènes les plus héroïques de L’Iliade. La moindre pièce de mobilier est incrustée de motifs helléniques. Cette amoureuse des Arts a même offert une statue à chacune des neuf muses… Sissi se consacrera avec toute l’énergie du désespoir à cette demeure.
Le vaste jardin, d’où s’étend une vue magnifique sur le Pontikonissi, est agrémenté de quelques statues. Au milieu des cyprès et des palmiers, un Achille de bronze salue le cortège de visiteurs qui s’engouffre dans la villa. Guillaume II, qui a ensuite racheté et occupé les lieux, a enlevé celle de Heine et l’a remplacée par un grossier Achille victorieux pour éclipser le bel Achille blessé de Herter. Mais l’histoire continue : le palais sert d’hôpital à partir de 1915. Le gouvernement grec en fera ensuite un casino, avant de le transformer en musée. Un siècle plus tard, le palais d’été n’a rien perdu de sa superbe. En 1980, l’Achilleion reçoit la visite de James Bond. La villa et son jardin serviront de décor à un titre évocateur : Rien que pour vos yeux…
Car reste un point de vue qui ne se discute guère : perchée sur les hauteurs de Gastouri, à une dizaine de kilomètres au sud de la capitale, l’Achilleion domine son monde. De la terrasse de cette bâtisse néo-classique, la vue embrasse des jardins à l’italienne peuplés de figures mythologiques. A l’horizon, des falaises à la végétation luxuriante dégringolent vers la mer émeraude. Et dans une crique ourlée d’écume, on devine une plage de sable blond léchée par la houle…

Seule ombre au tableau : Elisabeth d’Autriche n’a sans doute pas profité de la Grèce autant qu’elle l’aurait voulu. Huit ans après avoir "emménagé" à Corfou, le 9 septembre 1898, elle meurt à Genève, poignardée par un anarchiste italien. L’empereur Guillaume II reprendra l’Achilleion en 1907 où elle avait pris l'habitude de résider quand elle se trouvait à Corfou.