Les incontournables
Dès votre arrivée, que ce soit en ville ou sur l’île la plus reculée, vous ne manquerez pas d’être surpris par le nombre impressionnant de chiens errants. S’ils sont totalement inoffensifs, ils ont la fâcheuse habitude de s’allonger au milieu des routes ou de les traverser au mauvais moment, conduisez donc prudemment et évitez toutefois de les caresser. Autre animal emblématique : le coq. Coqs fermiers ou fous du ring, ils n’ont pas une horloge dans la tête et chantent à n’importe quelle heure. On ne peut faire un pas sans rencontrer un coq dans les environs, aux abords des routes et des habitations. Vous les remarquerez inévitablement sur le toit d’une Jeepney en chemin pour une compétition quelconque. Le soir, résonne le cri des petits geckos qui s’introduisent dans les maisons. Les rencontres avec les varans et les macaques peuvent également arriver dans la forêt. Le long des routes, vous verrez régulièrement une chèvre par-ci, un cochon par-là et surtout le célèbre carabao. Ce buffle d’eau est l’animal domestique le plus fréquent de l’archipel. Début 2023, on en recensait 2,77 millions. Symbole de force et de persévérance, il est l’animal national des Philippines, rien que ça !
Les vedettes endémiques
Il serait impossible de citer toutes les espèces endémiques des Philippines. Les trois qui sont présentées ici sont parmi les plus célèbres et également parmi les plus menacées d’extinction, en raison essentiellement des activités humaines qui détruisent leur habitat naturel. Des mesures de protection sont prises mais ne sont malheureusement pas toujours suffisantes. C’est donc l’occasion de rappeler quelques règles : on observe les animaux en silence et sans les toucher ou même tenter de les approcher et on ne pollue pas leur environnement (mégots, bouteilles, plastique). Par ailleurs, pour augmenter vos chances d’apercevoir un spécimen rare, les services d’un guide sont hautement recommandés.
Le tarsier. Du haut de ses 15 centimètres et 100 grammes, c’est le plus petit singe au monde. Avec ses gros yeux, sa tête capable de pivoter à 180° et ses petites mains, il a des allures de gremlin. Endémique à l’île de Bohol, le tarsier est aujourd’hui protégé dans un sanctuaire où il peut être observé selon des règles très strictes car ce petit être est d’une extrême fragilité. Il peut aller jusqu’à se donner la mort s’il est en situation de grand stress.
Le tamaraw. Aussi appelé « buffle-nain », il ne vit que sur l’île de Mindoro. C’est un petit bovin brun foncé à sabots et à cornes, haut d’environ 1 m, qui vit en solitaire. Au début du XXe siècle, sa population était estimée à 10 000 individus. En 2000, ils n’étaient plus que 150. Grâce à des décisions politiques de protection, leur population (toujours en danger) est remontée à 500 en 2023. 80 % des tamaraws vivent dans le parc national des monts Iglit-Baco.
L’aigle des Philippines. Avec 2,5 mètres d’envergure, c’est l’un des plus grands rapaces au monde. Il est appelé localement « mangeur de singes » mais cette habitude alimentaire relève plus de la légende que de la réalité. Endémique à l’île de Mindanao, il a la particularité d’être un super-prédateur, ce qui veut dire qu’il n’a aucun prédateur naturel. Malgré cela, il ne reste actuellement que 200 aigles des Philippines environ, menacés qu’ils sont par la déforestation et le braconnage.
Reptiles et oiseaux
Les reptiles sont nombreux (environ 420 espèces, dont 241 sont endémiques). Parmi les plus célèbres, le crocodile philippin est une espèce endémique qui peut atteindre 3 mètres de long et vit en eau douce à Mindanao et dans le nord de Luzon. Cette espèce préhistorique est en voie de disparition bien que des efforts soient déployés pour le protéger, notamment par la fondation Mabuwaya. On trouve également plusieurs espèces de varans ou encore des geckos, tandis que les zones arides sont plus propices aux serpents. Parmi tant d’autres, on trouvera par exemple les cobras et les pythons (qui peuvent atteindre 10 mètres de longueur). Le cigalo, un serpent de mer à l’air débonnaire, est l’un des plus agressifs. De couleur argentée lorsqu’il est jeune, il devient blanc à rayures noires à l’âge adulte et peut mesurer jusqu’à 2,50 mètres. Son venin est 17 fois plus puissant que celui du cobra. Par chance, il ne mord que très exceptionnellement. Notons également une centaine d’espèces d’amphibiens dont la majorité est indigène. Par ailleurs, les îles abritent environ 700 espèces d'oiseaux, dont des perroquets. Les superbes oiseaux colorés sont très nombreux aux Philippines. Citons à titre d’exemple le fameux Palawan peacock qui est un oiseau remarquable avec sa crête bleue ; c’est aussi une espèce en voie de disparition qu’on ne trouve qu’à Palawan.
