La musique traditionnelle
Les traditions de Formentera et Ibiza sont si similaires que l’on pourrait presque parler de cultures siamoises pityuses. C’est ainsi que le Ball Pagès est aussi bien un pilier de l’identité de Formentera que d’Ibiza. Danse emblématique, le Ball Pagès voit dans sa chorégraphie tout en mouvements circulaires répétés, l’homme tourner autour de sa partenaire en jouant des castanyoles (castagnettes d’environ 15 cm de longueur) tandis qu'elle avance à petits pas, fixant le sol. Outre la splendeur chorégraphique, les Ball Pagès se distinguent par la splendeur des habits traditionnels portés. Les hommes sont généralement vêtus en blanc et noir, la taille marquée d’une large ceinture, un bonnet rouge retombant sur la tête. Les femmes, quant à elles, portent de longues robes, les cheveux couverts d’un voile et arborent leurs emprendadas, un ensemble de colliers en or, argent ou corail. L’emprendada accompagne la vie des jeunes filles, de la première communion à la puberté, la mère l’enrichissant année après année avec de nouveaux bijoux. Vrais trésors familiaux, ces colliers se transmettent de génération en génération. La musique accompagnant les Ball Pagès est généralement basée sur des rythmes répétitifs dont l’intensité va crescendo.
Propre à Formentera, on trouve sur l’île deux variantes de cette danse traditionnelle, nommées llarga et curta. Cette danse est encore très souvent interprétée notamment lors des festivités majeures comme les fêtes patronales. A commencer par la Sant Joan, la Fête de la Saint-Jean, célébrée le 24 juin, de loin la plus populaire de l’île - voire de tous les territoires où le catalan est parlé. Tout est réuni, dont des Ball Pagès, pour faire de cette journée un moment inoubliable. Autre fête très populaire, la Procession De La Mare De Déu Del Carme, se tenant le 16 juillet à Es Pujols et La Savina célèbre la Mare de Déu del Carme, sainte patronne de la mer, avec une procession de l’icône de la Vierge, et un Ball Pagès, dansé sur un bateau. Citons également deux autres fêtes patronales où le Ball Pagès est au cœur des célébrations : la Sant Francesc Xavier, le 3 décembre, honorant le saint patron de la capitale de Formentera et les Fêtes de Sant Ferran, le 30 mai, où processions, concerts, danses traditionnelles et marché artisanal envahissent les rues.
Cantades et caramelles complètent le folklore musical de l’île. Les cantades, chansons narratives – pourvues de rimes – élaborées selon la technique du cantar redoblat, sont également pratiquées durant les jours de fête, entre voisins et famille, le plus souvent dans un cadre privé. Les cantades, qui chantent l’amour et les récits personnels, sont encore pratiquées par quelques passionnés et/ou lors de festivités locales comme la Sant Jaume. Tous les 25 juillet, à Sant Francesc Xavier, cette célébration organisée en l’honneur du saint patron de l’île de Formentera est l’occasion d’écouter le traditionnel chant des cantades.
Les caramelles de Nadal, quant à eux, sont des chants religieux typiques d’Ibiza et de Formentera, qui résonnent dans les églises au moment de la messe de Noël et du dimanche de Pâques. Castagnettes, espasi – un instrument typique des Baléares en forme d’épée – flûte et tambour rythment la musique. Ces compositions traditionnelles ont ainsi été déclarées « bien d’intérêt culturel » en 2005.
Dernier rendez-vous où goûter à la tradition de Formentera, la Fête de la communauté autonome des Iles Baléares, le 1er mars, est un concentré de danses traditionnelles, musique, théâtre et gastronomie.
Les musiques actuelles
Formentera est un petit bout de terre et sa scène musicale est à sa dimension. On trouve ici quelques groupes locaux qui, avec le temps, ont réussi à mener leur barque, y compris hors de l’île. On pense par exemple à Aires Formenterencs, groupe de folk fondé entre 1988 et 1989 et se démarquant par l’utilisation d’instruments traditionnels tels que les castagnettes, la flûte ou l’espasi. Mené́ par Xumeu Joan, chanteur, guitariste et compositeur, le groupe a représenté́ les îles Pityuses lors de la compétition de l’Exposition universelle de Séville en 1992. Leur musique insulaire chante leur attachement aux paysages de Formentera, notamment la chanson Visc a Formentera (« Je vis à Formentera »), sortie en 2008, un de leurs morceaux les plus populaires. En février 2012, le groupe a reçu du gouvernement des Baléares le prix Ramon Llull pour leur participation à la « base musicale et littéraire traditionnelle des îles Pityuses ». Une des plus hautes distinctions des Baléares.
Dans un autre genre, citons également Jah Chango. Alias de Rico Hartmann, le fils du fondateur du Blue Bar, haut lieu de l’effervescence musicale de Formentera, Jah Chango est un projet mêlant rumba, reggae, cumbia et hip-hop.
Et naturellement, en bonne voisine d’Ibiza, les nuits de Formentera sont également gorgées d’électronique. Ici, pas de superstars comme David Guetta ou de légendes comme Carl Cox ou DJ Harvey mais de la deep house de plage, pas très raffinée mais efficace accompagnée de cocktails et de sable chaud. Parmi les endroits idoines de l’île pour un DJ set on peut citer le Blue Bar, sur la Platja Migjorn, le Beso Beach de la Playa De Cavall d’en Borràs avec son esprit « hippie chic », le Can Vent à Es Pujols ou le Codice Luna d’El Pilar de la Mola célèbre pour ses Fullmoon Parties.
Avec un peu de chance, vous pourrez y entendre du balearic beat, genre de house né à Ibiza dans les années 1980 / 1990 entre les mains de Paul Oakenfold, mélange de musique électronique et pop psychédélique. Très sereine et planante, elle est la compagnie parfaite pour un coucher de soleil sur la plage.
