– 30 000
Tout a commencé il y a des milliers d’année, dès l’époque de l’Acheuléen. La présence humaine est attestée par de nombreuses stations sur les terrasses de la Garonne et du Tarn. Mais la grande époque pour le Midi-toulousain est celle du Paléolithique. En particulier dans le piémont pyrénéen où des groupes de chasseurs-cueilleurs se sont exprimés dans des grottes ornées spectaculaires. On parle alors de l’Art des cavernes. Le département de l’Ariège en compte à lui seul 13 dont Niaux, le Tuc d’Audoubert ou Bédeilhac, la Haute-Garonne 3 dont Marsoulas, les Hautes-Pyrénées 4 parmi lesquelles Gargas connue pour ses « mains négatives » datées de – 25 000 ans. Certaines grottes sont ouvertes à la visite (sous certaines conditions) mais pour en savoir plus sur nos ancêtres les Sapiens, rien ne vaut un petit tour par le Parc préhistorique de Tarascon-sur-Ariège.
Si ces peintures fascinent, il ne faut pas pour autant négliger le mobilier : des objets du quotidien ornés ou des sculptures modelées ou taillées, réalisés durant cette même période glaciaire par les Magdaléniens. Des statuettes féminines baptisées Vénus ont été produites en grande quantité, parmi les plus célèbres : la Vénus de Lespugue (Haute-Garonne) ; mais encore des rondelles d’os ou des propulseurs tels que le très touchant Faon aux oiseaux du Mas d’Azil (Ariège). À découvrir également au petit mais très pédagogique musée d’Aurignac (Haute-Garonne).
IVe siècle avant J.-C. – IVe après J.-C.
Bienvenue en Novempopulanie
La Protohistoire est marquée par les mouvements de population. Les terres bornées par le Rhône, les Cévennes et les Pyrénées voient arriver un peuple celte : les Volques. Parmi eux, les Tectosages choisissent de s’implanter dans la moyenne vallée de la Garonne où ils fondent leur capitale, Tolosa, située au cœur de « l’isthme gaulois » et des échanges marchands. Les Rutènes, quant à eux, investissent l’Albigeois. Les uns et les autres côtoient les peuples aquitains – Elusates, Lactorates, Convènes… (Gers et Comminges actuels). Le commerce du vin y est déjà florissant, ce dont témoignent les nombreuses amphores retrouvées à Vieille-Toulouse.
Au cours de ces siècles, de nombreuses cités gallo-romaines florissantes voient le jour : Elimberris (Auch), Lugdunum Convenarum (St-Bertrand-de-Comminges), Elusa (Éauze) entourées par de grands domaines agricoles dont l’archéologie a révélé le faste et la modernité (Séviac, Montmaurin). Ornées de mosaïques, possédant thermes luxueux et jardins exotiques, c’est au musée St-Raymond de Toulouse que ce riche passé archéologique se découvre, notamment pour les vestiges de la villa de Chiragan.
Pendant ce temps, Tolosa n’a cessé de se développer. Stratégique, elle choisit durant la Guerre des Gaules la neutralité ; en conséquence, elle devient l’une des villes les plus puissantes de la Romanité. L’industrie alentour atteste de son pouvoir attractif : de grands ateliers de potiers sont installés à Montans. Les métaux (cuivre, plomb, argent, fer…) et le marbre sont exploités dans la Montagne noire, les Baronnies et la région de St-Béat. Sans parler du goût pour le thermalisme qui bénéficie de la richesse des sources naturelles sur l’ensemble du territoire.
Dans le même temps, une nouvelle religion ne tarde pas à se diffuser : le christianisme, avec son cortège de martyrs parmi lesquels St-Sernin, premier évêque de Toulouse (en 250). Dès lors, les premières basiliques chrétiennes s’édifient à l’emplacement de sites païens.
418-507
Malins, les Wisigoths obtiennent le sud-ouest de la Gaule qui devient leur royaume, à cheval sur l’Espagne puisqu’il s’étend de la Loire à Gibraltar. Ils adoptent les institutions romaines mais ont leur propre religion, l’arianisme. Considérée comme une hérésie, sa lutte conduit Clovis à fédérer les Francs et à s’installer à son tour, victorieux, sur ces terres prospères (507). Les Wisigoths se replient en Hispanie. Les Vascons, d’origine basque, s’implantent en Gascogne.
IXe siècle- XIIe siècle
Les principautés féodales
Elles naissent de l’ancien empire carolingien qui a laissé le pouvoir local à des comtes de lignée héréditaire. Comtés, vicomtés, seigneuries ecclésiastiques (Foix, Carcassonne) évoluent dans le giron de la puissante famille des Comtes de Toulouse, à la tête du Languedoc, un territoire qui couvre le sud de la France, d’Agen jusqu’à la Durance. Ces derniers étendent leur puissance et le nombre de leurs sujets en fondant des castelnaux ou des sauvetés autour desquels se concentrent de nouvelles agglomérations développant marchés et exploitations agricoles fructueux. Les pèlerinages s’organisent et se structurent. L’ordre de Citeaux s’implante (Abbaye de Flaran, Escaladieu, Boulbonne…). Sur les routes en direction de Compostelle, abbayes et couvents s’ornent de fresques et de sculptures romanes (Moissac, St-Sernin de Toulouse…) tandis que la poésie lyrique des troubadours charme les cours. Trois voies - la voie d’Arles, la voie du Puy-en-Velay et le chemin du Piémont pyrénéen - traversent le Midi-Toulousain. Leurs richesses culturelles et naturelles sont inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1998.
