Guide de voyage Mururoa

À 1 250 km au sud-est de Tahiti, Mururoa (ou Moruroa) est un atoll de 28 km de long et de 11 km de large, doté d'une grande passe permettant le passage de grosses embarcations. En 1962, le général De Gaulle décida d'y installer le Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP), à la suite de la guerre d'Algérie, qui empêcha la continuation des essais aériens à la base de Reggane, dans le Sahara algérien.

Mururoa a été gracieusement cédé à l'Etat français en 1964. Choisi pour son isolement et sa faible population, il est désormais tristement célèbre pour les nombreux essais nucléaires réalisés. D'abord aériens, jusqu'au milieu des années 1970, les essais ont été ensuite souterrains, le cône basaltique propre aux volcans des Tuamotu se prêtant tout à fait à des explosions " sans risques ". Certains scientifiques affirment cependant que ces cônes sont fissurés et risqueraient de s'effondrer à tout moment, libérant des déchets radioactifs à long terme (plusieurs millions d'années). Cependant, aucune affirmation n'est entièrement crédible, secret défense oblige. Les diverses enquêtes publiques ou privées ont cependant démontré que les essais français ont été bien plus " respectueux " de l'environnement que les essais chinois, russes et américains. Maigre consolation...

Les populations ont avant tout été déplacées sur les atolls voisins, puis une base militaire de première importance y a été installée. Un aéroport pouvant accueillir les gros-porteurs y a été construit, ainsi qu'une usine de production électrique, une centrale de désalinisation, et de multiples habitations capables de loger jusqu'à 3 500 personnes, avec restaurants, cinémas, salles de sport, ainsi qu'une radio et une TV internes. Le siège du CEP était situé à Pirae, dans la banlieue de Papeete.

À l'origine de la forte croissance économique de la Polynésie dans les années 1960, et en même temps représentative de toute l'horreur humaine au milieu de ce paradis, Mururoa a toujours été controversée. Avec la reprise des essais par Jacques Chirac en 1995, le centre a été réactivé, provoquant un tollé mondial et des émeutes sans précédent à Papeete. Aujourd'hui, le centre a fermé et est entièrement démoli. Le Territoire a l'intention de le transformer en réserve naturelle ornithologique. Il n'est plus habité que par une équipe de surveillance, et il est strictement interdit de s'y rendre. Souvent orthographié Moruroa, nom exprimé par les Polynésiens car ils l'ont toujours appelé ainsi, il a été rebaptisé Mururoa par les Français depuis les années 1960, afin d'éviter la confusion avec Moorea.