La lumière qui inspire les peintres
La ville de Sète compte une multitude de peintres. Parmi les plus célèbres, on trouve :
– Pierre Soulages (1919-2022). Peintre de l’abstraction et de l'outrenoir, Soulages est né à Rodez et a fait ses études à l’École des beaux-arts de Montpellier. Dans les années 1960, il tombe amoureux de l’Île singulière et de sa femme, une Sétoise. Depuis sa maison-atelier accrochée au mont Saint-Clair, il a joui d'une belle notoriété, ses œuvres se trouvant par centaine dans les plus grands musées du monde. De 1987 à 1994, il a réalisé les cent-quatre vitraux de l’abbaye de Conques. Le musée Fabre à Montpellier lui consacre une salle entière ;
– Robert Combas (1957). Sétois de cœur, Robert Combas est né à Lyon mais reste intimement lié à Sète depuis son enfance. Il y a grandi et s’en est inspiré. Artiste de renommée internationale, il est avec Hervé Di Rosa à l’origine du mouvement artistique de la figuration libre. À noter que son frère Marc, alias Topolino, est lui aussi artiste, dessinateur prolifique et bien connu des Sétois qu'il aime croquer dans ses carnets depuis la terrasse d'un bar, le bord d'un quai ou la salle d'un restaurant ;
– Hervé (1959) et Richard (1963) Di Rosa. Peintre voyageur, Hervé Di Rosa, créateur de la figuration libre, reste très attaché à sa ville de Sète. Ses œuvres sont partout, à la télé (avec la série Les Renés) et surtout dans son musée, le MIAM, qu’il a créé avec Bernard Beluc. Musicien et sculpteur, Richard a commencé par mettre en volume les personnages de son frère Hervé, avant de créer ses propres sculptures ;
– André Cervera (1962). Artiste peintre contemporain, il vit et travaille à Sète. Certains qualifient sa peinture d’expressionnisme latin, style qui se traduit par une pensée en mouvement, traversée par de nombreuses influences. Déjà à ses débuts dans les années 1980, André Cervera était à la recherche d’un art total mêlant poésie, musique et peinture. Depuis près de trente ans, il voyage régulièrement en Afrique, en Inde ou en Chine. À partir de ses productions, il enrichit l’expressivité de ses ressources techniques et opère des croisements avec son propre imaginaire.
Figuration libre
En 1981, deux jeunes artistes sétois, Robert Combas et Hervé Di Rosa, exposent à Paris avec Rémy Blanchard, François Boisrond, Jean-Charles Blais et Jean-Michel Alberola. Alors qu’ils intitulent leur exposition « Finir en beauté », Ben (figure emblématique de l’école de Nice) baptise ce mouvement la figuration libre. Un nouveau mouvement dans l’art contemporain venait de naître. Sète était fière de ses enfants. La figuration libre puise dans le rock, le punk, les mass media, la bande dessinée, la publicité ou les graffitis urbains pour inventer une nouvelle forme d’art, libre et anticulturelle. Les artistes revendiquent leur appartenance à une culture urbaine de masse, populaire. Leurs supports sont des bidons, des affiches, des cartons d’emballage… Il est impossible de dissocier Sète de Combas ou de Di Rosa, leurs œuvres sont partout et facilement reconnaissables : des personnages bruts ou naïfs très colorés, très BD dans l'esprit.
L'art à ciel ouvert
Des plages aux quais du centre-ville de Sète, du mont Saint-Clair à la gare en passant par le Quartier haut et les entrées de la ville : sur l’Île singulière, l'art s'expose partout dans l'espace public. La ville est parsemée de sculptures et installations : Le Jouteur en marbre pont de la Civette, La Fontaine du Pouffre en face de la mairie, Les Daurades miroirs à la plagette, La Madone place de l'Hospitalet… Plus d'une vingtaine d’œuvres sont à admirer dans la cité portuaire, le long des quais, au détour d'une rue ou à fleur de vagues.
Musée à Ciel ouvert (MACO), au fil des années, Sète est également devenue une des capitales françaises du Street Art. Chaque année, lors du K Live Festival, des artistes viennent exprimer leur talent sur les murs de la cité singulière. Ces œuvres créées par des artistes de renom s'offrent ensuite aux regards émerveillés des passants. À noter que l'office de tourisme propose un parcours guidé à la découverte de ces fresques murales.
Décor de cinéma
En 1929, Jean Gourguet tourne à Sète le film L’Escale, Julien Duvivier suivra en 1937 avec Pépé le Moko, Agnès Varda immortalisera un quartier typique de la ville avec La Pointe Courte en 1955. Et ce n'est qu'un début car entre Sète et le cinéma, c’est une histoire d’amour qui dure depuis presque cent ans. Depuis les années 1920, on a vu passer ici Jean Gabin, Brigitte Bardot, Yves Montand, Romy Schneider, Catherine Deneuve, Richard Anconina, Gérard Darmon… ou des comédiens de la nouvelle génération comme, plus récemment, Nekfeu, Ingrid Chauvin ou Alexandre Brasseur. S’il est devenu impossible de comptabiliser toutes les réalisations cinématographiques tournées dans l'archipel, on recense toutefois près d’une centaine de films tournés sous ce beau soleil languedocien.
Cinéma mais aussi séries, c'est ici que sont tournées les célèbres Demain nous appartient et Candice Renoir. Il n'est pas rare de croiser un tournage au détour d'une rue ou sur la plage.
Enfin, de Sète aux vignobles alentour, plusieurs événements incontournables mettent à l'honneur le septième art : le Cinéma de la mer, le Sun Sète festival et les Emmuscades.
Pour exemple, voici quelques films tournés localement :
Les Promesses dangereuses (1956) de Jean Gourguet
Babette s'en va-t-en guerre (1959) de Christian-Jaque
La Soupe aux poulets (1963) de Philippe Agostini
César et Rosalie (1972) de Claude Sautet
Touche pas à mon copain (1976) de Bernard Bouthier
L'Union sacrée (1989) d'Alexandre Arcady
Le Petit Criminel (1990) de Jacques Doillon
Gaspard et Robinson (1990) de Tony Gatlif
Mima (1991) de Philomène Esposito
La Graine et le Mulet (2007) d'Abdellatif Kechiche
Face à la mer (2010) d'Olivier Loustau
Vrais mensonges (2010) de Pierre Salvadori
Coup d'éclat (2010) de José Alcala
Et de nombreux autres…
Regards sur l'archipel
Chaque année, le centre photographique documentaire ImageSingulières invite – entre autres activités – un ou une photographe en résidence à Sète et sur le pourtour de l'étang de Thau. Cette immersion dure six à huit semaines durant laquelle l’artiste a carte blanche pour réaliser un travail créatif, poser son regard sur le territoire et ses habitants.
Depuis quinze ans à la fin du printemps, on retrouve le festival ImageSingulières qui propose tout autour de l’archipel une programmation photographique bouillonnante avec des expositions, des ateliers, des rencontres, des projections, des visites commentées…