La peinture
Les artistes languedociens ont évolué avec leur temps. Durant la période classique, à la frontière entre le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle, peu de peintres vont laisser leur empreinte. Le Perpignanais Hyacinthe Rigaud (1659-1743), qui deviendra le peintre officiel de tout ce que la France compte de notabilités et de puissants, reste l’une des rares exceptions. Quelques peintres natifs de la région, tels que le Montpelliérain Bourdon (1616-1671), acquerront une certaine notoriété. Ils feront carrière à Paris ou à l’étranger, comme Jean Ranc (1674-1735) qui devint peintre officiel de la cour du roi Philippe V d’Espagne. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle et le début du XXe pour que le Languedoc-Roussillon fasse parler de lui en termes de peinture.
Assez rapidement, la ville de Montpellier devint une destination de prédilection pour les artistes. Leur talent fut encouragé par la présence de deux collectionneurs mécènes, François-Xavier Fabre (1766-1837) et Alfred Bruyas (1821-1877). Le premier, élève de David, peintre et professeur, offrit à la ville en 1828 sa collection personnelle, legs qui donnera naissance à un des plus riches musées régionaux du pays, le Musée Fabre. Plus tard, en 1854 et 1857, à l’invitation d’Alfred Bruyas, Gustave Courbet séjourna à Montpellier. Parmi les natifs de Montpellier, on peut citer Frédéric Bazille (1841-1870), le représentant local du courant impressionniste. Passionné par la nature, retrouvant ses racines dans le domaine familial de Méric, sur les hauteurs de Montpellier, il partit pour Paris où il devint l’ami de Renoir, Manet et Monet.
Mais la véritable explosion va se produire en Roussillon au début du XXe siècle. En 1905, un jeune peintre nommé Matisse (1869-1954) se rend à Collioure sur les conseils de son ami Signac. L’année suivante, d’autres noms prestigieux le rejoignent au bord de la Méditerranée, parmi lesquels Derain, Dufy, Juan Gris ou Marquet, qui seront avec lui à l’origine d’un des plus importants mouvements picturaux du siècle passé : le fauvisme. Presque à la même époque, Céret devient « La Mecque du cubisme », accueillant des artistes tels que Pablo Picasso (1881-1973) et Georges Braque (1882-1963), et Salvador Dali offre à la gare de Perpignan le titre de « Centre du monde » en 1965.
La fin du XXe siècle a vu émerger dans l’Hérault ce qu’on a appelé « l’école de Sète ». Sans créer de véritable courant ni d’école réputée, le cas de la ville est tout à fait intéressant, et le qualificatif de Paul Valéry « l’île singulière » prend aussi toute sa raison dans le domaine artistique. Rien de commun à Albert Marquet, François Desnoyer, Soulages, ou les tenants actuels de la « figuration libre », Combas ou les frères Di Rosa... que l’amour de cette ville et l’ambiance créatrice qui en émane.
Le street-art
En Languedoc-Roussillon, l’art revêt de nombreuses formes, l’une des plus récentes est le street-art. Exposées dans des galeries contemporaines ou affichées dans leur aspect le plus « sauvage » sur les murs des villes, ces œuvres sont de plus en plus intégrées au monde artistique, reconnues comme un art à part entière et plus seulement comme un acte de vandalisme.
Certaines villes du territoire choisissent même de célébrer ces artistes de rue au cours de manifestations culturelles. La plus importante est K-Live à Sète. Lancé en 2008, ce festival pluridisciplinaire axé sur les musiques actuelles et l'art urbain invite des artistes incontournables du mouvement street-art à s'exprimer dans les rues. Parmi eux : C215, Alëxone, l'Atlas, Poch, M.Chat, Epsylon Point, Jan Kalab, Clet, Bault, Stew, Chanoir, Jonnystyle, Pablito Zago, Claire Streetart, Julien Seth Malland, Kashink, Monsieur Qui, Goddog, Pedro & Kazy… Leurs œuvres, ayant pour support les murs de la ville, constituent le MACO (ou « Musée à Ciel Ouvert »), il s’enrichit chaque année. Les déambulations au cœur de l’"Ile Singulière" permettent de découvrir cette étonnante ville-galerie.
A quelques kilomètres de là, Montpellier joue aussi son rôle de pépinière de street-artistes. Dans les quartiers de la ville, tous les styles se côtoient, du trompe-l’œil au graffiti, en passant par le collage. En s’aventurant du côté des quais du Verdanson, un petit ruisseau qui traverse la ville, on peut admirer des centaines d’œuvres de plus ou moins grandes tailles. Plusieurs générations d’artistes ont fait leurs armes sur cet espace. Loin de vouloir supprimer ces œuvres, la ville encourage leur mise en lumière via des visites guidées thématiques et des commandes (Mist à Rondelet, fresque au Polygone…).
Du côté de Béziers, on laisse aux street-artistes la mission de raconter la ville. En effet, un circuit de 16 fresques colorées, tableaux de l’histoire de la cité, permet de découvrir des éléments de son passé. Parmi elles, la belle fresque « Compostelle » rappelle que la commune se trouve sur le chemin du piémont menant à l'Espagne et qu'elle constitue une alternative à la montagne. Une autre rend hommage aux fantassins qui ont refusé de tirer sur les manifestants de Béziers lors des révoltes des vignerons au XXe siècle. Plus légère, on trouve aussi une fresque à la gloire de l'ASB-H, le club de rugby de Béziers.
