Le chemin des verriers
Le travail du verre est une tradition ancienne dans la région : à l’époque romaine déjà, ce matériau était très utilisé. Le Moyen Âge est le temps du grand développement des verriers, comme en témoigne la forêt de chênes verts du Causse de l’Hortus, qui a totalement disparu à la suite des coupes effectuées pour alimenter les fours des verriers. Au XVe siècle, la verrerie est une activité de prestige dont l’exercice est octroyé aux nobles désargentés. Ces gentilshommes verriers ont créé des verreries qui produisaient des bouteilles pour la production viticole, des flacons et fioles pour les pharmaciens mais aussi des récipients utilitaires pour les usages quotidiens. Par souci touristique, le chemin des verriers a été retracé, et permet de découvrir les villages autour de Claret, ainsi que la verrerie archéologique de Couloubrines. Restaurée, cette verrerie à bois de la Renaissance raconte l’histoire de ces gentilshommes qui ont soufflé le verre pendant presque cinq siècles, de 1280 à la veille de la Révolution. Toute cette histoire est présentée à Claret dans la « Halle du Verre », un espace muséographique entièrement consacré au verre, son origine, son histoire, de l'Antiquité à nos jours, de la Méditerranée jusqu'au Causse de l'Hortus. Chaque année, la halle accueille également une exposition temporaire ainsi que des animations.
La faïence de Montpellier
Dès la fin du Moyen Âge, la cité de Montpellier a compté au rang de ses activités phares un important centre de poterie. Les ateliers étaient rassemblés dans la partie basse de la ville où coule le Verdanson. L’atelier d’un potier célèbre a d’ailleurs été mis à jour dans le quartier du Faubourg de Nîmes. En 1725, un établissement réussit à obtenir le titre de manufacture royale. L’entreprise connut dès lors un essor important, mais la mort de son entrepreneur Jacques Olivier mit fin à l’aventure. Ce n’est que cinq ans plus tard qu’un autre artisan, André Philip, redonne vie et renommée à l’entreprise, jusqu’au XIXe siècle. Si l’époque glorieuse de la faïence à Montpellier fait désormais partie du passé, il reste que ce sont des céramistes montpelliérains qui ont fondé les centres de Ganges, Pézenas, Toulouse ou encore Bordeaux. Au sein du centre historique, on trouve de nos jours plusieurs boutiques charmantes qui proposent des créations raffinées.
La soie des Cévennes
L’art de créer et manier le tissu est employé dans le Languedoc de bien des façons. Dans les Cévennes, de la fin du XIIe siècle jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’industrie de la soie était la plus importante du territoire. Après un déclin important, lié en partie aux importations, cette activité a débuté une renaissance il y a une vingtaine d’années. Elle a été motivée par une poignée de passionnés qui a remis en service une filière complète, de l’élevage des vers jusqu'à la filature. Cette production est aujourd’hui destinée à la haute couture. On aurait tort de penser qu’il s’agit là de la seule activité de tissage des Cévennes. En effet, la filature d’Aulas, édifiée au milieu du XIXe siècle, a longtemps servi d’atelier pour le travail du coton. Elle a par la suite été transformée en carderie, puis teinturerie de nylon, avant de cesser l’ensemble de ses activités dans les années 1970.
Les potiers de Saint-Jean-de-Fos
Dès le XIVe siècle, un artisanat apparaît : les potiers de terre de Saint-Jean-de-Fos se font connaître dans tout le Sud de la France. Le clocher en tuiles vernissées, les gouttières et chéneaux en terre vernissée verte traditionnelle témoignent de cette longue tradition. La fin du XXe siècle voit renaître le savoir-faire de la poterie ; des ateliers de céramistes ont vu le jour dans le village mais également aux alentours. La technique de la terre vernissée est toujours utilisée, complétée par celle du raku, du grès ou de la faïence. À l’aube de l’an 2000, une dizaine de potiers ont décidé de se regrouper et de créer une marque : Les Potiers de Saint-Jean-de-Fos, gage de qualité. Si les fours se sont modernisés, et si l’argile n’est plus extraite sur place, les gestes des maîtres-potiers restent les mêmes que ceux de leurs ancêtres.
Pour retracer l'histoire glorieuse du village et de ses potiers, qui fournirent l'essentiel des tuiles vernissées et autres chenaux de bien des villages de la région, mais aussi de nombreux ustensiles de cuisine et autres objets utilitaires, la mairie renferme un petit musée avec quelques beaux exemples de cet artisanat. Dans le village on découvre également Argileum, La Maison de la poterie, qui est à la fois un musée ludique qui présente la vie des potiers, leur savoir-faire et l’histoire de la céramique ; mais aussi un lieu où sont proposés des ateliers, ainsi qu'une boutique où faire ses emplettes de créations modernes (art de la table, bijoux, décoration...) et ouvrages thématiques.
