Une faune impressionnante
Généreuse et préservée, la faune est particulièrement riche. Certaines espèces se sont réinstallées à la suite de l'exode rural des années 1950, d'autres ont été réintroduites par l'homme. On compte à l'heure actuelle 89 espèces de mammifères, 208 d'oiseaux, et ce, uniquement dans la zone du Parc national des Cévennes ; sans oublier les reptiles, les amphibiens et les poissons qui se font plus discrets mais qui sont tout de même présents. Au hasard des sentiers et des randonnées, on peut se trouver nez à nez avec des biches, des renards, des lièvres, des chevreuils, des sangliers, des loutres, des mouflons, des chouettes de Tengmaln... Mais on peut aussi rendre visite aux plus impressionnants d'entre eux.
Les loups du Gévaudan (Sainte-Lucie). Une petite société de 130 loups de Mongolie, d'Europe et du Canada est regroupée dans la réserve de Sainte-Lucie, en Margeride. Ces loups, réintroduits en Lozère, vivent en semi-liberté dans un parc de 20 ha. Sur les terres de légendes du Gévaudan, le loup traîne derrière lui une fort mauvaise réputation.
Le bison d'Europe (Sainte-Eulalie-en-Margeride). Absents des terres de Margeride depuis 1 500 ans, les bisons bonasus (ou bisons d'Europe) ont été réintroduits et coulent aujourd'hui des jours tranquilles dans la réserve de Sainte-Eulalie, au sud-ouest de la Margeride. Venu de la forêt de Bialowieza, en Pologne, où il a miraculeusement résisté au temps, cet animal trapu et lourd est un voisin de l'auroch avec lequel on l'a souvent confondu. Commencée en 1991, leur acclimatation en Margeride a si bien réussi que les premières naissances au parc ont lieu dès 1993. Placide, joueur et même cabotin, il vit en famille dans un milieu forestier où il trouve l'essentiel de sa nourriture.
Les rapaces (Gorges de la Jonte et Cévennes). Parmi les volatiles et rapaces en tout genre qui évoluent dans les parages, évoquons le grand tétras. On ne peut ignorer cet oiseau de 5 kg pour 1,30 m d'envergure, habillé d'un plumage gris ardoise sur le corps, brun foncé sur les ailes, avec des reflets métalliques et un plastron vert mordoré. Ainsi vêtu, à la période des parades nuptiales, il se lance dans des sérénades dans les arbres, ou danse une valse sur le sol. Et si un adversaire pointe le bout de son bec pour conquérir sa belle, il se révèle d'humeur fort belliqueuse. Le grand tétras a été réintroduit dans le Parc des Cévennes, notamment pour sauvegarder cette population d'oiseaux à l'avenir problématique en Europe. Deux espèces de vautours ont également été réintroduites dans la région : le vautour fauve et le vautour moine. Décimé en France jusqu'au milieu du XXe siècle, le vautour fauve (ou bouldras, en cévenol) a été réintroduit dans la région en 1981. Aujourd'hui, ce grand rapace vole à nouveau au bas des gorges du Tarn et des causses. Totalement inoffensif, il ne s'attaque jamais à des proies vivantes, mais s'avère être un charognard remarquable, véritable « nettoyeur » des pâturages. Fidèles pour la vie, les vautours s'offrent, dès décembre, des noces très enviables : un duo amoureux et aérien, aile contre aile... Le vautour percnoptère, réintroduit en 1992, s'est aussi bien adapté aux gorges que son cousin. Sensiblement de la même taille que le vautour fauve, l'arrian (son nom local) est un solitaire qui peut voyager jusqu'en Espagne avant de revenir en couple sur son lieu d'origine. Quant aux aigles royaux, on compte 5 à 6 couples qui semblent également se plaire dans cet environnement.
Une flore remarquable
Au nord, on trouve une belle variété de fleurs et plantes culinaires, aromatiques ou médicinales. On y ramasse toujours pour la parfumerie de luxe des jonquilles et narcisses qui couvrent les prés humides en mai et juin. Le Gaillet-jaune, petite plante très courante en Margeride, a, quant à lui, la propriété de faire cailler le lait, et c'est lui qu'on utilisait, bien avant la présure qui n'a été inventée qu'au XIXe siècle ! La fleur jaune de l'arnica des montagnes se ramasse durant les mêmes mois, mais sur la lande. C'est une plante médicinale connue pour soigner les contusions. La grande gentiane jaune, dont la racine tonique a une vertu apéritive, fleurit, elle aussi, sur les pâturages et la lande en juillet. L'épilobe en épi, ou laurier de saint Antoine, se démarque par sa floraison sur le bord des routes et dans les clairières, durant les deux mois de plein été. La digitale pourpre, quant à elle, est une très belle dame, amoureuse des talus et des clairières, dont les fleurs ont la forme d'un doigt de gant. L'érithrone, aussi appelée dent-de-chien, pousse sur la lande entre avril et mai, mais soyez rassuré, elle ne mord pas ! La pinguicule vulgaire, ou grassette, festoie de petits insectes grâce à ses feuilles carnivores et fleurit de mai à juillet. Le calament à grandes fleurs (ou thé d'Aubrac) fleurit en juillet et août ; l'anémone des bois (ou Sylvie) apparaît de mars à mai, et enfin la fameuse myrtille (ou airelle) porte ses fleurs d'avril à juin et vous régale de ses fruits en août. Dans les tourbières, la droséra, minuscule plante carnivore, s'épanouit en milieu acide.
La flore des Cévennes est un peu moins riche, mais on compte tout de même cinq variétés remarquables. Le dryoptéris de l'Ardèche est une fougère que l'on trouve notamment sur la bordure est des Cévennes. Le sabot-de-Vénus est une variété assez courante d'orchidée dont les fleurs spectaculaires s'observent dans les clairières et les bois humides. La saponaire à feuilles de pâquerette, très rare en France, pousse dans les pelouses rocailleuses du causse Méjean. L'aster de saint Michel fleurit de septembre à octobre sur les versants anciennement cultivés des gorges du Tarn et de la Jonte. Enfin n'oublions pas la cardabelle ou carline à feuille d'acanthe, espèce protégée de chardon qui pousse à ras du sol, l'emblème du Causse, que l'on trouve souvent cloué aux vieilles portes et qui a la propriété d'indiquer la météo !
Le versant méditerranéen du département, quant à lui, se distingue uniquement par deux plantes en particulier : la spiranthe d'été, une orchidée discrète qui pousse en-dessous de 700 m, près des ruisseaux ou sous le suintement des roches, et l'isoète de Durieu, découvert au début du siècle, qui se plaît à basse altitude, sur des suintements temporaires et schisteux.