Découvrez les Philippines : Religions

La religion et les croyances font partie intégrante de la vie quotidienne aux Philippines. Le pays est le seul État catholique d’Asie et le poids de l’Église est partout sensible. C'est la colonisation espagnole qui a laissé cet important héritage catholique. De nos jours, 79 % des Philippins appartiennent à l’Église romaine catholique et 9 % sont protestants ou adhérents à d’autres communautés chrétiennes indépendantes. La plus importante des minorités religieuses est représentée par les musulmans, qui comptabilisent environ 6,5 % de la population ; et quelque 2 % sont animistes. La foi omniprésente du peuple philippin est fortement marquée par la tolérance et le respect de l’autre. Et il n’est pas rare pour les Philippins de concilier leur foi religieuse principale et d’autres croyances, rituels païens et légendes locales. Enfin, cérémonies, messes, festivals : les religions rythment le calendrier du pays.

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Ferveur catholique

Le christianisme, plus précisément la foi catholique romaine, a été introduit dès le XVIe siècle avec l'arrivée de Ferdinand Magellan et des colons espagnols en 1521. Encore aujourd’hui, la fascination exercée par le Christ, considéré comme victime d’une oppression politique, est toute puissante, et près de 80 % de la population est catholique. On retrouve l’icône de l’enfant Jésus, Santo Niño, dans toutes les maisons. Parfois même, des autels sont installés dans la salle de séjour, pour la prière. Les chapelets, les phrases de la Bible et surtout la mention « God bless you » se retrouvent souvent accrochés aux rétroviseurs des Jeepney, des tricycles ou des voitures individuelles. Certains Philippins se signent même quand le véhicule démarre ou quand il passe devant une église. Il va sans dire que les Philippins sont très pratiquants : les églises sont bondées toute la journée et des processions nocturnes sont régulièrement organisées. La dévotion prend des proportions impressionnantes, qui frisent parfois le mysticisme. Ainsi, tous les ans, à San Fernando, pendant la Semaine Sainte, des fidèles se crucifient pour reproduire la passion du Christ en s’infligeant les mêmes souffrances. Les fêtes religieuses de la Semaine Sainte donnent lieu à des dévotions toutes particulières. Les sculptures sur bois défilent, montrant le Christ souffrant et des vierges pathétiques. La lueur des cierges et le silence du recueillement qui s’impose laissent place à une ambiance particulière. Les silences ne sont alors rompus que par les prières et les sons des tambours. Les chants expriment la foi, la douleur et l’espoir du peuple philippin.

Autres communautés chrétiennes

Le protestantisme a été introduit par les premiers missionnaires presbytériens et méthodistes qui sont arrivés avec les soldats américains en 1899. Aujourd’hui, le protestantisme est le troisième groupe religieux du pays (5,5 % de la population), derrière l’Islam. Au début du XXe siècle, deux églises philippines indépendantes ont été organisées et sont encore importantes aujourd'hui. Il s'agit de l'Aglipayan (Église indépendante philippine) du nom de son fondateur, Gregorio Aglipay, et de l'Iglesia ni Cristo (Église du Christ), fondées respectivement en 1902 et 1914. L’église Aglipayan mélange la liturgie catholique avec des traditions philippines, et elle s’est exportée dans des pays comme les États-Unis, le Canada ou l’Australie, où la communauté philippine est très présente. L'Iglesia ni Cristo préconise une adhérence plus stricte aux enseignements de la Bible et ses membres sont par exemple tenus de ne pas boire, fumer ou parier. Le nombre de ses fidèles a considérablement augmenté, avec près de 3 % de la population. Ses églises, avec leur architecture unique et imposante, sont des points de repère dans presque toutes les grandes villes.

Importance de l’Islam

L’Islam a été introduit aux Philippines au XIVe siècle lors des échanges commerciaux entre les Arabes et l’Asie du Sud-Est et a résisté à l’évangélisation des colons espagnols. Aujourd’hui, c’est le deuxième plus grand groupe religieux du pays, derrière le catholicisme. 6,5 % de la population serait musulmane. La majorité vit dans le sud du pays, dans la région de Mindanao et des îles alentour, où un tiers de la population est musulmane. Les communautés musulmanes font face à de nombreux problèmes de discrimination et de pauvreté, en plus d’être confrontées à des conflits qui sévissent depuis très longtemps entre notamment le gouvernement et des groupuscules extrémistes et séparatistes présents dans le sud de la région.

Les rituels païens

Les aborigènes païens sont des Anito – « anito » veut dire « esprit ». Le culte de l’anito consiste à faire des offrandes et à formuler des incantations. Les offrandes, appelées « halads », sont des victuailles disposées sur un autel, une petite plate-forme en branchages et feuilles de palmier surélevée dans un arbre. Le culte des esprits est cultivé et bien ancré. Ainsi, l’homme de la tribu utilise le poison de certaines plantes pour attraper les poissons dans la rivière. Il arrive parfois qu’il soit atteint d’une étrange maladie. L’homme pense alors qu’il a offensé les esprits de la rivière ; il faut donc les apaiser en effectuant des rituels, appelés « babaylans », pendant lesquels le prêtre du village brûle de l’encens et chante sur le bord de la rivière. Il se rend ensuite devant l’autel pour faire participer l’esprit de la rivière aux offrandes. Les rituels en concordance avec la nature se répètent. Un créateur suprême du nom de Mambabaya équilibre la terre et l’espace. On vénère les rochers, les montagnes, les arbres et les rivières. La vie spirituelle est très liée aux catastrophes naturelles, tels que les typhons, les raz-de-marée, les éruptions volcaniques ou les tremblements de terre : tous ces phénomènes renvoient au mysticisme et à la superstition.

Superstitions

Toutes sortes de superstitions ont cours aux Philippines. Les phénomènes surnaturels suscitent toujours l’intérêt de la population. Les Philippins sont en effet très sensibles à toutes sortes de croyances qui relèvent de la religion animiste, présentes à travers les légendes des anciens et des membres des ethnies. Les histoires sont racontées avec beaucoup de verve et semblent pimenter le quotidien : on croit ainsi à la magie des Anting-anting, des talismans soigneusement préparés par les sorciers et destinés à conjurer le mauvais sort (on vous en offrira peut-être en signe d’amitié) ; on croit aux pouvoirs des sorciers wack-wack de Siquijor ; on croit aux dons des guérisseurs de Baguio ; on croit aux fantômes, aux revenants, aux fées et aux monstres mythologiques. Mais plus encore, on croit à l’Aswang maléfique et surpuissant qui prend la forme d’un chien, chat ou cochon et surprend les femmes enceintes et les enfants la nuit. Dans le même registre, on croit à la Manananggal, femme tronc qui survole et surveille les maisons des femmes enceintes, et lorsque ces dernières sont endormies, sa langue géante transperce le toit des maisons et capture les bébés… Ce mélange de superstition et de folklore est encore très vivant de nos jours.

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