Le blog de Jean-Baptiste Ancelot est la réalisation d'un projet sans précédent : un tour du monde du vin. Sur Wine Explorers, on découvre une multitude de vins à travers la planète. Et pour cause ! Il a voyagé dans 88 pays et visité 530 domaines, ce qui correspond à 400 000 km parcourus. A l'occasion de cet entretien, il nous a raconté son incroyable aventure.
Comment avez-vous eu l'idée de créer un tel blog ?
Jean-Baptiste Ancelot : " C'est parti d'une idée folle, celle de visiter pour la première fois tous les pays du monde où il y a du vin dans le but d'avoir une idée globale de ce qui se fait sur la planète. On parle souvent d'une vingtaine de pays, entre l'ancien et le nouveau monde, qui font la pluie et le beau temps dans le secteur, car ce sont les plus connus mais on se rend compte en cherchant un peu qu'il y a au moins 90 pays dans le monde qui font du vin. "
Comment avez-vous procédé pour partir à la découverte de ces pays du vin ?
Jean-Baptiste Ancelot : " Je suis parti avec cinq photographes pour documenter la planète vin et rencontrer des vignerons partout, de l'Equateur au Zimbabwe en passant par la France bien sûr. On est vraiment allés voir ce qui se faisait aux quatre coins de la planète. C'est un travail de longue haleine qui s'est déroulé sur 4 ans, entre novembre 2014 et décembre 2018. "
Quels sont les pays qui vous ont le plus surpris ?
Jean-Baptiste Ancelot : " La Bosnie-Herzégovine qui n'est pas facile d'accès. Les routes sont compliquées et c'est encore un peu rustique dans la mesure où ils sont sortis de la guerre il y a peu de temps. Pourtant, ils ont énormément de cépages autochtones qui donnent des vins sublimes. Donc quelle belle surprise !
Et puis, plus loin encore, je cite souvent l'exemple de la Thaïlande qui m'a fasciné dans le domaine du vin puisqu'on peut y faire presque deux vendanges par an, dans la mesure où l'on est sous les tropiques et que la vigne y pousse très vite. Et des vignerons consciencieux ont réussi à y faire de superbes cuvées, notamment un crémant 100 % brut qui était tellement bon que je l'ai servi à mon mariage l'année dernière. Il est produit à deux heures et demie au nord de Bangkok, sur le pourtour du parc de Khao Yai, le 2e parc naturel du pays, où l'on trouve une douzaine de domaines viticoles.
Du côté de Granmonte, ils ont beaucoup de chambres d'hôtes, un bon restaurant et on peut déguster toute une gamme de vins sur place. Ils ont développé l'oenotourisme. "
D'où vient cette tradition viticole méconnue en Thaïlande ?
Jean-Baptiste Ancelot : " Cela vient d'un cadeau qui avait été fait à l'empereur au XVIIIe siècle. Il s'agissait de quelques pieds de vigne offerts par un Français et cela s'est un peu perdu car effectivement ce n'est pas le premier pays où l'on aurait eu l'idée de faire pousser de la vigne... Mais c'est resté dans les mémoires et, il y a quelques décennies, des vignerons néophytes ont décidé de relancer cette production de vin. "
Mais peut-on vraiment produire du vin partout ?
Jean-Baptiste Ancelot : " La carte du vin dans le monde a vraiment été redessinée. On trouve du vin de l'Equateur jusqu'à la Suède en passant par la Patagonie ou la Tasmanie. On se rend compte qu'aujourd'hui on peut faire des bons vins un peu partout, pas forcément des grands vins, mais au moins des vins qui sont propres et c'est tout de même assez bluffant. "
A vous entendre, cela semble presque facile de faire du vin, non ?
Jean-Baptiste Ancelot : " En fait, la météo joue un rôle important et il existe des pays où il fait vraiment trop froid et où l'on peut très difficilement faire du vin. C'est par exemple le cas des pays septentrionaux comme le Danemark, la Suède ou la Norvège. Quelques vignerons arrivent à faire du vin au sud de ces pays-là, voire dans le nord pour le Danemark, mais c'est grâce à l'arrivée de nouveaux cépages qui sont interspécifiques, ou résistants, des nouvelles variétés qui permettent d'avoir des cycles de maturité un peu plus courts et qui sont surtout résistants au froid, à l'humidité et aux maladies.
L'autre raison, c'est que le savoir-faire de vigneron est mieux transmis aujourd'hui. En fait à partir du moment où l'on a des cuves propres, un savoir-faire et qu'on est bien équipé, on peut faire du vin très correct. "
Mais certains vins ne sont-ils pas traités plus que d'autres ?
Jean-Baptiste Ancelot : " Pour que la production de vin soit possible, dans certains pays où l'humidité est forte, notamment au niveau de l'équateur, la vigne est aspergée de beaucoup de spray en quantité trois à quatre fois plus importante qu'ailleurs. Ce n'est pas très écologique. Mais au-delà de ces aspects environnementaux malheureux, force est de constater que la vigne pousse assez facilement partout de nos jours. "
Quel est le meilleur terroir pour faire du vin ?
Jean-Baptiste Ancelot : " La définition date de la nuit des temps... Le sol doit être pauvre car la vigne est vigoureuse tout en étant très faignante donc si le sol est fertile, elle va rester en surface et produire des grands raisins qui seront peu qualitatifs et on obtiendra du vin correct sans plus. Mais si l'on a des sols pauvres, on force la vigne à se battre pour trouver des nutriments dans les sols et avec cette vigueur, elle va produire du vin beaucoup plus qualitatif.
Il faut aussi avoir une certaine amplitude thermique entre le jour et la nuit pour avoir des raisins qui peuvent arriver à maturité de la façon la plus douce possible. "
Que peut-on découvrir sur votre blog aujourd'hui ?
Jean-Baptiste Ancelot : " On y trouve des articles par pays sur le vin. Tous les articles sont en anglais et en français car on a une importante communauté anglophone. Le site aura prochainement une vocation marchande où l'on pourra trouver enfin des vins du monde à la dégustation. "
Vous avez aussi publié un livre sur le vin dans le monde, que peut-on y apprendre ?
Jean-Baptiste Ancelot : " Mon ouvrage Wine Explorers, le premier tour du monde du vin (éditions Omnisciences) est un hybride entre le guide, le carnet de voyage et l'atlas. On trouve un chapitre par pays viticole et c'est très varié, cela va du Mexique en passant par le Kazakhstan ou le Zimbabwe. Et comme j'ai voyagé avec des photographes professionnels, de très beaux clichés illustrent le livre. Il s'adresse aussi bien à des spécialistes du vin qui ont des connaissances pointues qu'à des néophytes amateurs de vin. "
Pour écouter le podcast intégral de cet entretien c'est ici
Plus d'informations : http://www.wine-explorers.net/fr