Au départ de la ville de Québec, il faut choisir entre trois directions : celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean, sur l'axe nord ; celle de la région du Bas-du-Fleuve, qu'on rejoint par les routes qui longent le fleuve au sud et filent vers la Gaspésie ; et celle, d'abord et avant tout, de la région de Charlevoix. Charlevoix est un territoire de 6 000 km², situé au coeur du Bouclier canadien, le plus vieux sol géologique de la terre. La chaîne de montagnes qui le caractérise, et qui se termine dans le Saint-Laurent, est celle des Laurentides, largement couverte par la forêt boréale. Une partie de sa région a été proclamée réserve mondiale de la biosphère par l'UNESCO en 1988, rien de moins. Charlevoix est peuplée d'un peu plus de 30 000 habitants vivant principalement de la forêt, du tourisme et de l'agriculture.

Sa renommée, en tant que lieu de villégiature, a débuté vers la fin du XVIIIe siècle, plus précisément à La Malbaie, grâce aux seigneurs écossais Malcolm Fraser et John Nairn qui, dès 1760, recevaient des visiteurs dans leur manoir. La région devient alors très populaire, avec ses pensions de famille, ses petits hôtels et ses lieux pittoresques où l'on s'adonne à la randonnée, à la pêche à la truite ou au saumon, ou encore aux bains d'eau de mer. Si bien qu'en 1899 se construit dans le secteur Pointe-au-Pic, à La Malbaie, un hôtel de 350 chambres, le Manoir Richelieu. C'est par bateaux à vapeur, appelés alors les palais flottants, que les premiers touristes débarquent en grand nombre. Depuis, un important réseau d'auberges a vu le jour. Charlevoix peut se vanter d'avoir une tradition d'accueil vieille de plus de deux cents ans. Elle est également reconnue au Québec comme étant la région gastronomique et touristique par excellence.

À partir de Québec, la route 138 Est caresse le fleuve sur sa rive nord, en lacet de Sainte-Trinité-des-Caps jusqu'à l'embouchure du fjord du Saguenay, à Baie-Sainte-Catherine. C'est l'itinéraire le plus romantique du Québec, le plus agréable et le plus pittoresque, celui dont les panoramas imprégneront vos rêves à venir. Vous risquez néanmoins d'y avoir souvent les oreilles bouchées, tant les dénivellations et les côtes, qui atteignent parfois plusieurs kilomètres de long, y sont importantes. Mais ce drôle d'inconfort n'est rien en comparaison de la vue fascinante dont vous jouirez du haut des caps. Vous observerez la mer à loisir jusqu'au majestueux confluent Saguenay-Saint-Laurent où aura lieu l'ultime rencontre, celle de l'homme et de la baleine.

Histoire

Charlevoix doit son nom au père jésuite François-Xavier de Charlevoix, qui fut le premier historien de la Nouvelle-France. Les rives inhospitalières de la région, trop difficiles d'accès, et surtout le monopole de la traite détenu par la Ferme du Roi, au-delà de Baie-Saint-Paul, empêchaient les familles de s'y installer. Résultat, Charlevoix ne sera occupé qu'assez tard dans l'histoire, plus précisément au XVIIIe siècle. C'est vers 1675 que les premiers habitants arrivent et s'installent dans la région de Petite-Rivière. Quelques années plus tard, des familles s'établissent à Baie-Saint-Paul, puis demandent, en 1710, l'autorisation de s'implanter dans l'Isle-aux-Coudres. Les habitants promettent de respecter le monopole du roi et de ne vivre que d'agriculture et de cueillette. Pour leur part, le secteur de Saint-Irénée, occupé vers la même époque, et celui de La Malbaie, connu des coureurs de bois depuis la fin du XVIIe siècle, ne se développeront vraiment qu'après la conquête anglaise. Contrairement à Saint-Irénée qui, en 1750, compte déjà quelques centaines de familles, La Malbaie est peu peuplée. Il faudra attendre les concessions de seigneuries du gouverneur Murray pour que viennent s'installer quelques highlanders (nom donné aux soldats de Grande-Bretagne faisant partie d'un régiment dont l'uniforme est le costume traditionnel de la région des Highlands en Écosse ; désigne également les habitants de cette région) aux côtés des francophones.
L'un des traits caractéristiques de la population de Charlevoix est d'être resté fidèle aux traditions. Malgré la modernité de ses valeurs urbaines, la ville a conservé un esprit qui rappelle l'ancien temps. C'est une des raisons pour lesquelles la région compte parmi les plus recherchées des touristes et des artistes. L'école de peinture de Charlevoix a connu son âge d'or de 1900 à 1940, rassemblant des artistes comme Clarence Gagnon, René Richard, Alexander Young Jackson, Patrick Morgan, Simone-Mary Bouchard, Georges-Édouard Tremblay et Robert Cauchon.