Le 7e art
Avec des décors naturels grandioses, un riche patrimoine historique et une lumière exceptionnelle, la région sert depuis longtemps de lieu de tournage, la liste des films est longue et ne cesse de s'allonger.
Parmi les films tournés intégralement ou partiellement dans la région, certains ont marqué fortement les esprits et l'histoire du cinéma, on ne peut oublier Le Salaire de la peur (1952 à Anduze, Arles...), ou encore Le Corniaud (1965 à Carcassonne). Dans le film culte de François Truffaut, L'Homme qui aimait les femmes (1976), un vibrant hommage est rendu à Montpellier et « aux plus belles femmes de France ». Pour le moins que l'on puisse dire, c'est que 37°2 le matin (1986, Gruissan et Marvejols) ou Robin des Bois, Prince des voleurs (1989 à Carcassonne) et Les Visiteurs (1993 à Carcassonne également) furent de vrais blockbusters.
En 1999, Roman Polanski se laissa séduire par le profil mystérieux du château de Puivert et les impressionnantes gorges de Galamus pour le tournage de La Neuvième Porte. Dans le Gard, certaines scènes du film Indigènes (2006) ont été tournées à Beaucaire et Claude Chabrol choisit de tourner son dernier long métrage Bellamy (2008) en grande partie à Nîmes, ville qu'il affectionnait tout particulièrement. Béziers et l'étang de Thau ont servi en 2013 de cadre au film de Mélanie Laurent, Respire. Quant à Nicole Garcia, elle a jeté son dévolu sur la région entre Montpellier, Palavas-les-Flots et Nîmes pour son film Un long dimanche (2014). Par ailleurs, la région est en passe de devenir une terre d'élection pour les séries et films TV à l'instar des séries Candice Renoir (Sète, Montpellier, Bouzigues, Nîmes) ou Un si grand soleil (Montpellier).
Photogénique à souhait, le territoire a été, est, et sera dans le viseur des caméras de cinéma. Les festivals de cinéma sont d'ailleurs bien représentés : le Festival International du Film Méditerranéen à Montpellier, Rencontres cinémaginaires à Argelès, etc.
Depuis septembre 2020, un ambitieux projet de parc dédié au cinéma est en discussion sur le domaine de Bayssan à Béziers. Son objectif serait de faire du secteur le nouveau « Hollywood européen », attirant des équipes de tournage du monde entier. Si la création du complexe est encore en cours de discussion, on connaît déjà ses traits : 19 ha de décors extérieurs, ateliers, bureaux et services techniques, 20 ha de voirie et stationnement, 5 ha d'équipements d'hébergement et de restauration. Un espace de 20 ha sera aussi ouvert au public, il s’agira d’une sorte de parc à thème orienté sur le cinéma. Les sponsors du projet espèrent attirer avec lui près de 2 millions de visiteurs par an sur le territoire.
La sculpture
On ne saurait quitter le Roussillon sans évoquer le nom d’Aristide Maillol, l'un des sculpteurs les plus célèbres de son temps. Né à Banyuls le 8 avril 1861, il s'orienta vers la peinture après avoir découvert l’œuvre de Gauguin. Ses voyages en Grèce et en Italie et son admiration pour la statuaire antique développèrent son goût pour la sculpture. Diplômé de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris où il étudia de 1885 à 1893, il eut pour maîtres le sculpteur Antoine Bourdelle, et l'illustre peintre Alexandre Cabanel. Il fut le rénovateur de la sculpture classique, osant tout, en s’éloignant de Rodin l’expressionniste, magnifiant avec pudeur dans son œuvre, son thème de prédilection : le corps féminin. Ses œuvres, épurées, représentent des femmes, le plus souvent nues, au corps sensuel et aux rondeurs pulpeuses, figurant des émotions, des saisons, ou encore des éléments. Il réalisa sa première exposition en solo dès 1902 et commença à exposer régulièrement en 1904. En 1913, il est à New York où il participe à l'Armory Show, une grande exposition qui rassembla 1 250 œuvres de plus de 300 artistes européens et américains, sculpteurs et peintres. Son style, d'abord onirique, se rapproche ensuite du classicisme, et son œuvre fut un modèle jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il possédait à Banyuls deux ateliers, l’un dans sa demeure familiale, l’autre en pleine campagne, à quelques kilomètres du village, dans sa « métairie » au milieu des vignes. Il y meurt en 1944. Une vingtaine de ses sculptures représentant des femmes aux formes généreuses sont exposées au Jardin des Tuileries à Paris. Sa métairie est aujourd'hui un musée qui lui rend hommage.
Plus insolite, on peut souligner le travail de l’Agathoise Simone Jouglas (1907-2001). Céramiste de formation, elle fut l'une des plus célèbres santonnières de Provence. Sa carrière fut saluée par le titre de chevalier de l'Ordre du Mérite artisanal en 1952, le diplôme de Meilleur ouvrier de France en 1961 et la Médaille d'or du Mérite National Français en 1966. Rien que ça !