1209-1229
Une terre cathare
Autour de l’An mil, une religion venue de Bulgarie cause bien du tracas à l’Église romaine. Le catharisme et son point de vue dualiste, opposant esprit et matière, prônant pauvreté et pureté, séduit de plus en plus d’esprits y compris en haut-lieu, à la cour des comtes de Toulouse et du vicomte de Carcassonne. Les Bons hommes et Bonnes femmes prêchent la vraie Église du Christ et des Apôtres, leurs maisons religieuses se multiplient, protégées par l’aristocratie : à Foix, les comtesses se convertissent. Pouvoirs temporel et spirituel décident de s’allier pour l’éradiquer : le pape Innocent III lance la croisade contre les Albigeois (autre nom donné aux cathares) en 1208, menée par Simon de Montfort jusqu’en 1218 (année de sa mort) puis par les rois de France.
Aux opérations militaires est venue se greffer la création des Ordres mendiants (Dominicains et Franciscains en 1215), de l’université (1229) et du tribunal de l’Inquisition (1233) pour lutter contre cette église indépendante et bien ancrée. Le gothique méridional répond aux besoins de prédication et fait naître de véritables joyaux architecturaux : couvent des Jacobins à Toulouse, cathédrale Ste-Cécile à Albi, St-Maurice de Mirepoix, cathédrale de Rieux-Volvestre.
1244
Castrum de résistance et de rébellion, Montségur voit se replier sur son pog, la chevalerie dépossédée de ses terres, les faydits. Sa reddition, suivie du grand bûcher du 16 mars 1244 au prats dels crémats, marque la fin de l’église cathare en Occitanie.
1271
Le Languedoc Royal
La défaite du comte Raymond VII face aux troupes royales a pour finalité le rattachement du Languedoc à la couronne en 1271 : perte de l’indépendance mais langue et coutumes sont maintenues. Le comté de Toulouse et Carcassonne deviennent des sénéchaussées de la couronne, seul le comté de Foix résiste encore, offrant une lieu de protection aux derniers cathares.
1319
Réunion des premiers États Généraux du Languedoc qui deviennent annuels et votent l’impôt. Pendant les troubles de la Guerre de Cent ans, la province demeure garante de la cohésion du royaume : côté Aquitaine, elle contient l’expansion anglaise ; côté Rhône, les pressions de l’Empire germanique.
1443
La fidélité à la couronne est récompensée par le dauphin devenu roi, Charles VIII qui établit le deuxième Parlement de France à Toulouse.
1450 – 1562
Âge d’or du pastel
Isatis tinctoria : ce joli nom est celui d’une plante tinctoriale cultivée dans le Lauraguais, entre Toulouse, Albi et Carcassonne. Autrement nommée le pastel, elle va faire la fortune des marchands pastelliers qui exportent partout en Europe leurs coques via Bordeaux, Bayonne et Orthez. Forts de leur succès, ils vont acquérir grâce à cet « or bleu » titre de noblesse, seigneurie à la campagne et se faire construire de somptueux hôtels particuliers dans le goût de la Renaissance (hôtel d’Assézat à Toulouse, Reynès à Albi). Le pays de Cocagne, c’est ici. Malheureusement, l’arrivée massive de l’indigo, les crashs boursiers anversois et les Guerres de Religion mettent un terme à cette prospérité.
1562 – 1598
Les guerres de religion
Réceptif à la Réforme, le Midi voit s’implanter l’église calviniste à Castres, Montauban ou Pamiers, villes administrées par des consuls réformés. L’expulsion des capitouls protestants à Toulouse donne le signal d’une nouvelle guerre qui va dévaster toute la région au cours des quarante années qui vont suivre. Même si Henri IV tente de rétablir la paix, Louis XIII et Louis XIV veulent briser les huguenots. Persécutions, révoltes marquent l’arrivée de l’Absolutisme en politique et de la Contre-Réforme sur le plan religieux. S’installent au cœur des villes de nouvelles communautés religieuses et des confréries de laïcs pénitents. Montauban est la ville rebelle, elle s’oppose aux troupes du roi et fait les 400 coups… de canon !
