Au centre de l'île, à 5 km au sud de Port Louis, s'étend une énorme agglomération urbaine de 17 km de long sur 4 km de large, où réside près d'un Mauricien sur deux. Elle se compose en fait de plusieurs villes : Beau Bassin, Rose Hill, Quatre Bornes, Phoenix, Vacoas, Floréal et, la plus importante, Curepipe.
Cette zone s'est développée à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, quand Port Louis, où résidait la majorité des Mauriciens, commença à être touchée par d'épouvantables épidémies de choléra et de malaria. Nombre de Port-Louisiens, terrorisés, décidèrent alors de s'établir sur les plateaux du centre de l'île, dont l'altitude (entre 400 m et 600 m environ) garantissait un climat plus frais et plus sain. Les Mauriciens prêtaient même des vertus thérapeutiques à l'eau de Curepipe, qui s'avéra plus tard infectée par le bacille de la typhoïde en raison du passé marécageux de la région ! Bientôt, les hauts plateaux s'enrichirent de superbes demeures coloniales, entourées de grands jardins luxuriants aux vertes pelouses, plantées de palmiers et de haies de bambous de Chine.
Comme il fallait continuer à aller à Port Louis pour travailler ou faire du commerce, et dans la mesure où les nouveaux villages se situaient exactement sur l'axe reliant la capitale à Mahébourg (alors deuxième ville du pays), la région des plateaux bénéficia rapidement des meilleures infrastructures de l'île : l'une des premières lignes de chemin de fer dès 1865 et la première autoroute, entre Port Louis et Phoenix, en 1962.
L'intense développement que continua à connaître la région au cours du XXe siècle modifia profondément son paysage. La verdure fit place à la ville et presque toutes les belles demeures créoles de l'époque furent remplacées par de nouvelles infrastructures en béton. Aujourd'hui, cette partie de Maurice est loin d'être la plus belle, mais comme elle constitue le poumon industriel et social de l'île, ainsi que son principal centre d'artisanat, elle mérite tout de même un détour.
Elle fait d'ailleurs les beaux jours des réceptifs, qui inscrivent les nombreux centres commerciaux des hauts plateaux au panel de leurs excursions journalières. Au palmarès des emplettes : les maquettes de bateaux, les vêtements des magasins d'usine et les produits duty-free.
Le voyageur attentif s'intéressera également aux quelques restes d'architecture créole, bâtiments officiels ou demeures privées, ainsi qu'à l'ambiance urbaine authentique, notamment celle des marchés.