Situé en Extrême-Orient russe, sur la péninsule du Kamtchatka séparant la mer d'Okhotsk et la mer de Béring, le kraï de Kamtchatka réunit l'oblast du Kamtchatka et la Koriakie, fusion approuvée par référendum en 2005 et effective depuis le 1er juillet 2007.

Histoire

Exploré pour la première fois par les Russes au milieu du XVIIe siècle, le Kamtchatka fut porté par P.Godounov sur son plan de la terre sibérienne en 1667. C'est dans les années 1658-1661 qu'Ivan Kamtchaty traversa la presqu'île d'ouest en est et atteignit la grande rivière Ouïkoal (nommée plus tard Kamtchatka). En 1662-1663, ce fut le tour du cosaque Ivan Roubets, qui y passa l'hiver.

En 1697, la carte de la péninsule fut établie avec une assez grande précision par Semen Remesov, un cartographe connu de Tobolsk. A la fin du XVIIe siècle, la campagne du cosaque Atlassov au Kamtchatka apporta de précieuses informations sur la population de la péninsule, sur ses volcans et ses sources d'eau chaude ; elle marqua le début de la véritable mise en valeur du nord-est du pays par les Russes. En l'honneur d'Atlassov, on donna son nom à un village, à une des îles et à une rue de ce qui devint la principale ville de la région : Petropavlovsk-Kamtchatski. Mais son plus haut titre de gloire, Atlassov le doit au grand poète russe Alexandre Pouchkine, qui l'appela l'Ermak du Kamtchatka.

L'exploration de ces nouveaux territoires fut poursuivie par un jeune cosaque, Ivan Kozyrevski, qui, en 1726, remit à Vitus Béring un plan des terres encore inconnues. Les campagnes des Russes au Kamtchatka étaient assez dangereuses ; elles nécessitèrent beaucoup de temps. Il était indispensable de trouver une voie maritime d'Okhotsk au Kamtchatka. Le premier bateau maritime (le Vostok), sorti des chantiers navals d'Okhotsk, prit la mer en été 1716 et effectua une première traversée jusqu'au Kamtchatka. Les courageux navigateurs du Vostok allaient plus tard prendre part aux expéditions de V. Béring et F. Lougine.

Une contribution importante à l'étude du Kamtchatka fut apportée par Stepan Krachéninnikov, qui fit partie de l'expédition de l'Académie des Sciences pour les recherches des régions peu connues. Krachéninnikov, qui tenait un journal et décrivait tout ce qu'il voyait, remplaçait à lui seul tout un aréopage de savants. Devenu le premier représentant de l'Académie des Sciences sur la péninsule, Krachéninnikov parcourut la région, à pied, à cheval, en traîneau à attelage de chiens, et en bateau sur la rivière Kamtchatka. Il décrivit les montagnes, y compris le volcan en activité (le mont Klioutchevskaïa), étudia les sources d'eau chaude, la flore et la faune, la vie des aborigènes, recueillit des informations sur l'histoire du Kamtchatka, et poussa plus au nord afin d'étudier le mode de vie des Koriaks.

En 1741, Krachéninnikov quitta la région. Il écrivit plusieurs ouvrages, dont le plus important, intitulé Description de la terre du Kamtchatka, est considéré, dans son domaine, comme un classique. Il est pourvu de cartes détaillées et donne des informations sur la situation géographique du Kamtchatka, ses montagnes, ses rivières, sa flore, sa faune.

En 1724, Pierre le Grand, qui s'intéressait beaucoup à la Sibérie et à l'Extrême-Orient, ordonna la préparation d'une expédition dont il confia le commandement à V. Béring. Né au Danemark, Béring avait servi dans la marine russe pendant vingt ans. En janvier 1725, Pierre le Grand établit personnellement le plan de l'expédition, qui devait concerner principalement les côtes de l'Amérique du Nord et confirmer définitivement l'existence d'un détroit entre l'Asie et l'Amérique. La première expédition (1725-1728) fut un échec - on ne parvint pas à atteindre l'Amérique - mais elle enrichit la science d'informations précieuses sur les côtes de l'est, de cartes nouvelles, de coordonnées relatives aux côtes de l'Asie et au futur détroit de Béring. En 1730, une deuxième expédition se rendit au Kamtchatka dans le but de faire un relevé cartographique des côtes du nord et du nord-est de l'Asie, de découvrir des voies de navigation à travers l'océan Arctique, vers l'Amérique et le Japon, d'étudier le sol et la nature, ainsi que le mode de vie des peuples de la région.

