Découvrez l'Aude : Beaux-Arts (Peinture / Sculpture / Street Art / Photo)

En 2018, le préfet de l’Aude Alain Thirion a inauguré une « galerie des illustres » à la préfecture de Carcassonne. Cette « vitrine de la richesse et de la diversité du département » est composée des portraits de vingt-trois personnalités qui ont marqué l’histoire de la France et qui ont en commun d'être nées dans l'Aude. Parmi ces hommes et femmes distingués par les autorités, se trouvent notamment des artistes ! Parmi eux, le troubadour Ramon de Miraval, la poétesse Marie-Claire de Catellan, les peintres Marie Petiet et Jacques Gamelin, les poètes Philippe-François Nazaire Fabre d'Eglantine et André Chénier, l’écrivain Joë Bousquet et le chanteur Charles Trenet. C’est dire l’importance accordée aux artistes et aux beaux-arts dans le territoire ! Sans compter que d’autres artistes, qui ont la malchance d’être nés ailleurs que dans l’Aude (!), ont sublimé leur terre d’adoption…

La peinture

Parmi les artistes peintres audois à découvrir, figure Marie Petiet (1854-1893), élève de Jean-Jacques Henner. Elle a fondé, avec son père et son oncle, le musée Petiet à Limoux, sa ville natale. Ce musée départemental vous entraîne à la découverte de la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe. Il conserve également une riche collection d’œuvres postimpressionnistes et un bel ensemble des lumineux paysages d’Achille Laugé.

On peut citer aussi Jacques Gamelin (1738-1803), né et mort à Carcassonne, alors qu’il occupait la chaire de professeur de dessin à l’Ecole centrale de l’Aude. Il fait partie, aux côtés de Marie Petiet d’ailleurs, des 23 personnalités illustres nées dans l'Aude et dont le portrait figure désormais à la préfecture de l'Aude. Ses toiles ont longtemps dormi dans les combles de l'église Saint-Vincent à Carcassonne, jusqu’à ce que le curé de la paroisse les découvre, les fasse restaurer, et les expose dans le chœur de l'église.

Le cinéma

Certains réalisateurs, qu’ils soient originaires du département ou non, ont particulièrement bien filmé l’Aude : à l’image de Jean Eustache, cinéaste connu pour son film polémique La Maman et la Putain, obtenant le prix du Jury au Festival de Cannes. Après ce succès, il réalise un film baptisé Mes petites amoureuses sur son enfance à Narbonne, ville où il avait déjà réalisé le film Le père Noël a les yeux bleus quelques années plus tôt. Plus récemment, le réalisateur Yves Jeuland, né à Carcassonne, a réalisé en 2008 Un village en campagne, une chronique sur les élections municipales de Fleury dans l'Aude. Depuis 2015, il programme des documentaires dans la cité médiévale de Carcassonne puis à Lagrasse, au début de l’été, dans le cadre du festival Contrechamps. En 2019, il a été élu président d’Occitanie Films, association régionale de promotion et d’accueil du cinéma sur le territoire régional.

De célèbres acteurs sont également tombés amoureux de l’Aude. Ainsi Philippe Noiret aimait s’isoler au Domaine de Turcy, sa propriété située près de Montréal, dans l’ouest audois, entre deux tournages ou pièces de théâtre à Paris. Pendant plus de trente ans, l’un des plus grands acteurs du cinéma français aura arpenté les chemins de la Malepère à pied ou à cheval pendant ses rares moments de détente. « C’est le fruit d’un hasard heureux. Ces petits mamelons de la Malepère, moitié bois, moitié champs, c’était le paysage dont je rêvais. A la fois doux et rude », confiait le comédien dans les colonnes de Pays Cathare Magazine en 1999. À sa disparition en 2006, emporté par un cancer, sa propriété est cédée et tout ce qu’elle contient vendu aux enchères. Mais personne n’a oublié le comédien célèbre pour ses rôles d’Alexandre le bienheureux ou du Vieux fusil. Le souvenir de sa simplicité et de sa gentillesse reste gravé dans le cœur de nombreux Audois.

L’acteur Pierre Richard aussi a élu domicile dans la région. Mieux, il en est même devenu l’un de ses vignerons ! Depuis plus de trente ans, l’ex-grand blond avec une chaussure noire partage sa vie entre tournages, Paris et son domaine viticole du domaine de l’Évêque à Gruissan. Tout d’abord attiré par le charme authentique du village de Gruissan, de ses petites ruelles typiques, son air du large et ses embruns, il fut ensuite ensorcelé par un bout de terre sauvage prénommée la Pointe de l’Évêque, une vieille ferme à l’architecture rustique enracinée au bord des étangs. Le paysage atypique, le vent, le soleil et les parfums de la garrigue créent une alchimie envoûtante qui l’interpelle. Devenu vigneron avec un réel savoir-faire, secondé par sa sœur Véronique qu’il nomme chef d’exploitation, il développe et participe au déploiement de la culture des bons vins Sud de France, ainsi qu’à la renommée des grands vins des Corbières. Depuis 2019, c’est son fils ainé, Christophe, qui gère le domaine.

Les lieux de tournage. Si Carcassonne et sa Cité restent les favoris des tournages de films - on se souvient du Corniaud, de Robin des Bois, Prince des voleurs et de Les Visiteurs, tournés en partie à Carcassonne ! -, le littoral audois et son arrière-pays ont eux aussi servi de décors au septième art. Ainsi le film 37°2 le matin a été tourné en 1986 sur la plage des Chalets de Gruissan, devenue mythique depuis que le réalisateur Jean-Jacques Beineix y a filmé les débuts d’une histoire d’amour intense et tragique entre Béatrice Dalle et Jean-Hugues Anglade. Un autre classique, Le Petit baigneur, a été tourné en 1968 en partie dans l’Aude, précisément aux Cabanes de Fleury, avec Louis de Funès. Plus récemment, l’abbaye de Fontfroide a accueilli le tournage de Le Moine, avec Vincent Cassel et, en 2020, elle a servi de décor au long-métrage américain The Last Duel, en 2020, par Ridley Scott, avec Matt Damon et Ben Affleck. Excusez du peu !

La sculpture

Le sculpteur René Iché, né à Sallèles-d'Aude en 1897, est devenu célèbre par son œuvre La Déchirée, symbole de la Résistance, offerte au général de Gaulle lors de son exil à Londres et disparue pendant plus de soixante ans. Scolarisé à Narbonne puis au lycée de Carcassonne où il côtoie le futur poète surréaliste Joë Bousquet, Iché exécute dès l’âge de 12 ans des portraits et des paysages à l'huile ou au pastel. En 1914, il remporte le premier prix de dessin de l'École des beaux-arts de Montpellier en candidat libre. Figure de l'engagement dans les années 1920-1930, il est membre de la Résistance dès l'été 1940. En 1942, il fait parvenir à Londres au Général de Gaulle sa sculpture, « La France Déchirée », qui symbolise la résistance. La « Marianne » de la Résistance devient une des œuvres préférées du Général. A la Libération, Iché reçoit la médaille de la Résistance et siège au comité d’épuration des artistes, où il préside la section sculpture. Ce n’est qu’en 2007 que des policiers découvrent par hasard chez un suspect, La Déchirée qui avait mystérieusement disparu à la Libération., Depuis, la famille du sculpteur et l'Etat se disputent la propriété de cette œuvre emblématique de la Résistance. Et la fonte est de nouveau rangée dans un placard, dans les réserves d'un musée des Hauts-de-Seine.

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