Nature

Dans La Flore laurentienne, le frère Marie-Victorin nous explique que la région, ayant échappé à la glaciation qui a métamorphosé tout l'est du Canada, possède une végétation unique, vestige de l'époque préglaciaire. Les glaciations suivantes ont tout de même modelé le pays, laissant un impressionnant front rocheux aux Palissades, près de Saint-Siméon, ou encore des dépôts morainiques au lac Sainte-Agnès, près de Clermont. L'attrait ornithologique principal de la région réside, sans conteste, dans le spectacle des immenses rassemblements d'oies des neiges. Elles s'arrêtent sur les rives du Saint-Laurent au cours des migrations qui les conduisent des terres arctiques, où elles nichent, jusqu'à la côte Atlantique des États-Unis, où elles hivernent. Au printemps comme en automne, des formations nombreuses survolent les battures (partie de la côte découverte à marée basse) et viennent les couvrir de leur blancheur éclatante. C'est là, un des spectacles rares et grandioses dont la nature a généreusement gratifié le Québec.

Transports

Bus. Intercar dessert toutes les municipalités de Charlevoix situées en bordure de la route 138. www.intercar.ca

Train. Un train touristique relie Québec à La Malbaie avec plusieurs arrêts possibles en cours de route. www.traindecharlevoix.com

Traversiers. La Société des traversiers du Québec propose trois lignes : Saint-Siméon - Rivière-du-Loup (Bas-Saint-Laurent), Baie-Sainte-Catherine - Tadoussac (Côte-Nord), et Saint-Joseph-de-la-Rive - L'Isle-aux-Coudres. www.traversiers.com

Voiture. Plusieurs routes desservent la région de Charlevoix. Voici les principaux accès routiers en fonction des régions de départ.

Bas-Saint-Laurent : à partir de Rivière-du-Loup, prendre le traversier qui mène à Saint-Siméon.

Côte-Nord : suivre la route 138 Ouest et prendre le traversier qui mène de Tadoussac à Baie-Sainte-Catherine, la porte d'entrée ouest de Charlevoix.

Québec : prendre la route 138 Est qui longe le fleuve Saint-Laurent.

Saguenay-Lac-Saint-Jean : à partir de la ville de Saguenay, prendre soit la route 381 Sud qui mène à Baie-Saint-Paul, ou la route 170 Est qui mène à Saint-Siméon. Sachez qu'entre Baie-Saint-Paul et La Malbaie, vous pouvez suivre la route 362 appelée la " Route du fleuve ", qui vous offrira un panorama exceptionnel sur le Saint-Laurent. Vous pourrez emprunter également la " Route des montagnes " qui relie les deux parcs nationaux de la région.

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Photos et images de Charlevoix

La goélette échouée l'Accalmie à Baie-Saint-Paul, avant sa destruction par un incendie. Valérie FORTIER
Marina de Cap-à-l'Aigle (La Malbaie) dans Charlevoix. Valérie FORTIER
Charmante boutique d'artisans à l'Isle-aux-Coudres. Valérie FORTIER
L'emblématique Fairmont Le Manoir Richelieu dans Charlevoix. Valérie FORTIER
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