1681
Le Canal Royal du Languedoc, rebaptisé canal du Midi à la Révolution, voit le jour en 1667. L’idée n’est pas nouvelle car Auguste, Charlemagne, François Ier ou Henri IV y avaient déjà pensé. Mais il fallut attendre la détermination de Pierre-Paul Riquet, percepteur des gabelles, pour convaincre le Roi Soleil d’investir ce projet. Une belle occasion de priver l’Espagne des revenus liés au transit des marchandises ! Quinze ans plus tard, le canal est officiellement ouvert à la navigation. Les ouvrages d’art au nombre de 328, inscrits par l’Unesco depuis 1996, comprennent 63 écluses, 126 ponts, 55 aqueducs, 7 ponts-canaux, 6 barrages, un épanchoir et un tunnel. On visite les rigoles, les bassins de retenue dont le lac de St-Ferréol, les maisons-éclusières (Montgiscard), les ports (St-Sauveur à Toulouse). Complété par le canal de Garonne (1838-1856) tourné vers Bordeaux, il devient alors le canal d’Entre-deux-mers ! À vos péniches !
1715
Après avoir enchainé disette et épidémie de peste, le Midi-toulousain voit une ère de prospérité s’ouvrir. Il bénéficie de l’engagement éclairé des Intendants du siècle des Lumières ! Ceux-ci jouent un rôle considérable dans le développement du réseau routier et dans l’embellissement des villes – cours, allées, jardin, place… tel que d’Étigny à Auch. Dans les campagnes, la culture du maïs se répand, les cultures céréalières font des plaines gasconnes et lauragaises une véritable « machine à blé ». En parallèle, les activités industrielles se multiplient : extraction de la houille à Carmaux, forges et verre en Ariège, draps à Albi, Castres et Montauban, tissu peigné à Lavelanet, peaux à Graulhet, laine à Mazamet… Nombreuses resteront actives jusqu’à l’Après-guerre.
1763
À Toulouse, l’affaire Calas défendue par Voltaire atteste de la haine religieuse encore très forte entre catholiques et protestants à la veille de la Révolution française !
1850
La région connaît un fort mouvement d’exode : le libre-échange porte un coup fatal à l’agriculture céréalière, les nouveaux moyens de transport (chemin de fer) exposent les productions régionales à la concurrence nationale ou européenne. La région perd un quart de sa population en cent ans (1851-1954) et passe à côté de la Révolution industrielle. Seule Toulouse fait exception, de 45 000 habitants en 1715, elle en compte 100 000 en 1854 et 150 000 en 1914. Sous le Second Empire, les récits de voyageurs comme Taine lancent le pyrénéisme, ivresse des sommets, et le thermalisme auxquels s’ajoute le pèlerinage à Lourdes.
1890
Le muretain Clément Ader crée une machine volante qui va faire longtemps parler d’elle : l’avion.
1918
Sous impulsion de l’État, à l’occasion des deux grands conflits mondiaux, l’industrie parvient à s’implanter largement avec pour fleuron la chimie mais surtout l’aéronautique (à Toulouse, Ossun, Figeac…), l’électrochimie et l’électrométallurgie dans les vallées pyrénéennes. Éloignée des champs de bataille, la région sort d’un isolement autrefois handicapant devenu un réel atout. Les nationalisations du Front populaire renforcent cette industrie régionale : Dewoitine s’installe à Toulouse, Alstom à Tarbes. Par ailleurs, réunis autour de Georges Latécoère, Guillaumin, Mermoz, St-Ex et bien d’autres aviateurs marquent les débuts de l’épopée de l’Aéropostale. Pour en savoir plus, une visite à L’envol des Pionniers (Toulouse Montaudran) s’impose.
1936 - 1939
La Guerre civile espagnole pousse des milliers de réfugiés (env. 500 000) à quitter leur pays. Cet exode massif passant par les cols pyrénéens se nomme « la retirada ». Considérés par l’État français comme indésirables, ils sont internés dans des camps de concentration (Septfonds, Portet-sur-Garonne, Vernet-d’Ariège...). La victoire de Franco transforme Toulouse en capitale de l’exil républicain. Ces républicains participent à la Résistance et aux combats de la Libération à Toulouse, en Ariège, dans les Hautes-Pyrénées. Leur intégration imprègne fortement la culture régionale d’ambiances hispaniques : flamenco, corridas, bodegas, Casa Cervantès, festival du film Cinespana… et renforce les échanges des deux côtés de la frontière.
1960
Afflux des rapatriés d’Afrique du Nord, succès industriel, choix de Toulouse comme métropole d’équilibre, développement des grands CHU hospitaliers (Rangueil, Purpan). La région attire pour sa qualité de vie. Des avions mythiques y voient le jour : Caravelle (1955), Concorde (1969). Un programme européen est lancé entre la France et l’Allemagne : Airbus installe son siège et les usines de montage à Toulouse. L’A380, plus gros avion porteur du monde est inauguré en 2005. Montez à bord de ces avions historiques à Aéroscopia.
2001
Mais tout n’est pas rose dans la ville rose : explosion d’AZF. La mauvaise gestion du développement urbain entraîne des dégâts considérables.
2007
La région était la 6ème nationale pour le tourisme international. Elle lance la campagne des Grands sites de Midi-Pyrénées.