La région des Savanes est située à l'extrême nord du Togo, dans le bassin de l'Oti qui traverse la région de l'est par les monts Atakora et se jette dans la Volta au Ghana. Le Nord du Togo présente d'immenses plaines savanisées, entrecoupées de falaises rocailleuses. Les paysages sont splendides. Nous sommes au coeur de la savane et de la culture Moba-Gurma. Les habitations - cases ou maisons de forme rectangulaire couvertes de paille - et la vie restent souvent traditionnelles dans un milieu essentiellement agricole. La région regorge de trésors historiques et culturels tels que les peintures rupestres de Namoudjoga ou les greniers des grottes de Nok et de Maproug (proposés au Patrimoine mondial de l'Unesco). Ces sites attestent de la présence de l'homme dans la région depuis des millénaires. La région des Savanes était autrefois appelée le cercle de Mango, ce n'est qu'après l'indépendance qu'elle prit son nom actuel. Elle comprenait alors les circonscriptions administratives de Dapaong, de Mango, et de Kandé qui fut, à la suite de la réforme administrative de 1970, rattachée à la région de la Kara. C'est une région qui reste fortement imprégnée de sa culture et de ses traditions, habitée principalement par deux grandes ethnies : les Moba-Gurma, les plus nombreux, et les Tchokossi. Les Gurma viennent du Burkina Faso, de la région de Fada-Ngurma. Ils ont été assimilés assez vite aux Moba, qui occupaient la partie septentrionale du bassin. Les Moba constituent une population de solides cultivateurs de mil et de chasseurs très habiles. Proches des Gurma (Burkina Faso) et des Mamproussi (Ghana), ils se sont établis dans les préfectures de Dapaong et de Mango. Dans la région de Mango se sont installés, à l'occasion des guerres, les Tchokossi, originaires de la Côte d'Ivoire. Peuple de guerriers, ils ont chassé les peuples autochtones de la région tels que les Tamberma, les Lamba ou les Natchakou. Leur puissante armée était composée de fantassins et de cavaliers redoutables. Les Tchokossi, peuple animiste ou musulman, sont à l'origine de l'implantation de l'islam dans cette partie du Togo. La région des Savanes est aussi un bout de pays où le tissu associatif est très important et fort dynamique. De nombreux projets y sont menés afin de soutenir les populations locales.
Relief. C'est une région où se succèdent des plaines et des bas plateaux. Le relief présente trois grands ensembles : une pénéplaine dite voltaïque à l'extrême nord ; une succession de deux plateaux gréseux limités par des escarpements appelés plateaux de Dapaong ; une vaste plaine, constituant le bassin versant de l'Oti, qui coupe la région en diagonale de Mandouri à Mango. La quasi-totalité de la région est drainée par le bassin hydrographique de l'Oti, qui est le plus important cours d'eau de la région. Ses principaux affluents sont la Koumongou et la Kara.
Climat. La région des Savanes jouit d'un climat tropical de type soudanais. Elle connaît deux grandes saisons : une saison sèche qui s'étend généralement de novembre à avril et se subdivise en deux périodes. De novembre à février, c'est la période de l'alizé du nord-est, connu sous le nom d'harmattan ; ce vent sec et chaud apporte les conditions climatiques sahéliennes. La seconde période, de mars à avril, marque la fin de l'harmattan : c'est la période la plus chaude avec parfois des rares orages ; la température moyenne mensuelle est alors de l'ordre de 40 °C. La saison pluvieuse commence en mai et finit vers octobre.
Faune et flore. La végétation est de type savane. Cette région est le domaine par excellence du rônier et du Tectona grandis qui forment des jolies forêts à admirer de la route. Elle est traversée par plusieurs grandes réserves de faune, telles que le parc national de la Kéran ou la réserve de faune de l'Oti, qui se prolonge au Bénin (Penjari) et au Burkina Faso. On y rencontre des buffles, des bufflons, des hippopotames, des cobs de Buffon, des bubales, des phacochères, quelques éléphants provenant du Burkina Faso, des singes, des babouins, des agoutis, des lièvres africains, des lapins, ainsi que des crocodiles dans la rivière de Kéran et des serpents. Parmi les oiseaux, on reconnaîtra les éperviers, les canards, les toucans, les pintades sauvages, les francolins, les tourterelles, les passereaux, etc. Il y a une quinzaine d'années, de nombreux animaux traversaient encore ces réserves pour migrer vers le Bénin, le Burkina Faso ou le Niger. Aujourd'hui, la faune a quasiment disparu, chassée et traquée par les hommes pendant les troubles sociopolitiques du début des années 1990, et il n'existe pratiquement plus d'infrastructures pour visiter ces lieux. Mais des ONG qui travaillent dans la sauvegarde de la vie sauvage, comme African Wildlife Foundation, sont en pourparlers pour soutenir la réhabilitation de ces parcs et de ces réserves du Nord-Togo.
Histoire et population. Le bassin de l'Oti semble avoir été occupé très tôt par des populations autochtones qui, par la suite, ont été conquises par les Gurma, puis par les Anoufom. Parmi ces populations, certains groupes prétendent s'y être établis depuis très longtemps, sans que l'on puisse déterminer exactement à quel moment. On distingue parmi les peuples dits autochtones, les Moba, les Natchaba, les Dyé (ou Ngam-Ngam) et les Konkomba. 50,7 % de la population ont moins de 15 ans ; 46,3 % des actifs ont entre 15 et 64 ans et 3 % de la population a plus 65 ans. 86,8 % des actifs sont dans le secteur primaire ; 1,8 % dans le secteur secondaire ; 9,2 % dans le tertiaire. Les quatre groupes ethniques les plus importants sont les Moba (42 %), les Gurma (28 %), les Tchokossi (8 %) et les Dyé (Ngam-Gam) (7,3 %). S'y ajoutent les Peuls, les Mossi et les Haoussa.
