Temps anciens
Les îles Ioniennes, comme toute la Grèce, sont les héritières d’un riche passé. Malheureusement, le tremblement de terre de 1953 a porté un coup cruel à son patrimoine. A l’époque mycénienne, l’île de Céphalonie semble avoir été particulièrement florissante. Le Musée archéologique d’Argostoli conserve des poteries préhistoriques et romaines, entre autres vestiges. Sur l’île mythique, on peut admirer à Skala les ruines d’une villa romaine et ses mosaïques. La majorité des trouvailles est rassemblée au musée archéologique de Corfou. La fameuse gorgone qui ornait jadis le temple d'Artémis a trouvé ici son refuge.
Influence byzantine
L’église de la Sainte Mère de Dieu Antivouniotissa est incontournable. Datée du XVe siècle, c’est l’un des lieux les plus anciens et passionnants de Corfou. Elle abrite le musée d’art byzantin Antivouniotissa, qui présente des tableaux du XVe au XVIIIe siècle, issus des écoles crétoises et des premières écoles de Corfou. Parmi les artistes exposés, deux figures sont à retenir : Michael Damaskinos (1530/1535 - 1592/1593) et Emmanuel Tzanes (1610-1690). Comme nombre des peintres de son siècle, Damaskinos se forme à Venise et séjourne longuement en Italie. Ce Crétois contemporain du Greco, initié à la miniature, s’impose comme le maître de l’icône. Malgré la codification de cet art qui régit les sujets, les formes quelque peu rigides et les couleurs, l’énergie de Damaskenos saute aux yeux. Le mouvement qu’il confère à ses scènes tranche avec le hiératisme des représentations traditionnelles. L’emploi du rose compte parmi ses apports, ainsi que l’introduction des tons chair. Damaskinos travaille de longues années dans les îles Ioniennes. Les caractéristiques stylistiques de son art exercent une vive influence dès le XVIe siècle. Les œuvres de ses disciples sont exposées à la Pinacothèque Municipale, le lieu idéal pour se familiariser avec l’art byzantin et la peinture d’influence vénitienne de Corfou. Autre peintre d’icônes crétois, Emmanuel Tzanes est l’un des artistes les plus éminents de son temps. Particulièrement actif à Venise, il se réfugie à Corfou durant le Siège de 1646. Son art propose une somptueuse fusion des codes italiens de la Renaissance et de l’art de l’icône.
Le peintre Panagiotis Doxaras
Né en 1662 en Grèce continentale, Panagiotis Doxaras n’a que 2 ans quand sa famille s’installe sur l'île de Zante. C’est là qu’il apprend la peinture auprès de Leo Moscos qui dirige alors un atelier. Après plusieurs années à combattre dans l’armée vénitienne, il étudie la peinture à Venise, entre 1699 et 1704. Grand admirateur des maîtres italiens, et plus que tout de Léonard de Vinci, il parfait sa technique en observant ses modèles sur place. Il vit ensuite plusieurs années dans le Péloponnèse, avant de revenir dans les îles Ioniennes, notamment à Corfou et Zante, qu’il ne quittera plus. L’œuvre de Panagiotis Doxaras marque une étape clé dans l’histoire de la peinture grecque. L’artiste amorce le passage de l’iconographie byzantine à la Renaissance. Dans un texte révolutionnaire pour son époque, il exhorte ses contemporains à adopter les principes novateurs de la Renaissance. Sur le plan formel, Panagiotis Doxaras compte parmi les rares artistes de son temps à avoir accordé un intérêt particulier aux visages, dans ses représentations religieuses. Ses autres apports comprennent l'introduction de la peinture à l'huile dans la réalisation des icônes, et l’essor de l’art du portrait. Panagiotis Doxaras s’éteint à Corfou en 1729.
A Zante, le Musée Solomos et Kalvos, riche en art post-byzantin, se trouve sur la plus grand place de Zakynthos. Aux côtés de ses précieuses icônes, on découvre des fresques datées du XVIe au XIXe siècle. Sa collection de photographies invite à découvrir Zante avant le séisme ravageur de 1953.
Fantaisies modernes
Les occupations successives ont enrichi le patrimoine local d’édifices désormais aménagés en musées. Le plus grand monument de Corfou n’est autre que… sa vieille ville ! Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, elle se visite en flânant au gré de ses rues pavées. Ses églises traditionnelles et ses musées offrent des haltes enrichissantes. Peut-être serez-vous étonné de tomber sur un musée d’art asiatique, logé dans le Palais de Saint-Michel et Saint-Georges. Ce manoir hérité de la domination anglaise abrite l’unique musée grec qui se concentre sur les antiquités chinoises, mais aussi japonaises et indiennes. Ne manquez pas sa collection de peintures, de porcelaines et de sculptures allant de la période du Néolithique au XIXe siècle.
Autre palais néoclassique britannique, le Palace Mon Repos est rapidement devenu la résidence d’été de la famille royale grecque. Sa situation paisible, dans le quartier de Kanoni, entre un temple verdoyant, des ruines antiques et la baie de Garista, est absolument idyllique. De nos jours, le palais est notamment occupé par les trésors archéologiques mis au jour dans les îles Ioniennes. Ce musée ouvert au public est complété par du mobilier d’époque.
L’impressionnant Achilleion se déploie comme un spacieux Mon Repos. A une dizaine de kilomètres de la capitale, il a été construit en 1890 à la demande de l’infortunée Elisabeth d’Autriche. Le palais de Sissi l’impératrice, décoré de belles fresques, est devenu propriété de l’État en 1928. Outre le mobilier et les peintures d’époque, son jardin mérite qu’on s’y attarde. Après avoir admiré les panoramas renversants, découvrez les statues du XIXe siècle qui parsèment la propriété.
De nos jours
Depuis 1979, le Centre Culturel de Lefkada sur l’île de Leucade apparaît comme l’épicentre de la vie artistique. Autour de la salle d’exposition Theodors Stamos, des ateliers et diverses manifestations culturelles sont organisés. Parmi les initiatives destinées à l’art contemporain, la Corfou Gallery, rue Nikiforou Theotoki à Corfou, est ouverte à toutes les disciplines. Les artistes des îles et de toute la Grèce sont conviés à participer aux expositions.
Direction Monodendri, où le Rizario Exhibition Center accueille des expositions de qualité. Sa collection de photographies fait littéralement voyager dans le temps. L’histoire locale se réécrit à travers d’émouvantes séries de photos en noir en blanc, pour la plupart léguées par des familles de la région.