La famille d'abord
La solidarité et l'entraide sont de rigueur au sein d'un même clan. Les enfants sont les rois, mais les plus âgés, souvent très respectés, leur inculquent certaines valeurs. À Formentera comme dans le reste de l'archipel, la structure familiale est encore traditionnelle et il n'est pas rare de voir cohabiter plusieurs générations sous le même toit. Les jeunes, même lorsqu'ils travaillent, restent parfois chez leurs parents jusqu'au mariage.
De fait, bon nombre d'entreprises demeurent familiales et les savoir-faire se transmettent de génération en génération : chacun y a sa place, que ce soit dans les sociétés de service ou les restaurants. Il en va de même pour l'attribution des prénoms : on donne habituellement le prénom du père ou de la mère à l'aîné de la famille, ou alors celui des grands-parents. Et s'il n'a pas directement été pioché dans l'arbre généalogique, tout comme sur le continent espagnol, la religion a une grande influence sur le choix des prénoms. On trouve ainsi beaucoup de Maria, Jesús ou Josep à Formentera !
Place de la femme
Depuis la fin de la dictature, la situation des femmes a beaucoup évolué. Avant la chute du franquisme, elles étaient plutôt assignées aux trois « C » : la cuisine, les chiquillos (les gosses) et le curé. Aujourd'hui, la plupart d'entre elles vivent relativement tard chez leurs parents, font bien plus d'études que leur mère et se marient beaucoup plus tard (l'âge moyen du premier mariage est passé de 24 à 30 ans en une génération !). Leur taux d'activité progresse en moyenne d'un point par an, même si l'écart salarial entre hommes et femmes existe toujours. En 2015, Francina Armengol devient la première femme à être élue au poste de Présidente de la communauté autonome des Baléares. Elle a été remplacée, en 2023, par une femme, la conservatrice Marga Prohens.
Droit à l'avortement
L'avortement est dépénalisé en Espagne depuis 1985 et légalisé depuis 2010. En 2014, un projet de loi interdisant l'IVG aux femmes a bousculé l'opinion publique. Déclenchant une forte opposition au niveau national, international et même au sein du PP, le projet de loi a été retiré peu de temps après sa proposition. En 2015, les jeunes de 16 et 17 ans étaient obligés d'obtenir l'accord de leurs parents pour avorter. En 2022, la réforme de la loi sur l’avortement permet aux jeunes femmes de 16 et 17 ans d'avorter sans l’accord de leurs parents. En 2024, le parti d'extrême droite Vox a lancé un nouveau recours, rejeté par le tribunal constitutionnel.
Droits LGBTQ+
L'année 2005 a marqué un tournant crucial dans l'histoire des droits LGBTQ+ en Espagne avec la légalisation du mariage homosexuel. Ce changement législatif a ouvert la voie à des droits égaux pour les couples de même sexe, y compris la possibilité d'adopter des enfants. L'Espagne est devenue l'un des premiers pays au monde à reconnaître et à formaliser ces droits, un progrès notable par rapport à d'autres pays européens, comme la France, où le mariage n'a été légalisé qu'en 2013 !
Les festivités religieuses
Le calendrier liturgique a longtemps servi d'élément central à la vie sociale. Les festivités honorent généralement un saint particulier, comme la Saint-Jaume ou la Sainte-Carmen (fête du Carmen), rassemblant ainsi une grande partie des villageois dans les paroisses. À cette occasion, des danses traditionnelles sont exécutées devant les églises, créant une atmosphère festive. Les jeunes se parent de leurs plus beaux atours, et la célébration se prolonge dans les rues et au sein des foyers, animée par des jeux, des danses et des chants populaires. Ces moments représentent une véritable opportunité de se retrouver entre amis, voisins et, bien sûr, en famille. Les festivités du calendrier liturgique perdurent jusqu'à aujourd'hui, témoignant de l'attachement profond des habitants de l'île à leurs traditions séculaires.