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Gallito de las rocas ©Jaime Delgado Rosas - Shutterstock.com.jpg
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Des éco-régions très diverses

Au-delà des 3 régions emblématiques, les spécialistes recensent en fait jusqu’à 11 éco-régions. Tout au nord, à la frontière avec l'Equateur, on trouve une mer tropicale et des eaux plus chaudes vers Tumbes et Piura. Ensuite, en longeant la côte, la mer se refroidit et la brume est plus récurrente, la fameuse « garúa ». On rencontre ensuite le désert du Pacifique, une grande frange aride, sèche en été et humide en hiver. La brume peut s’écraser sur des altitudes plus élevées et former ce que l’on appelle des « lomas », oasis verdoyantes à l’insolite richesse et traversées de nombreux bras de rivière. Proche de Lima, on peut par exemple visiter les Lomas de Lucumo.

Dans la frange du milieu qui s'élargit au fur et à mesure, on trouvera tout au nord la forêt tropicale au climat humide du Pacifique, une zone étroite d’arbres immenses et de végétation exubérante, au cœur du département de Tumbes. On peut y observer le puma ou le paresseux. Puis on rencontre la forêt sèche équatoriale où poussent l’algarrobo et le ceibo. Les sommets andins se dessinent au loin. Les contreforts sont composés de la « serranía esteparia », un relief montagneux de steppe qui commence vers 1 000 m d’altitude, et présente un enchevêtrement de vallées fertiles, de torrents tonitruants où le cactus fait son apparition. Les hauteurs du centre et du sud du pays sont formées par la puna. Au-delà de 3 500 à 3 800 m d’altitude, ce paysage souffre de grandes variations de température entre le jour et la nuit, c'est le pays des condors et des flamants andins.

Enfin, on l'oublie trop souvent, la richesse du Pérou c'est aussi et surtout l'Amazonie. Elle aussi est diverse. Elle commence par les contreforts des Andes avec la jungle haute aussi appelée yunga ou selva alta, au climat chaud et humide, au relief montagneux et complexe, à la végétation exubérante. On trouvera ici de nombreuses orchidées, d'énormes bégonias et des fougères baroques. On y déniche le gallito de las rocas (coq de roche, oiseau national du Pérou ou le singe choro de cola amarilla, que l’on croyait disparu il y a peu, ainsi que le mythique quetzal des Mayas du Guatemala. On descend ensuite vers la jungle basse ou forêt pluvieuse tropicale qui couvre les deux tiers du territoire national : l'Amazonie de nos imaginaires. Ici on a recensé plus de 20 000 espèces de plantes. La faune inclut le jaguar, le tapir, deux espèces de dauphins, des tortues aquatiques, des singes, des caïmans noirs et des anacondas. Dernière spécificité écologique, la savane de palmiers (à la frontière orientale du département de Madre de Dios, près de la frontière bolivienne) aussi surnommée « Pampas del Heath » à cause du fleuve frontalier, au climat chaud et humide, très pluvieux. On y découvre le cerf des marécages, le toucan, le « carpintero blanco » et de gros rongeurs endémiques. 

Une richesse ornithologique unique

L'une des faunes la plus intéressante, mais aussi la plus méconnue, est la faune ornithologique. Le pays se classe régulièrement entre la 2e et 3e place au monde pour l'observation des oiseaux, le fameux « birdwatching ». Nous vous conseillons de vous référer à la bible incontestée et actualisée chaque année (en anglais ou espagnol seulement) Birds of Peru de Thomas S. Schulenberg, Thomas S Stotz, Daniel F Lane et John P O'neill, Princeton University Press. Ces initiés dressent une liste de chaque espèce avec ses caractéristiques et dessins à l'appui. Chaque année le Pérou organise le Birding Rallye Challenge hébergé assez fréquemment dans les lodges de la compagnie Inkaterra, l'une des pionnières de l'écotourisme au Pérou. Vous pouvez vous aussi marcher sur leurs traces au confortable Inkaterra Reserva Amazonica par exemple. Mais les lodges dans la jungle amazonienne sont nombreux et beaucoup portent des projets de conservation qui sont les bienvenus dans une région menacée et face à un Etat qui manque de ressource pour protéger ses zones naturelles. Le Tambopata Research Center par exemple gère lui un projet de recherche sur le macaw, le perroquet emblématique de l'Amazonie. Le pays héberge aussi des espèces endémiques et emblématiques comme le gallito de las rocas (coq de roche en français) qui est aussi l'oiseau national du Pérou ou de nombreuses espèces de colibris dont le colibri cola espatula avec sa traîne élégante de princesse qui réserve en vol un spectacle tout à fait unique.

Le Pérou abrite aussi le plus grand nombre d'espèces de papillons au monde. Dans la jungle de Tambopata, autour de Puerto Maldonado, un observateur pourrait contempler en un instant quelque 1 265 des 4 000 espèces de papillons qui virevoltent dans l’air du Pérou !

