Les bastides
Cinq villes et villages du Rouergue présentent des critères qui les font qualifier de bastide. Au premier abord, on reconnaît ces lieux à leur plan régulier, plus ou moins orthogonal (un plan qui semble issu du modèle des villes antiques et qui contraste avec l'amoncellement de maisons que furent souvent les villages du haut Moyen-âge bâtis près du château ou de l'église), les bastides ont le plus souvent été construites sur un site vierge. A une époque calme de l'histoire politique du royaume, au début du XIIIe siècle, les puissants mirent en œuvre une véritable politique d'aménagement du territoire, leur but premier était de mettre en valeur les terres. Le deuxième objectif est d'assurer la sécurité publique en regroupant la population dans des centres fortifiés. Au cours d'une période d'un siècle et demi environ, à partir des années 1220, 315 bastides sont bâties de toutes pièces ou constituées à partir de villages existants dans le Sud-Ouest de la France.
Les bastides rouergates
A Villefranche-de-Rouergue, Sauveterre-de-Rouergue, Najac, Villeuneuve-de-Rouergue et La Bastide-l'Evêque. Le modèle-type de bastide est constitué autour d'une place centrale, carrée, voulue comme un lieu d'échange, elle est d'emblée ou sera ensuite bordée de couverts, ces avancées soutenues par des arcades sur lesquelles repose le premier étage des maisons. Des quatre angles partent quatre rues vers l'extérieur, d'autres sont tracées à angle droit et constituent des quartiers de lotissement, à l'origine, les maisons sont souvent de même superficie, les regroupements dus à la fortune se faisant plus tard. L'ensemble de la bastide est entouré d'un mur, parfois d'un fossé.
Villefranche-de-Rouergue et Sauveterre-de-Rouergue sont le modèle parfait de cet urbanisme géométrique et planifié : une grande place au centre où se concentre l'activité économique, politique et judiciaire, une enceinte fermée, dont les portes se trouvent au débouché des quatre rues principales, un fossé, par la suite comblé et souvent transformé en boulevard périphérique. A Villeneuve-d'Aveyron et à Najac, la bastide s'est superposée à un habitat déjà existant. Enfin, La Bastide-l'Evêque, fondée en 1280 par l'évêque de Rodez, se distingue par la petitesse de son plan dont le centre est occupé par une église des XIVe et XVe siècles.Les burons
Ces constructions traditionnelles sont le signe de l'Aubrac, d'un mode de vie et d'une époque. On appelle ainsi les maisons rustiques dans lesquelles les bergers venaient passer l'estive. Construits en basalte et en granit, les burons sont à demi enfoncés dans la terre pour se protéger du froid et du vent ! Leur toit de lauzes rejoint souvent le sol. L'intérieur est austère, on y entre par une porte basse. Une ou deux pièces le composent : une salle commune au sol en terre battue ou dallée de pierre, éclairée d'une petite fenêtre au sud et une cheminée ! Une salle de travail où les buronniers pressent le lait caillé et fabriquent les fourmes de fromage. S'y ajoute une cave d'affinage. Bien que la fabrication de fromage ait été effective depuis l'époque romaine, elle n'a pris de véritable ampleur qu'au XIXe siècle. Le nombre de burons a alors considérablement augmenté sur l'Aubrac, atteignant les 300, et 1 200 saisonniers y travaillaient au début du XIXe siècle.
Les commanderies hospitalières
L'opulence de ces commanderies, basée sur leurs activités agropastorales, leur bonne conduite par les ordres religieux, l'absence de grandes destructions au cours des siècles expliquent l'importance de l'héritage actuel. Depuis de nombreuses années, le Conseil départemental s'efforce de conserver et de mettre en valeur ce patrimoine, il a créé à cet effet le conservatoire du Larzac templier et hospitalier, constitué de scientifiques et d'acteurs de la vie politique, ainsi a été mis en place un centre d'information. De lui dépendent différents lieux d'information mis en place dans les commanderies elles-mêmes. Il organise, également, des circuits de découverte du Larzac templier et hospitalier.
Ces sites sont remarquables par leur architecture : ils ont conservé les murailles et fortifications érigées entre le XIVe et le XVe siècle, les constructions médiévales et les maisons opulentes des XVIIe et XVIIIe siècles. On retrouve dans leurs rues une ambiance médiévale, comme si le temps s'était arrêté. Ils ont bénéficié de programmes de restauration et sont le cadre d'animations médiévales au cours de l'été.Les châteaux : la route des seigneurs du Rouergue
Cette association regroupe 19 châteaux en Aveyron, Lot, Tarn et Cantal. Notre département en particulier, connaît une belle abondance, dont on recherche les origines dans le passé politique de ce vaste territoire, est aussi due à la position de ce département, au carrefour des voies nord-sud, vers Saint-Jacques-de-Compostelle ou vers la mer. La plupart de ces maisons fortes naquirent entre les Xe et XIIe siècles, la fondation médiévale a ensuite été modifiée au cours des siècles, agrandie à la fin du Moyen Âge et rendue plus confortable à la fin des époques troublées, puis elles sont devenues des résidences d'agrément entre la Renaissance et le XVIIIe siècle.
Ces châteaux ont en commun d'avoir bénéficié d'importants travaux de rénovation de la part de leurs propriétaires privés ou publics. Grâce à l’association La Route des Seigneurs du Rouergue chacun s'est doté d'une plaquette de présentation qui invite à leur découverte. Cette plongée dans un autre univers, hors le temps, comporte une visite des parties restaurées de ces demeures. Les visites guidées ont l'avantage de faire vivre les lieux et des installations de découverte parachèvent cette intention. Selon le château, ce peut être une illumination qui magnifie l'architecture, des animations en costumes d'époque, la reconstitution d'un siège, des joutes de chevalerie ou le chant des troubadours, certains jardins ont été recréés et peuplés d'animaux. Ces demeures aménagées pour la visite sont aussi devenues de superbes terrains de découverte pour les enfants. L'abondance est telle, la mise en valeur si réussie qu'on a l'impression, à chaque carrefour, de mettre ses pas dans ceux d'un chevalier en armure ou de quelque manant qui contemple, les yeux écarquillés, les belles demeures d'antan. L'art est ici d'avoir su conserver ces lieux vivants.