Une appellation, trois régions
Les vins de la Rioja sont ainsi divisés en trois zones géographiques : la Rioja Baja, la Rioja Alta et la Rioja Alavesa. La Rioja Baja correspond à l’est de l’aire et son climat est méditerranéen (ensoleillement important, chaleur, sécheresse, amplitudes thermiques marquées). À l’inverse, la Rioja Alta et la Rioja Alavesa couvrent la moitié ouest de l’appellation et sont dominées par une influence climatique atlantique (fraîcheur, humidité). En fonction de la localisation de la parcelle qui sera plus ou moins soumise à l’une ou l’autre des influences, les vins produits seront plus légers (c’est le cas dans la « Rioja Baja ») ou plus denses (« Rioja Alavesa » ou « Rioja Alta »). Malgré ces différences, il n’existe pas de classification en matière de qualité, mais simplement une différenciation de styles de vins. Certains sont à boire jeunes, d’autres, plus complexes, sont voués à la garde.
Elaboration des vins de la Rioja
Les bodegas sont des exploitations viti-vinicoles, l’équivalent de nos « châteaux » français. Littéralement « cave à vin », les cinq cents bodegas de la Rioja sont réparties de part et d'autre du cours de l'Ebre. Elles attirent à elles seules des flots de touristes au fin palais, venus découvrir les techniques de fabrication du vin, les paysages bucoliques des vignes, et les crus dans un cadre hors du commun. Au sein de ces bodegas, on découvre sept cépages traditionnels : pour les rouges, le tempranillo, le grenache noir, le mazuelo, le graciano, pour les blancs, la viura, la malvesía et le grenache blanc.
Principal cépage autochtone de la Rioja (utilisé dans 70 % des vignobles), le tempranillo est la base des vins rouges de la Rioja. Toutefois, pour varier les saveurs et les intensités, il peut être assemblé au grenache noir, au mazuelo et au graciano. Il en résulte des vins rouges équilibrés, tanniques, aptes au vieillissement, souvent comparés aux vins de Bordeaux. Les Rioja sont classés en plusieurs catégories : vino de cosecha ou Vinos Jóvenes : vins frais et fruités de 1 à 2 ans ; « Crianza » vieillis au moins 2 ans, dont au moins 1 an en fût de chêne ; « Reserva » vieillis au moins 3 ans, dont 1 en fût de chêne ; « Gran Reserva » vieillis au moins 2 ans en fût de chêne et au moins trois en bouteille. La notion d’élevage en fût de chêne est caractéristique des vins de la Rioja, cette technique leur permet d’accentuer leur structure tannique. Notons qu’il existe également des vins blancs, issus de différents cépages, viura, grenache blanc, malvoisie, mais aussi chardonnay. La « viura », cépage autochtone, représente 95 % des vignobles consacrés à l'élaboration de ces blancs.
Quelques domaines célèbres
La Rioja appuie sa réputation sur plusieurs grands domaines, devenus connus internationalement. Marqués de Murrieta est situé près de Logroño, depuis 1877, et produit quatre vins annuellement, plus du Gran Reserva Especial les grandes années. Marqués de Cáceres, basé à Cenicero (Rioja Alta), produit deux grands vins rouges d'exception. Enfin, à Elciego, dans la Rioja Alta, Marqués de Riscal est le plus ancien « château » de la région, producteur de cinq cuvées annuelles et récemment transformé en Cité du Vin par Frank Gehry. Notons d'ailleurs que ce dernier domaine a impulsé une nouvelle forme de tourisme, « l'architecture viticole moderne ». Ainsi, les lignes avant-gardistes de la bodega Marqués de Riscal, mais aussi celles de la Bodega Ysios (réalisée par Santiago Calatrava) sont aujourd'hui un lieu de pèlerinage pour bons vivants et esthètes.
Au-delà de ses grands domaines, La Rioja mise aussi sur le renouveau, comme en témoigne l'apparition d'entreprises viticoles relativement jeunes qui privilégient l'expression du terroir au temps d'élevage. Afin de vous repérer parmi les années, sachez que le Conseil Régulateur de l'AOC Rioja a recensé les millésimes des vins de Rioja depuis 1925, selon cinq catégories : Exceptionnel, Grand millésime, Bon, Moyen et Petit. Depuis cette date, plusieurs millésimes ont obtenu la qualification Grand millésime : 2001, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016 et 2020. L'année 2021 a reçu, elle, la qualification de millésime Exceptionnel.
Une histoire qui remonte au Moyen Âge
Dès le début du XIVe siècle, le vin constitue la principale richesse du pays de Haro. Mais son époque florissante correspond à la fin du XIXe siècle. En 1852, les vignobles bordelais sont attaqués par le mildiou et les vendanges très compromises. Les chais français cherchent en Espagne des vins capables de pallier leurs difficultés. Une fois le mildiou vaincu, l’intérêt des Français décline, mais en 1867 c’est le phylloxéra qui fait le malheur des uns (le Bordelais) et le bonheur des autres (La Rioja). Chaque année, des Français viennent goûter, sélectionner et acheter des vins. En 1882, un traité commercial franco-espagnol réduit les taxes douanières et favorise le commerce. Un groupe de Français s’établit à Haro et fonde des caves selon les méthodes d’exploitation françaises. Haro se développe alors brusquement et gagne d’un seul coup une ligne de chemin de fer, l’électricité, le téléphone, l’ouverture de la Banque d’Espagne et celle de la station œnologique (1907). Tous les ans à l'occasion de la Saint-Pierre, le 29 juin, la bataille du vin de Haro est déclarée fête d'intérêt national.
Aujourd’hui, La Rioja est mondialement connue et possède même sa propre fête. Déclarée fête d'intérêt touristique, la fête des vendanges de Logroño coïncide avec la Saint-Mathieu, le 21 septembre. Selon la tradition, deux hommes vêtus du costume traditionnel foulent le raisin au pied devant la foule. Le premier moût qui en est extrait est donné en offrande à la Vierge de Valvanera, sainte patronne de La Rioja. Les courses de vachettes, défilés de chars, concerts, feux d'artifice et dégustations gastronomiques animent le reste de la semaine. C’est aussi l’occasion de découvrir l’art du txikiteo, une vieille tradition qui consiste à faire la tournée des bars entre amis (cuadrillas), dans un quartier déterminé, en consommant dans chaque établissement un petit verre de vin (txikito) accompagné d'un pintxo. On peut voir aujourd'hui encore d'authentiques cuadrillas faire la tournée des bars, où les hommes vêtus du traditionnel béret n'hésitent pas à pousser la chansonnette !