Une flore tout aussi surprenante

La végétation, en rapport avec les trois grandes zones biogéographiques, est d’une grande variété. Sur la côte, il s’agit d’une végétation de type sol aride avec, au nord, des mangroves dans les bras de rivières et une végétation de type savane qui alterne buissons de petite taille et cactus. Sur les versants des cordillères, on trouve une grande diversité de cactus, une diversité bien plus importante que sur la côte. L’arbre le plus célèbre du Pérou est l'étonnant puya raimondii, qui peut atteindre 12 m et qui ne pousse que dans quelques régions du monde. Dans les vallées andines, les graminées sont très présentes (l’ichu est la mieux représentée) ainsi que toutes les sortes de mousses, lichens et herbacées, ces dernières également dans la puna. Sur la partie inférieure du versant qui descend vers la selva apparaît la forêt tropicale humide avec une grande variété d’arbres comme le cèdre, de nombreuses herbes médicinales et bien d’autres espèces. Le nombre total d’espèces endémiques au Pérou dépasse les 200… Les conditions spéciales rencontrées au Pérou en font par exemple un lieu privilégié pour les orchidées (on peut en voir un fabuleux spécimen sur le site de Kuélap, dans la région de Chachapoyas au nord). Selon les experts, le nombre d’espèces d’orchidées recensées au Pérou se situe entre 1 850 et 3 000. Malheureusement, la déforestation, le commerce international grandissant de l’orchidée et les collectionneurs locaux ont mis en danger l’existence d’un grand nombre d’espèces. Riche en animaux, l’Amazonie l’est aussi en bois rares : acajou, cèdre, palo de sangre (bois de sang), dont la coupe, souvent faite sans ménagement, constitue une bénédiction sur le plan économique et une plaie sur le plan écologique. De toutes ces essences, celle du caoutchouc occasionna le plus de fièvres, représentant, dans les années 1920, un cinquième des exportations et ayant été à l’origine d’une exploitation cruelle de la main-d’œuvre indienne.

Les parcs régionaux à voir

Difficile de faire son choix pour l'amateur de toutes ces richesses. Néanmoins l'Unesco a déjà sélectionné pour vous deux parcs incontournables : le Parc national Manu dans la partie sud de l'Amazonie péruvienne et qui promet le plus de chance d'observer le jaguar ou la loutre géante par exemple. Le deuxième parc classé est celui du Huascarán dans la Cordillère Blanche avec son sommet à 6 878 mètres d'altitude, une flore andine unique et des espèces comme le condor et l'ours à lunettes. Deux parcs sont également classés comme des lieux où il est important de protéger à la fois les restes archéologiques et la diversité naturelle : il s'agit de Río Abiseo dans la jungle haute du nord péruvien assez difficile d'accès, mais aussi du très célèbre Sanctuaire de Machu Picchu qui est aussi un espace privilégié pour la faune et la flore. Les ours à lunettes s'aventurent parfois sur le site et s'en sont donné à cœur joie lors de sa fermeture en raison de la pandémie mondiale. Les jardins abritent une riche variété d'orchidées, fougères et autre flore foisonnante et tropicale.

Le Sernanp (Servicio Nacional de Areas Naturales Protegidas) protège entre 16 et 17 % du territoire national. Les catégories sont distinctes. Il existe 15 parcs nationaux, 15 réserves nationales et 9 sanctuaires. Enfin, et c'est une partie importante de la tâche de conservation, beaucoup d'aires de conservation naturelles privées ont été reconnues et peuvent être visitées. Le nord, notamment la région de Chachapoyas, et l'Amazonie en possèdent plusieurs. Au-delà des gardes forestiers et du labeur parfois difficile de protection qu'ils exercent face à la déforestation, l'orpaillage en Amazonie ou encore la chasse, l'organisme communique aussi sur l'importance des ressources générées par les aires naturelles protégées qui fournissent notamment de l’électricité hydraulique et des bons carbones. Le Sernanp fait partie du projet de conservation mondial REDD+ qui finance la protection des forêts, c'est ainsi 8 millions de tonnes de CO2 qui n'ont pas rejoint l'atmosphère grâce à ce travail. Certaines zones sont vierges évidemment, mais le défi du Sernanp est aussi d'éduquer et capitaliser sur la population locale pour protéger ces richesses.

Enfin le 5 juin 2021 est née la Réserve Nationale Dorsale de Nasca, la première aire protégée maritime de ce type au Pérou soit 62 392 km2 d'océan protégé ou 8 % de la superficie de la mer péruvienne. Elle représente 1 100 km de long sur 200 km de large, ses profondeurs hébergent une chaîne montagneuse sous-marine qui va de 1 500 à 4 000 mètres de profondeur. Au coeur de ses montagnes sous-marines, on a recensé 1 116 espèces dont 30 en danger ou vulnérables comme la baleine bleue ou la tortue luth et près de la moitié d'espèces endémiques. Cela aidera aussi les espèces migratoires, comme la baleine à bosse, lors de leur longue migration. Une nouvelle accueillie avec un certain scepticisme par les défenseurs de l'environnement car la pêche industrielle (notamment du thon) est toujours possible au sein de cette réserve.