Espaces naturels protégés - Parcs nationaux
La Patagonie subit l'influence de l'océan Pacifique, de l'océan Atlantique, mais aussi de celle de la cordillère des Andes. Cette biogéographie est source d'une grande variété d'écosystèmes. Le territoire comporte de nombreux parcs nationaux, réserves et monuments naturels, dont certains ont été initiés par des mécènes américains, à la tête d'entreprise d'outdoor. Cette sanctuarisation entend concilier protection de la biodiversité et tourisme. En voici quelques-uns parmi les plus emblématiques :
En Argentine :
Le Parc national Los Glaciares : classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, il abrite de très nombreux glaciers dont le Perito Moreno et des paysages à couper le souffle.
Le Parc national Lanín : unique pour ses antiques forêts froides dites « forêts valdiviennes », le parc est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Le Parc national Monte León, sur le littoral patagonien, abrite une faune et une flore exceptionnelles.
Le Parc national Nahuel Huapi : premier parc national argentin, il est réputé pour ses lacs.
Le Parc national Tierra del Fuego : situé à proximité d'Ushuaia, entre terre et mer, montagnes, lacs et forêts, il vous invite à découvrir la Terre de Feu.
Au Chili :
Le Parc national Torres del Paine : il est réputé pour ses glaciers, ses lacs et ses montagnes.
Le Parc national Cabo de Hornos : parc national le plus austral de la planète, il abrite le mythique Cap Horn.
Le Parc national Villarrica : ce parc est emblématique par la présence de son volcan, mais aussi de ses montagnes et vastes forêts.
Le Parc national Vicente Pérez Rosales : plus ancien parc national du Chili, il abrite le lac Todos los Santos et le volcan Osorno.
Le Parc national Patagonia : créé en 2018 à partir notamment d'une donation de terres de la fondation Tompkins, il abrite une riche biodiversité. Il s'agissait au départ d'une estancia rachetée par Douglas et Kristine Tombkins en 2004 dont les terrains ont été régénérés. Suite au décès de son époux, Kristine cède les terres dont une partie devient le Parc Patagonia.
Le Parc national Pali Aike : fréquenté par de nombreux vulcanologues, il est réputé pour sa géologie volcanique et notamment un terrain couvert de lave basaltique.
Le Parc national Hornopirén, au sud de Puerto Montt, abrite des forêts d'alerces. C'est tout un parcours initiatique qui convie le visiteur entre volcan, lac et montagne.
Nommons également les réserves nationales : Malalcahuello, Nalcas, Micho Choshuenco, Coyhaique, Lago Cochrane, Cerro Castillo, Lago Jeinimeni, Shöen, Río Simpson, Tamango, Mañihuales, Magallanes, Laguna Parrillar.
Et les monuments naturels : Alerce Costero, Islotes de Puñihuil, Lahuén Ñadi, Dos Lagunas, Cueva del Milodón, Los Pingüinos.
Des pressions anthropiques sur les milieux
Les colons européens qui s'installèrent en Patagonie développèrent un élevage ovin extensif (production lainière) autour de grandes estancias ceintes de dizaines de milliers d'hectares de prairie. Celles-ci continuent à façonner le paysage. La Patagonie possède également des ressources naturelles : pétrole, gaz, aluminium, cuivre. L'exploitation pétrolière, qui a débuté dans les années 1940, a un impact considérable et significatif. En décembre 2018, l'ONG Greenpeace met au jour un scandale éclaboussant 5 compagnies pétrolières, dont Total. Accusées de déversement massif et illégal de résidus d'hydrocarbures dans des piscines de stockage, elles sont poursuivies en justice par des membres de la communauté autochtone des Mapuche. Cette exploitation des ressources s'est faite souvent sans respect ni des milieux naturels ni des populations autochtones. Encore une fois, en 2024, Greenpeace a intensifié ses actions en Patagonie pour s'opposer à l'exploration pétrolière et au fracking (technique d'extraction des gaz naturels) dans la région. En septembre 2024, des militants de l'ONG ont mené des manifestations contre Shell et Total, dénonçant la déforestation et la pollution liées à ces activités. Ces manifestations se sont concentrées sur l'impact environnemental et social du fracking dans la formation de Vaca Muerta, en Patagonie argentine, qui abrite l'une des plus grandes réserves mondiales de gaz et de pétrole de schiste du monde. Les militants ont également organisé des blocages à l'entrée de sites de déchets toxiques, où les entreprises pétrolières déposent leurs déchets. Cette action visait à attirer l'attention sur la violation des lois environnementales et les risques de contamination des ressources en eau, essentielles pour les communautés locales, y compris les populations indigènes.
La Patagonie, laboratoire du changement climatique
La fonte des glaciers, visible à l'œil nu, est sûrement l'élément le plus palpable du changement climatique en Patagonie. Des scientifiques se penchent à son chevet afin de comprendre l'ensemble des mécanismes associés à ce phénomène. Outre les émissions de gaz à effet de serre, les particules rejetées par l'industrie minière accentueraient la fonte des glaciers, en diminuant l'effet d'Albedo lorsqu'elles les recouvrent. Le Pays est face au dilemme suivant : comment protéger les glaciers en continuant ses activités industrielles ? Autre point qui en ravira peut-être certains, le réchauffement du climat a pour effet l'essor de la vigne en Patagonie (Río Negro, Neuquén et Chubut).
L'avenir de la Patagonie et les enjeux d'un tourisme responsable
Le tourisme est devenu depuis les années 1990 une ressource économique importante pour la région, qui accueille près de 4 millions de visiteurs par an. Bien que nécessaire pour l'économie locale, il exerce une pression accrue sur les zones protégées, souvent sans réglementation adéquate. Il apparaît ainsi opportun de préserver le patrimoine naturel du pays contre l'exploitation minière et forestière, les forages pétroliers ou encore la construction de barrages. Des politiques sont en cours afin de protéger plus de terres et favoriser ainsi le maintien de la biodiversité. En 2019 des donations en partie privées (donation Tompkins) ont permis de sanctuariser plus de 4 millions d'hectares. Le but est d'augmenter la superficie des parcs nationaux et de les connecter entre eux, afin de créer un corridor écologique permettant le maintien de la dynamique évolutive du vivant. Ces extensions permettront aussi de délester certains sentiers très fréquentés par les touristes, dont le Parc national Los Glaciares et le Perito Moreno. Cela ne s'est pas fait sans la protestation de certains éleveurs qui y voient la perte de terrains précieux pour leur activité (vallée de Chacabuco dans le Parc national Patagonia) et la menace d'un projet d'extension minier. L'aménagement des nouveaux espaces est inspiré du modèle anglo-saxon qui foisonne de signalisations, et dénote par là même de l'image de « wilderness » de la Patagonie. Cette perte d'authenticité a du moins la vertu de réguler les déplacements des touristes. Le visiteur à destination de la Patagonie sera lui aussi encouragé à réfléchir aux moyens de limiter l'impact carbone et écologique de son voyage (transport, déchets, consommation d'énergie, etc.).