Choisie comme point de base de l'expédition, la baie Avatchinskaïa fut dotée, dans sa partie nord, de ses premiers bâtiments de bois et de sa première église. Le navigateur Ivan Yélaguine dressa un plan détaillé du nouveau port et de ses constructions. Le 6 octobre 1740, les bateaux Saint Apôtre Piotr et Saint Apôtre Pavel, avec à leur bord Vitus Béring et Alexeï Tchirikov, vinrent accoster dans le port. C'est de ce jour que date la naissance de Petropavlovsk-Kamtchatski.

Les connaissances apportées par ces deux expéditions contribuèrent considérablement à la mise en valeur et au peuplement du Kamtchatka, où deux monuments furent érigés en l'honneur des explorateurs. Le premier, et le plus ancien de l'Extrême-Orient, installé entre 1824-1826, est une colonne de fonte en forme de canon dédiée au fondateur de Petropavlovsk (1740), le navigateur Béring. Le second, qui fait désormais partie intégrante de la ville, est une stèle couronnée des bustes de Béring et de Tchirikov. Plusieurs monuments à Béring ont été également élevés dans l'île qui porte son nom et où le grand explorateur termina ses jours.

Après l'expédition de Béring, on continua à étudier la partie nord de l'océan Pacifique qui n'avait pas été sans attirer également l'attention des gouvernements anglais et français. Le célèbre navigateur anglais T. Cook entreprit son troisième voyage pour découvrir le passage nord-est de l'océan Pacifique à l'océan Atlantique. Heureusement commencée, cette expédition fut cependant pour Cook la dernière. Après sa mort dans les îles Hawaï, le commandement de l'expédition fut confié à Ch. Klerk. Au mois d'avril de 1779, Klerk entra dans le port de Petropavlovsk pour s'approvisionner. Ses navires passèrent le détroit de Béring mais reculèrent devant les couches de glace. Terrassé par une grave maladie, Klerk ne tarda pas à mourir, lui aussi. Son tombeau se trouve à Petropavlovsk.

En août 1787, les navires de Jean-François La Pérouse, L'Astrolabe et La Boussole, vinrent mouiller dans le port de Petropavlovsk. En 1844, à la demande du gouvernement français, fut élevé dans la ville un monument à La Pérouse, le découvreur du détroit séparant les îles de Hokkaido et de Sakhaline. Détruit partiellement en 1854, le monument fut reconstruit en 1882. Avec le début du XIXe siècle s'acheva la première étape de la mise en valeur du Kamtchatka. Au cours du demi-siècle suivant, la baie Avatchinskaïa, devenue grâce à sa situation privilégiée un passage obligé des voyages de circumnavigation, verra à plus de trente reprises des navires entrer dans son port. Presque tous les navigateurs célèbres y jetteront l'ancre au moins une fois.

Le 9 avril 1812, le port de Petropavlovsk devint le centre administratif du Kamtchatka, dont le premier gouverneur fut Piotr Ricorde. En 1830, la ville comptait près de 1 000 habitants. En 1850, l'entrée de la baie Avatchinskaïa fut dotée d'un phare, le premier construit sur les côtes russes de l'océan Pacifique. Modifié en 1897, le phare Petropavlovski est encore en activité de nos jours.

