Découvrez le Midi-Toulousain : Géographie

Des creux et des bosses, des pics et des brèches, du plat et du raide, de l’argile et du galet, de l’ardoise et du calcaire, de l’eau sous toutes ses formes… Bienvenue en Midi-Toulousain ! Une terre de contrastes, une mosaïque de paysages et de « petits pays » qui se définit autour de trois grands ensembles : le bassin de la Garonne, convergence des eaux et des hommes ; les Pyrénées, un massif montagneux fragmenté de vallées et de forêts ; les plateaux calcaires et cristallins qui montent en vagues successives vers le Massif central. Cette générosité de terroirs s’étend sur environ 30 000 km2 que se partagent 2,5 millions d’habitants dont plus de la moitié dans la sphère attractive de la métropole toulousaine. Cet éclatement topographique fait-il du Midi-toulousain un désert humain ? Pas du tout ! Les hommes, attirés par la beauté de cette diversité, se sont implantés dans des endroits parfois inaccessibles qui aujourd’hui encore nous font rêver…

Par les quatre points cardinaux

Au sud : l’Ariège, les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne.

Sur la ligne d’horizon, une chaine ininterrompue de sommets enneigés, entaillée perpendiculairement par une série de petites vallées que relient de hauts cols - un défi largement relevé par les héros au maillot jaune du Tour de France et leur peloton : voici les Pyrénées. On les découvre une vallée après l’autre, de Montségur au cirque de Gavarnie. Traversé par la Garonne, le Volvestre sert de trait d’union entre amont et aval du fleuve tranquille certaines fois, plus impétueux d’autres fois. 

A l’ouest : le Gers.

Un paysage de douceur que l’on a coutume d’appeler « l’éventail gascon » : son relief plissé se parcourt en suivant les lignes de crêtes ou en les franchissant avec allégresse comme sur une attraction de fête foraine ! Depuis le val d’Adour en passant par l’Astarac, l’Armagnac, la Ténarèze et la Lomagne, sillonnés de nombreux cours d’eau, ses coteaux et ses vallons lui donnent des airs de Toscane.

A l’est : le Tarn

Les coteaux du Lauragais laissent peu à peu place au relief plus accidenté de la Montagne Noire, tapissée de forêts et drainée de cours d’eau qui alimentent le canal du Midi. Plus à l’est encore, le plateau granitique du Sidobre, après Castres, nous plonge dans un univers mystérieux en quête de ses rochers tremblants et de silhouettes pétrifiées. Plus au nord, les fertiles vallées du Tarn et de la Vère s’opposent au Ségala autrefois plus aride.

Au nord : le Tarn-et-Garonne

La vallée de la Garonne marque une ligne de rupture avec le reste du Midi-toulousain, isolant le Tarn-et-Garonne (dernier né des découpages administratifs en 1808) des autres départements, ouvrant la route vers le Quercy blanc et les grands causses. Ses sols très diversifiés créent l’unité entre ces régions. Argile et limons fertiles au sud, calcaire et pierre taillée au nord. Son climat tempéré en a fait le verger de la région.

Une nature à l’état brut !

Causses et ségalas. 

Les causses du Quercy – causse de Limogne et de Caylus en Tarn-et-Garonne – sont des plateaux karstiques fortement érodés caractéristiques du sud et de l'ouest du Massif central. Les habitants y sont dénommés caussenards ; ce mot vient de l'occitan cauce issu du latin calx signifiant la chaux. Dans le karst, les eaux de surface disparaissent en sous-sol. Dans la roche qui affleure par endroits, elles ressortent en résurgences nommées « lavognes » servant de points d’eau aux troupeaux. Ailleurs, se forment des dolines - par suite d’effondrements de roches ou de leur dissolution –, des gouffres ou des vallées asséchées appelées « combes ». Ces zones sont propices au pastoralisme et à la culture du froment, de l’orge, de la luzerne ou du colza. 

Les ségalas se situent aux marges orientales de la région, entre 500 et 1 200 m d’altitude. Ces plateaux au climat rigoureux et aux sols froids ont longtemps été un pays de seigle (d’où leur nom) et une terre d’émigration, notamment autour du bassin houiller de Carmaux et de Blaye-les-Mines qui vit nombre de Polonais, Italiens et Espagnols s’installer dans la région. Ces terres sont traversées de profondes gorges, Aveyron, Cérou ou Viaur, qui ne manquent pas d’atouts énergétiques - l’hydroélectricité – et touristiques.

Molasse, Terreforts et Boulbènes

La molasse est une roche tendre riche en argile, issue de l’érosion des Pyrénées, qui présente parfois des strates calcaires plus résistantes. Ces terres qui comblent la gouttière de la Garonne sont sculptées de collines aux sols très fertiles mais lourds et difficiles à travailler, les terreforts. On les trouve en Gascogne et dans le Lauragais essentiellement. Les terrasses des grandes vallées alluviales portent des boulbènes, souvent caillouteuses, plus pauvres en éléments nutritifs, elles durcissent en été et se craquellent. Une terre prisée pour la céramique.

Serres et rivières

Dans le paysage gascon, chaque vallée se compose de trois « ensembles » que le paysan avait lui-même différenciés et nommés du fait de leurs caractéristiques physiques et morphologiques. Au fond de la vallée, la Ribère définit la « plaine alluviale d’une rivière ». La vallée se couvre de cultures et de vergers tandis que la Serre - sommet des coteaux et leur versant abrupt - longue et couronnée de villages aux toits d’argile, sépare d’amples vallées. Sur le versant en pente douce, la Boubée s’étage de rangées de vignes. 