Une faune marine d’exception
Les eaux philippines regorgent d’une multitude de poissons et de mammifères marins qui profitent de récifs coralliens parmi les plus beaux du monde. En effet, l’archipel est situé dans le Triangle de corail, une zone de l’océan Pacifique qui représente 1 % de la surface du globe et abrite la plus grande condensation de faune marine au monde (environ 3 000 espèces de poissons rien qu’aux Philippines). Poissons-clowns, étoiles de mer, hippocampes et foule de petits poissons colorés font partie des plus facilement observables. Les huîtres perlières sont récoltées dans l'archipel de Sulu, d'où sont extraites les perles de Sulu au lustre éclatant. Les dauphins, tortues de mer géantes et raies manta, pouvant mesurer jusqu’à 3 mètres, règnent majestueusement dans ces eaux profondes. Parmi les plus impressionnants, il faut citer le requin-baleine. Pouvant atteindre 14 mètres de long, c’est le plus grand poisson au monde (eh oui, la baleine est un mammifère), et pour le plus grand bonheur des amateurs de plongée, il est totalement inoffensif et s’observe aisément à Donsol, au sud-est de Luzon. Le dugong, avec son apparence curieuse, est quant à lui le seul mammifère marin herbivore qui vit dans les eaux de l’archipel. Il se nourrit uniquement d’algues et de plancton. Jusque dans les années 1970, toutes les îles du pays avaient dans leurs eaux des troupeaux de dugongs, mais les accidents de pêche et l’augmentation des déchets plastiques, que le dugong confond avec de la nourriture, ont presque eu raison de lui, et aujourd’hui, seuls quelques individus nagent encore au large de Palawan et de Mindanao. Il est par ailleurs devenu le premier animal marin protégé par une loi dans le pays mais il fait quand même partie des espèces les plus menacées.
Abondante végétation
La flore de l’archipel est particulièrement variée. La forêt couvrirait aujourd’hui moins de 30 % du territoire (contre 75 % au début du XXe siècle). Elle est la jungle impénétrable dans laquelle les diverses ethnies se sont réfugiées au fur et à mesure des invasions, tenant à rester à l’écart de la société. La régression intensive de la couverture forestière, due aux activités humaines, est jugée très inquiétante puisqu’avec elle disparaissent de nombreuses espèces d’animaux, entre autres. Les forêts tropicales, les bois des montagnes avec des sapins natifs au nord de Luzon, les nombreuses mangroves et les marais recèlent plus de 10 000 espèces différentes d’arbres et de plantes. Les espèces endémiques sont nombreuses. Le narra (Pterocarpus indicus), une espèce d’acajou au bois noble et dur pouvant atteindre 35 mètres de hauteur, est considéré comme l’arbre national. Il est utilisé pour l’ameublement et les sculptures décoratives. Les imposants manguiers sont dans un environnement idéal pour croitre et donner des fruits gourmands. On remarque aussi de superbes orchidées dans les forêts, il en existe des centaines d’espèces. La plus célèbre, Vanda sanderiana, est originaire des forêts de Mindanao. Connue sous le nom de waling-waling aux Philippines, elle est elle aussi menacée de disparition à l’état naturel et a été déclarée « fleur nationale » aux côtés de la Sampaguita. C’est une fleur de jasmin blanche et jaune avec laquelle sont fabriqués des colliers qui servent d’offrandes aux statuts religieuses en guide de respect. En dessous de 1 000 mètres, les bambous et les cocotiers ombragent les plaines. Les palmiers nipas et le rotin poussent partout à l’état sauvage ; vous remarquerez également de nombreux arbres fruitiers comme les papayers, les arbres de jackfruits, les arbres à durians, les bananiers et les abacas. Les plantations de cocotiers et de canne à sucre s’étalent à perte de vue.
Biodiversité en danger et initiatives
La biodiversité des Philippines est à la fois source d’émerveillement tant elle est riche, unique et grandiose, et à la fois source d’inquiétude tant le nombre d’espèces en voie de disparation augmente d’année en année. Il faut reconnaitre qu’en comparaison à d’autres pays, comme le Costa Rica ou certains pays européens qui mettent en place des politiques pour la préservation de leur environnement et de leur biodiversité, les Philippines sont un peu à la traine et les actions en matière de préservation prennent du temps pour se mettre en place. Toutefois, elles ne sont pas inexistantes, et citons par exemple la décision du gouvernement de fermer l’île de Boracay en 2018 pour deux années afin de restaurer l’île qui avait trop souffert du tourisme de masse. Ou encore la loi Arbor Day de 2012 qui stipule que chaque enfant philippin, d’au moins 12 ans, doit planter un arbre chaque année. Par ailleurs, les organismes et fondations de protection sont déjà nombreux et continuent de s’implanter (Waves for Water, Greenpeace, Forest Foundation…). D’autre part, les Philippines possèdent plus de 240 zones protégées (parcs nationaux, naturels, réserves…). Citons le parc national de la rivière souterraine de Puerto Princesa, classé à l’Unesco, le parc du mont Apo ou celui du volcan Mayon. Il reste à espérer que les consciences continuent de s’éveiller, que les initiatives ne cessent de fleurir rapidement, et que le tourisme responsable se développe davantage, pour pouvoir profiter de tout ce que la nature philippine a encore à offrir, sans la perturber.