L'Okavango a atteint depuis quelques décennies une renommée internationale. Admirable sanctuaire naturel, haut-lieu de l'Afrique sauvage, l'Okavango fait rêver. Un safari dans cette région ne peut être décevant et plus on est préparé, plus on l'apprécie. Le spectacle de la vie sauvage y est riche, et la contemplation infinie, pour qui a les sens en eveil.
Il est fréquent d'évoquer le jardin d'Eden terrestre pour décrire l'Okavango et les grandes réserves du Nord Botswana. Cette image en dit long sur le parcours de l'humanité : le fait que nous puissions aujourd'hui le contempler est à la fois le signe de la réussite de ce primate mal outillé qu'est l'humain et la marque de son échec. Réussite bien sûr : aujourd'hui, le voyageur apprécie ce paradis sauvage, équipé d'un appareil photographique hautement technologique et confortablement installé dans un 4X4, quand, quelques dizaines ou centaines de milliers d'années plus tôt, les hommes craignaient pour leur survie, vulnérables qu'ils étaient dans ces étendues sauvages. Mais, échec aussi, car l'Okavango est l'un des rares écosystèmes préservés (d'où son attrait) sur notre planète tant malmenée par l'espèce humaine. Le delta est cependant en danger, soumis à plusieurs contraintes, liées notamment au besoin en eaux douces des populations humaines d'Angola et de Namibie, qui envisagent de construire des barrages sur le cours d'eau, source de vie. L'Okavango représente ainsi l'espoir que l'humanité est encore en mesure de préserver la nature et l'environnement et qu'elle va le faire !
D'ailleurs, les premiers à montrer la voie à suivre sont les habitants de l'Okavango eux-mêmes. Les Bayei et les Hambukushu, les hommes de la rivière, ont eu la sagesse de préserver leur delta depuis qu'ils se sont installés dans cette région marécageuse, il y a quelques siècles. Il y eut quelques moments d'égarement, notamment lors des grandes périodes du commerce de l'ivoire, ou des cornes de rhinocéros (totalement décimés et en cours de réintroduction) ou encore des peaux d'antilopes ou de grands prédateurs. Ces errements semblent appartenir au passé et les maîtres mots sont conservation, préservation et valorisation.
La nature sauvage rapporte plus vivante que morte, aux communautés, via l'écotourisme. La réserve de Moremi a d'ailleurs été constituée par décision communautaire et les villages qui occupaient la réserve se sont volontairement délocalisés en périphérie. À présent, les communautés ont l'usufruit des zones tampons et l'exploitation de nombreuses concessions privées participe à leur développement économique. Les villages des Bayei sont à l'image de cette politique, parfaitement fondus dans la nature et les lodges et campement de brousse ont suivi cette voie.
Décidément, la bonne gestion du delta de l'Okavango pourrait constituer un exemple à suivre partout en Afrique.
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