Cirques et gaves

Quant à la Bigorre, elle est parcourue de quantité de petits cours d’eau : les gaves (prononcez « gabé » qui signifie « rivière encaissée »). Le gave de Pau (également appelé Grand gave vers Saint-Pé-de-Bigorre) les recueille presque tous ; il est le principal affluent de l'Adour. Côté montagne, point d’arène mais des cirques ! Formés au quaternaire, ces amphithéâtres naturels, monumentaux, à la verticalité vertigineuse, furent creusés par d’anciens glaciers. Celui de Gavarnie (Hautes-Pyrénées) est l’un des plus connus, d’un diamètre de 6 km ; en Ariège : les cirques de Campuls, d’Anglade et de Cagateille sont particulièrement fréquentés pour leur faune de bouquetins.

Un géant de roche

Le choc des Titans. Les Pyrénées sont le résultat de la lutte entre deux blocs continentaux : l’hispanique au sud et le continent européen au nord. Séparés il y a cent millions d’année, ils entrèrent en collision voici 45 millions d’années, compressant, écrasant quantité de matériaux et dessinant une crête sommitale vigoureuse (entre 2 500 et 3 404 m d’altitude au pic d’Aneto en Espagne, 3 298 m au Vignemale en France) au-dessus d’un piémont précédé de collines qui adoucissent ce relief fermant l’horizon d’est en ouest sur 400 kilomètres environ. Certains sommets donnent une véritable identité à la chaîne : Pic du Midi ou Pic d’Ossau, ils sont facilement reconnaissables. En revanche, les cours d’eau ouvrent de nombreuses vallées étroites et perpendiculaires au sommet, les cluses. 

Ces territoires enclavés ont une forte identité : pays de Foix, Couserans, Comminges, Bigorre, pays Toy. De nombreux « ports » permettent leur franchissement vers l’Espagne. Le versant français, plus court et plus raide, est pourvu de lacs d’altitude et de nombreux sites s’avèrent favorables à la production électrique. De la fin de la Seconde guerre au début des années 70, environ 300 centrales ont été mises en service. Sillonner ce massif par la « Route des Cols » permet d’appréhender les plus beaux panoramas. Trente-quatre cols (dont 16 en Midi-toulousain) : parmi les plus célèbres l’Aubisque (1 709 m), le Tourmalet (2 115 m) ou Aspin (1 489 m). Créée au XIXe siècle sous l'impulsion de l'empereur Napoléon III et de son épouse Eugénie, cette route reliait jadis les diverses stations thermales. 

De son côté, la Montagne Noire doit son nom à sa couverture forestière très dense. Cette moyenne montagne fraîche et humide culmine à 1 210 mètres au Pic de Nore (Aude). Géologiquement, elle se rattache au Massif central dont elle marque l’extrême pointe sud avec la ville de Mazamet à ses pieds. S’étirant sur 80 km de long et 60 de large, elle est un paradis de la randonnée.

De l’eau, de l’eau et encore de l’eau !

Le réseau hydrographique est particulièrement dense : lacs, rivières, gorges, gaves, canyons, cascades… Deux fleuves marquent les limites méridionale et septentrionale du Midi-toulousain : l’Adour et la Garonne.  Originaire du Val d’Aran, la Garonne constitue l’axe majeur. Le torrent pyrénéen s’étoffe à la réception des eaux de l’Ariège et du Tarn, son débit fait plus que doubler. D’autres affluents viennent élargir son lit : Gers, Baïse, Save. Le couloir garonnais atteint alors une vingtaine de kilomètres de large dans sa moyenne vallée, entre Toulouse et Agen. Sur son parcours, de nombreux ramiers constituent des zones naturellement inondables, à la végétation foisonnante et boisée.

L’Adour traverse le Bassin aquitain depuis sa source dans la vallée de Campan en Bigorre, où il naît de l’union de trois torrents, traverse la ville de Tarbes, contourne le vignoble de Madiran, irrigue les cantons de la Rivière-Basse et du Vic-Bilh sans cesser de s’élargir jusqu’à son embouchure après Bayonne. Si sa douceur séduit les amateurs de pêche (il demeure l’un des rares fleuves en Europe à posséder encore des frayères à saumons), sa navigation n’est plus possible dans cette partie de son cours.

Mais les vallées du Tarn et de l’Ariège sont aussi de belle ampleur. Des rivières modestes telles que la Lèze coulent au fond de couloirs quelque peu disproportionnés ! Certaines sont ouvertes à la navigation comme la Baïse. Plus discrète, dissimulée dans le sous-sol, l’eau circule dans des gouffres (Esparros connu pour ses aragonites) et des grottes sous forme de rivière souterraine (Labouiche, Bétharam). Elle libère son CO2 et dépose une part de son carbonate dissous dans de belles concrétions : les stalagmites et stalactites. Attention : ces cours d’eau sont fort capricieux. Nourris de la concomitance de la fonte des neiges avec d’abondantes précipitations, ils débordent violemment au moins une fois par siècle : on parle alors de crue centennale. Les Toulousains gardent en mémoire celle du 23 juin 1875, ce jour-là le débit approchait les 8000 m3/seconde ! En mars 1930, les Montalbanais mesuraient plus de 11 mètres d’eau au Pont-Vieux ! Plus récemment, les années 2020 et 2021 ont été marquées par des crues conséquentes bien que les cours fussent endigués dans certaines villes comme Toulouse.

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