Découvrez Poitou : Littérature (BD / Actualité)

L'université de Poitiers fut fondée en 1431. Considérée comme la deuxième du royaume au XVIe siècle, elle attirera des étudiants tous azimuts, dont d'illustres hommes de lettres : Joachim du Bellay, Francis Bacon ou encore René Descartes. François Rabelais, qui séjournera épisodiquement en Poitou de 1519 à 1527, y fera son droit – c'est d'ailleurs autour de Maillezais, aux portes du marais Poitevin (actuelle Vendée), qu'il puisera la généalogie, le décor, le parler et les us de ses géants, les célèbres Pantagruel (1532) et Gargantua (1534). Ce foisonnement intellectuel, la proximité de Paris feront de Poitiers une seconde capitale culturelle propice à l'épanouissement de la poésie latine et de la langue française. Il faudra attendre le XXe siècle pour qu'un Poitou littéraire ne renaisse grâce à plusieurs enfants du pays. Parmi eux, le philosophe Michel Foucault et la romancière Régine Deforges, initiatrice de la Cité de l'Ecrit de Montmorillon.

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Renaissance et baroque, l'âge d'or

Quoique tombé dans l'oubli, le Loudunais et humaniste Jean Salmon Macrin (1490-1557), valet de chambre de François Ier, fut considéré par ses contemporains comme le plus grand poète d'expression latine. Il fréquente Guillaume Budé, Erasme et le célèbre imprimeur-libraire Josse Bade, s'allie à de puissants mécènes tels que Joachim Du Bellay, qui reprendra ses idées. S'il se consacre à plusieurs reprises à la poésie de veine amoureuse, dont son épouse est la muse, Macrin doit sa renommée à ses œuvres religieuses. Loudun, important fief de l'imprimerie poitevine à partir du XVIIe siècle, vit la naissance d'un autre poète porté aux nues, l'emblématique Scévenole de Sainte-Marthe (1536-1623), par ailleurs maire puis trésorier de France de la généralité de Poitiers. Héritier d'une lignée d'aristocrates érudits, l'habile politicien et proche de Catherine de Médicis s'essaye aux genres poétiques en vogue. Il signe en 1580 et 1584 les traités de puériculture Poedotrophia, qui laissèrent Pierre de Ronsard sans voix. Dans le même temps, le protestant Agrippa d'Aubigné (1552-1630) fait montre d'un engagement indéfectible, quoique ponctué d'emportements et de brouilles, envers Henri de Navarre. Intransigeant chef de guerre, ennemi de la cour de France, fracassant orateur, farouche opposant de l'édit de Poitiers (1577), il percevra l'abjuration d'Henri IV (1593) comme une trahison. Il fut également administrateur au sein de l'Eglise réformée du Poitou. Poitou où il possède une attache, le château de Mursay, sa résidence de repos à Echiré (en ruine depuis les années 1920 et libre d'accès toute l'année) vers laquelle il s'éloigne pour écrire – entre autres chefs-d'œuvre –, Les Tragiques (1616), poème épique et satirique consacré aux guerres de Religion.

Poitiers, îlot féministe avant-gardiste

Il fut le cercle littéraire provincial le plus avant-gardiste de la même époque – les magistrats envoyés en Poitou rétablir l'ordre après le sac et le siège de Poitiers (1562 et 1569) y tenaient salon –, Les Dames des Roches, fondé en 1570 par le couple mère-fille Madeleine Neveu et Catherine Fradonnet. Admirées, écoutées, nimbées d'influence, les deux femmes de lettres rayonnent bien au-delà de leur port d'attache : elles écrivent et publient traductions latines, poèmes, dialogues prosaïques, pièces de théâtre, confondant œuvres érudites et réflexions mélancoliques inspirées de leur condition. Leurs Missives de Mesdames des Roches fut la première œuvre épistolaire féminine à être éditée en France. En 1577, alors que la cour de Henri III et de Catherine de Médicis fait halte à Poitiers, l'illustre duo compose quelque œuvre honorant le cortège royal. Vous retiendrez une œuvre majeure, féministe avant l'heure : le sonnet A ma quenouille, portrait d'une femme tiraillée entre obligations domestiques et activités de l'esprit... Le salon des Dames des Roches disparaîtra avec elles, emportées par la peste en 1587.

Personnalités littéraires du XXe siècle

En 1920, les Deux-Sévriens s'enorgueillirent de leur tout nouveau prix Goncourt : Ernest Pérochon (1885-1942), ancien instituteur devenu écrivain, primé dès son premier roman, Nêne (Plon, 1914). Alors que vous préparez votre escapade en Poitou, plongez-vous dans cette vue de la Petite Eglise, phénomène religieux dissident déployé entre Vendée et Deux-Sèvres à partir de 1801, aujourd'hui concentré dans la région de Courlay, village natal d'Ernest Pérochon où vous visitez la Tour Nivelle, musée-école qui lui est consacré. Les rues et autres institutions publiques Ernest Pérochon pullulent en Deux-Sèvres : à Niort, gardez un moment pour déambuler en la prestigieuse villa Pérochon, centre d'art contemporain photographique labellisé d'intérêt national. Le département 79, incubateur de Goncourt ? C'est en 2015 que le Niortais Mathias Enard (né en 1972) remporte le sien pour son roman Boussole, monologue amoureux à travers l'Europe et l'Orient. L'auteur, particulièrement primé, se distingue pour ses œuvres littéraires savamment construites et son érudition sans bornes. On rappelle qu'il est également traducteur d'arabe et de persan.
Il naquit à Poitiers et fila peu après son bachot suivre les cours de Jean Hyppolite (auquel il succède au collège de France en 1969) au lycée Henri-IV de Paris, capitale où l'attend une éblouissante carrière : l'immense et sulfureux Michel Foucault (1926-1984), qui secoua la philosophie en y introduisant de nouveaux objets de réflexions, la folie, la prison et la sexualité. Il repose au cimetière de Vendeuvre-du-Poitou (Hervé Guibert évoque sa mort et son enterrement dans la nouvelle intitulée Les Secrets d'un homme). Il sera possible de participer aux quelques manifestations culturelles qui lui sont dédiées dans la Vienne, entre autres les Rencontres Michel Foucault, organisées au TAP de Poitiers depuis 2011 (mi-novembre), et les événements proposés par l'association Le Jardin de Michel Foucault de Vendeuvre-du-Poitou, particulièrement durant la Journée européenne du patrimoine. La romancière Régine Deforges (1935-2014), née à Montmorillon, y planta un épisode de sa célébrissime trilogie La Bicyclette bleue, transformée en une saga conclue en 2007. Elle y évoque un épisode de la Deuxième Guerre mondiale, l'exode de milliers de réfugiés français vers le Sud auquel participent Léa et Camille, fuyant Paris et contraintes de s'arrêter à Montmorillon. Désireuse de réconcilier monde rural et littéraire, Régine Desforges crée la Cité de l'Ecrit de Montmorillon en 1990. Dans le très joli quartier médiéval du Brouard sont réunis professionnels du livre (bouquiniste-libraires, éditeurs...) ainsi que des artisans d'art (calligraphes, relieurs, potier...). Le site est ouvert toute l'année. Les amoureux de littérature y feront toutefois un tour en juin, à l'occasion des Rencontres de Montmorillon - Littérature et territoires. Vous découvrez enfin un intéressant musée de la Machine à écrire et à calculer.

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