Le 2 décembre 1849, le Kamtchatka devint une région autonome. Une des pages les mieux connues de l'histoire de la ville est celle qui concerne la défense, en 1854, du port de Petropavlovsk contre une escadre anglo-française. L'Angleterre et la France semblaient à l'époque avoir des visées sur les côtes de l'Extrême-Orient russe. La défense héroïque de la ville dura dix jours. Les combats les plus durs, au mont Nikolskaïa, opposèrent 300 soldats russes à plus de 900 Anglais et Français. Après avoir perdu 450 hommes, les assaillants quittèrent la baie. On doit à cet épisode deux monuments sur le mont Nikolskaïa : le monument de la Gloire, haut de 8 m, sur lequel vient jouer l'ombre feuillue des bouleaux, et le cénotaphe avec sa chapelle en pierre. La partie centrale de cet ensemble est formée de deux caveaux : à droite sont enterrés les combattants russes ; à gauche, les Anglais et les Français.

Aujourd'hui Petropavlovsk est un important port industriel et maritime où se plaisent les pêcheurs et les marins, où rêvent les voyageurs nostalgiques du temps des découvertes, et où vivent des gens comme vous et nous...

Géographie

Le relief de la région est constitué de plaines alternant avec des chaînes montagneuses, dont la crête centrale se déroule le long de l'axe de la péninsule et dont le plus haut sommet atteint 3 621 m. Régions volcaniques, les presqu'îles montagneuses Kronontski, Kamtchatski et les îles Kouriles font partie du cercle de feu formant l'arc kourilo-kamtchatski. La péninsule du Kamtchatka comprend trente-huit volcans actifs et cent trente volcans éteints. Corollaire naturel de l'intense activité volcanique de la région, la péninsule possède plus de deux cents sources minérales, dont cent cinquante d'eau chaude, et des milliers de rivières dont certaines ne gèlent pas en hiver. La rivière la plus importante est la Kamtchatka. Par ailleurs, la région ne compte pas moins de 100 000 lacs, grands et petits, situés principalement dans les basses contrées.

Climat

Le climat est maritime le long des côtes, de façon plus marquée à l'ouest qu'à l'est, et continental tempéré dans le centre. Les régions de l'est de la péninsule connaissent de brusques changements climatiques : pluie froide, chaleur et brumes peuvent s'y succéder au cours d'une même journée. Le centre du Kamtchatka subit les hivers les plus froids : en janvier, le thermomètre peut y descendre de - 22 à - 57 °C. En juillet, il peut monter jusqu'à + 37 °C. Sur les côtes, les températures moyennes de février varient entre - 15 et - 11 °C ; celles d'août, entre + 12 et + 16 °C. Les précipitations atteignent de 600 à 1 100 mm par an, et jusqu'à 2 500 mm sur les pentes orientales au sud de la péninsule.

Economie

La région du Kamtchatka est l'une des moins peuplées de Russie. Ce sont les vallées des rivières Avatcha et Kamtchatka qui comptent le nombre d'habitants le plus élevé. Les populations autochtones, composées principalement de Kamtchadales, de Tchouktches, de Koriaks, d'Evènes et d'Itelmènes, appartiennent au groupe linguistique paléoasiatique.

Eloignée des centres vitaux du pays mais dotée de richesses naturelles véritablement uniques, la péninsule aurait tout à gagner à devenir une réserve d'Etat et à développer les branches traditionnelles de l'économie : la chasse aux animaux à fourrure, l'élevage du renne et des bêtes à fourrure (dont le vison), qui constitue déjà une part non négligeable de l'économie locale, la pisciculture, l'industrie poissonnière et l'agriculture, les ressources thermiques permettant le développement des cultures maraîchères en serre. Il serait possible de construire des centrales électriques géothermiques, qui chaufferaient les maisons par des conduites souterraines sans polluer l'atmosphère. Ses nombreux gisements de houille, de tourbe et de lignite étant insuffisamment exploités, le Kamtchatka se trouve dans l'obligation d'importer du charbon et des dérivés du pétrole. L'artisanat traditionnel, en revanche, se porte bien : il produit des chapeaux, des chaussures, des moufles en peau de renne et en fourrure, ornés de motifs nationaux.

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Photos et images de l'Oblast de Kamtchatka

San Ignacio Guazu. by Alla - shutterstock.com
Volcan de la péninsule du Kamchatka. Sergey Didenko - Shutterstock.com
Ours bruns de la péninsule du Kamchatka. Budkov Denis - Shutterstock.com
Île de yankicha dans les îles Kuriles Nicolas Tolstoï
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