Les cloches d’Hérépian
Créée il y a 400 ans, la fonderie de cloches et d’art d’Hérépian a contribué à la réputation du territoire. En effet, la cité héraultaise est le cœur de l’une des trois entreprises spécialisées dans l’art campanaire en France. La Fonderie Granier a maintenu des techniques artisanales et ses fondeurs perpétuent la tradition avec passion et précision, réalisant des clarines, grelots et cloches d’église de toutes tailles. Régulièrement, des visites sont organisées pour découvrir le fonctionnement de cet atelier insolite. Dans l’ancienne gare d’Hérépian, attenante à la fonderie, le public peut avoir une meilleure idée de ce savoir-faire et de ses acteurs en visitant le Musée de la Cloche et de la Sonnaille, classé Musée de France. La formidable muséographie des lieux permet d’en apprendre davantage sur les secrets des artisans sonnaillers et des maîtres fondeurs : la mise à son des sonnailles martelées et encuivrées, la technique de la cire perdue, les profils de la planche à trousser, la bille d'acier emprisonnée dans le grelot de laiton… Depuis le XVIIe siècle, le talent de ces artisans et la réputation de la fonderie sont restés intacts, au point d’atteindre un niveau international ! En effet, les grelots de la Fonderie Granier ont déjà rythmé de grands événements tels que le carnaval de Rio.
Les tisserands de Lodève
Depuis le XVIIe siècle, et la création de la manufacture de draps par Louvois, ministre de Louis XIV, Lodève est la capitale incontestée du travail de la laine. De cette tradition ancestrale, les artisans de cette petite cité languedocienne ont conservé un savoir-faire unique au monde. En 1964, la ville connaît l’installation d’un atelier de tissage, édifié à l’époque pour faciliter l’insertion des femmes maghrébines, arrivant en France après la déclaration d’indépendance. Un an plus tard, l’établissement est rattaché à l'Administration du Mobilier national. De nos jours, il demeure une annexe de la Manufacture Nationale de tapis de la Savonnerie des Gobelins qui travaille sur les tapis de style et à la composition d’œuvres d’artistes contemporains (Stéphane Bordarier, Julier Gardair, Annick Top, Matali Crasset, UngNoLee). Tissus, créations contemporaines, copies d’anciens : les artisans liciers de la ville répondent régulièrement aux demandes des plus grands créateurs français et étrangers, des ambassades, des monuments nationaux voire même du Palais de l’Elysée. De véritables œuvres d’art sont réalisées grâce à la technique de la savonnerie. Admirable et infiniment minutieuse, cette technique peut nécessiter le travail de cinq tisserands pendant sept années pour la réalisation d’un tapis d’une surface de 25 m². Ce véritable trésor du patrimoine français peut être visité sur demande, grâce à l’accompagnement d’un guide conférencier qui vous livrera de nombreuses informations et anecdotes sur cet art d'une grande finesse.
Les métiers d’art à Agde et Pézenas
Si les artisans d’art sont monnaie courante dans le département, deux villes sont devenues emblématiques du secteur au cours des siècles : Agde et Pézenas. Depuis une dizaine d’années, les deux cités ont édifié des établissements pour accueillir les talents du territoire, présenter des milliers de trésors et créer des visites pédagogiques pour permettre au grand public d’aller à la rencontre de tous ces créateurs de merveilles.
A Agde, c’est la Galerie de la Perle Noire, ouverte en 2012 par l’Agglomération Hérault Méditerranée, qui célèbre les savoir-faire d’exception. Tous les ans, elle présente deux grandes expositions thématiques qui permettent de découvrir des familles de l’artisanat d’art et la minutie du travail des acteurs locaux (plasticiens, sculpteurs, créateurs de bijoux et de mode, peintres…). Grâce à elles, les défenseurs de la tradition et du beau donnent naissance à des œuvres exceptionnelles. La Galerie de la Perle Noire possède même une boutique qui permet d’acquérir ces pièces uniques. Pour renforcer un peu plus cette ouverture aux curieux, un circuit découverte est disponible pour aller à la rencontre de la trentaine de créateurs installés en résidence, et ainsi visiter leurs ateliers.
A Pézenas, la Ville et l’Agglomération Hérault Méditerranée ont soutenu l’installation des Ateliers d’Art de France en 2012. Ils ont investi les nouveaux espaces de la Maison des Métiers d’Art, situés dans la maison consulaire du XVIIème, en plein centre historique. Cet écrin de choix accueille les œuvres singulières des artisans créateurs de la cité et d’ailleurs, au sein de quatre espaces d’expositions. Les 300 m² du lieu héberge ainsi, tout au long de l’année, des pièces uniques ou séries limitées issues de différentes pratiques : sculpture, orfèvrerie, verrerie… Les marcheurs pourront également s’aventurer dans les rues de la ville pour découvrir les nombreux ateliers des artisans d’art du territoire. Pour les aider, des panneaux pédagogiques ont été installés aux quatre coins de Pézenas.