Les Llanos (" les plaines " en espagnol) sont les plus vastes étendues de savane du nord de l'Amérique du Sud et couvrent presque 30 % du territoire national vénézuélien. Cette immense bassine hydrographique draine dans l'Orénoque les rivières de la Cordillère orientale colombienne, des Andes de Mérida et de la Cordillère de la côte vénézuélienne. Les Llanos doivent leur existence à l'accumulation de sédiments que les rivières arrachent aux chaînes montagneuses et qui se sont accumulés en couches successives jusqu'à former un relief de surfaces planes, interrompues seulement par l'enchevêtrement de rivières au cours lent et changeant. L'horizontalité absolue du terrain, l'absence totale d'élévation sont d'ailleurs parmi les caractéristiques les plus souvent relevées par Humboldt, qui a donné le nom de " steppes d'Amérique du Sud " à cette région.
Ce " far west vénézuélien " est une région hostile et difficile, la vie livre une bataille quotidienne face aux éléments. Le Llano est le territoire qui donna origine aux hymnes officieux du pays, Alma llanera et Caballo viejo, interprétés à la harpe, cuatro et maracas. Beaucoup de folklore dans ce far west vénézuélien, et le joropó a un petit quelque chose de sévillan.
Faune
La nature déborde dans la savane inondable de l'Orénoque ; une faune à couper le souffle qui en fait, selon Nicolas Hulot, " le plus beau et le plus étonnant sanctuaire écologique au monde " : sur les 1 400 espèces d'oiseaux répertoriées au Venezuela (6e rang mondial), environ 400 d'entre elles se rencontrent dans les Llanos, dont les splendides ibis rouges (corocoros), les élégants jabirus et les énigmatiques chenchenas ; les reptiles ne sont pas mal représentés, avec comme figures de proue l'anaconda, le caïman à lunettes (Caiman crocodylus, appelé " baba " par les Vénézuéliens) et le plus gros crocodile d'Amérique, à savoir le crocodile de l'Orénoque (Crocodylus intermedius, ou caimán), menacé d'extinction, qui peut atteindre 7 à 8 m de long ; enfin, jaguars, pumas, ocelots, capybaras, chevreuils, chevaux sauvages et le tamanoir gourmand de fourmis charpentières débutent la longue liste des mammifères terrestres, à laquelle on pourrait ajouter, pour le côté aquatique, la tortue morrocoy, la loutre (Pteronura brasiliensis) et le dauphin d'eau douce (Tonina). Avec un peu de chance, vous verrez la plupart des animaux énumérés ci-avant !
Flore
On aurait tendance à l'oublier, mais elle est splendide. Les arbres fantastiques imprègnent d'un arôme singulier les terres hostiles. Le yagrumo, le passiflore, le tamarinier mais aussi l'arbre symbolique, le Samán (pithecellobium) au-dessous duquel, lors des campagnes, Simón Bolívar et ses soldats montaient les campements. La végétation est principalement composée de bois de galerie, dense, compacte et épineuse. Elle permet aux espèces menacées (chiguire, etc.) par les prédateurs de s'y réfugier.
Climat
Les Llanos comptent deux saisons nettement différenciées : la saison sèche s'étend de décembre à avril (température moyenne : 30 °C), les deux derniers mois constituant la meilleure période pour observer les animaux, ceux-ci venant s'abreuver le soir aux rares points d'eau ; alors que la saison humide (mai à novembre, la pluviométrie la plus importante s'étalant de juin à août) est caractérisée par d'immenses inondations, même si les hautes températures font retourner à l'atmosphère une partie de ces eaux par évaporation. A cette époque de l'année, les animaux sont beaucoup plus dispersés, mais la visite des Llanos reste cependant passionnante, ne serait-ce que pour découvrir la culture llanera, ses cow-boys, ses chevaux et ses plaines verdoyantes.
Comment y voyager ?
Pour découvrir les Llanos, vous avez grosso modo trois solutions : voir avec votre agence à Caracas, contracter un tour avec un réceptif depuis Mérida ou Barinas - une solution économique qui pourtant ne vous empêchera pas de vous en mettre plein la vue, au contraire ; ou pas mal non plus, contacter directement pour être hébergé dans un ranch (un hato) et participer à des safaris touristiques. Mais quoi qu'il en soit, emportez dans vos bagages de bonnes jumelles, l'indispensable appareil photo, de la crème solaire et, pendant la saison des pluies, ajoutez une lotion antimoustiques (vous comprendrez pourquoi !) et un bon imperméable.