Découvrez les Philippines : Société (vie sociale)

Pour comprendre l’organisation de la société aux Philippines, il est intéressant de délaisser son prisme occidental pour adopter un regard neuf. Ne vous étonnez pas, par exemple, de tous ces gens qui papotent sur le pas de leur porte ou qui font des siestes qui semblent éternelles. Ce qui peut apparaitre comme de la nonchalance est en fait une autre façon de vivre, avec un rythme et des attentes différentes, dans un État marqué par la pauvreté. S’il est évident que chaque pays a ses codes et ses particularités, il faut cependant éviter de tomber dans le manichéisme. Le cas des Philippines est en ce sens intéressant puisque la vie sociale y oscille sans arrêt entre conservatisme et progressisme, tout à la fois marquée par ses diverses influences culturelles et religieuses. Sans tirer des généralités, voici un aperçu de l’organisation du pays au niveau de l’éducation, de la famille et de la situation des femmes et des personnes LGBTQ+.

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Les enfants

Avec plus de 32 millions d’enfants âgés de 14 ans et moins, il faut s’attendre à rencontrer ces petits chérubins partout. Choyés par des parents gagas, ils occupent une grande place dans la société. Bons vivants, les enfants s’amusent avec un rien, toujours à l’affût d’un nouveau jeu : ainsi, les courses de roues équilibrées à l’aide de bâtonnets et les courses à pied sur la plage vont bon train. Très dégourdis, ces marmots prennent très tôt l’habitude de participer aux tâches domestiques. Si le gouvernement a adopté ces dernières années plusieurs lois en faveur de la protection des enfants (dont 13 lois sur la cybercriminalité et l’exploitation des enfants, une loi contre le mariage des enfants, une pour l’éducation des enfants avec un handicap), le pays a encore de nombreux défis à relever pour leur bien-être. Car, par exemple, près d’un million d’enfants vivrait dans la rue et 3 % des enfants seraient forcés à travailler.

L'éducation

L’école est obligatoire entre 5 ans et 17 ans et l’année scolaire commence en juin et se termine en mars ou avril. L’école est une préoccupation pour les parents, qui ont parfois du mal à assumer le coût de la scolarisation des enfants. En effet, les écoles publiques – gratuites – n’ont pas toujours bonne réputation, surtout à partir du secondaire. C'est pourquoi les parents doivent souvent envoyer leurs enfants dans des écoles privées, qui sont nombreuses mais chères, et dont le niveau est souvent plus élevé. Malgré cette inégalité et cette différence de niveau entre les établissements publics et privés, le pays maintient une éducation de bonne qualité par rapport à ses voisins, avec moins de 3 % d’illettrés âgés de plus de 15 ans. L’éducation, calquée sur le modèle américain, se découpe comme suit : école primaire (elementary school), secondaire ou collège (high school), écoles supérieures et universités (colleges, universities). Toutefois, même si une amélioration est notée (augmentation du nombre d’écoles et de professeurs), l’éducation aux Philippines est encore loin d’être exemplaire : il y a toujours trop d’enfants qui ne vont pas à l’école car ils travaillent ou parce qu’ils n’y ont pas accès, c’est surtout le cas dans les zones rurales. Parallèlement, le pays comptabilise, en 2023, 327 000 infrastructures pour l’école primaire, et seul un tiers de ces écoles est en bonne condition. Les autres doivent être rénovées. Un manque de place et de matériel est aussi constaté.

La condition des femmes

Politiciennes, scientifiques, portes-parole, maires de villes et villages, journalistes influentes... : de nombreuses femmes accèdent à tous les postes clés. Cette présence des femmes sur la scène publique est un indicateur important des avancées pour l’égalité des genres. Les Philippines font exception en Asie du Sud-Est sur les questions de la condition des femmes, puisqu'elles ont obtenu, par exemple, le droit de vote en 1933, avant même l’indépendance du pays. À titre de comparaison, en France, les femmes n’ont obtenu le droit de vote qu’en 1944. Cette réalité ne doit pas occulter que la condition des femmes aux Philippines reste très précaire (inégalités salariales, inégalités des chances, discriminations, sexisme, cantonnées au foyer familial, prostitution, etc.). Et le poids de l’Église catholique notamment se fait ressentir. Ainsi, les Philippines restent l’un des seuls pays à ne pas avoir de loi sur le divorce et à interdire l’avortement (sans exception pour les cas de malformation, inceste ou viol). Chaque année, plus d’un million d’avortements sont pratiqués de façon clandestine et plus de 2 000 femmes meurent de complications. En résumé, il reste de nombreux progrès à faire pour améliorer la condition des femmes.

La structure familiale

Le mariage est une fin en soi, un passage obligé, une tradition, une culture. Dès l’âge de 18 ans, rares sont ceux qui y échappent. Certains attendent impatiemment leur majorité, d’autres ne s’en donnent même pas la peine et se marient avec le consentement mutuel de leurs parents. Avoir plusieurs enfants est la suite logique de l’événement. Face à ce conformisme social, le célibataire intrigue. Il fait l’objet d’une certaine suspicion. Cependant, la nouvelle génération est moins conformiste. Certains jeunes Philippins vivent même en concubinage. Les divorces sont interdits (à quelques exceptions près et sous condition de procédures très longues et coûteuses). Dans ces conditions toutefois, peu nombreux sont celles et ceux qui sortent du modèle traditionnel de la famille. Et le sens de la famille, très poussé, se transmet de génération en génération. Ceci explique en grande partie que rares sont les jeunes qui éprouvent, à l’âge de leur majorité (18 ans), un besoin d’indépendance. L’insécurité de l’emploi et les difficultés de la vie quotidienne les poussent à rester au sein de la famille. En conséquence, il n’est pas rare que plusieurs générations vivent sous le même toit.

La communauté LGBTQ+

Les relations entre personnes de même sexe n’ont jamais constitué un crime et sont donc fort heureusement légales dans le pays. À l’exception de zones rurales ou conservatrices, la communauté LGBTQ+ est plutôt bien intégrée. Les associations sont nombreuses et les avancées sont constantes, malgré la pression de l’Église. Par exemple, en 2016, Geraldine Roman devenait la première femme transgenre élue au Congrès, et plusieurs villes ou villages ont, à leur tête, une personnalité homosexuelle. Cependant, il reste de nombreux problèmes de discrimination, d’inégalité et de violences à résoudre pour atteindre une acceptation et une égalité totales.

L’hospitalité philippine

En évitant de tomber dans l’écueil des stéréotypes et des clichés nationalistes, on peut tout de même constater que dans l’ensemble, les Philippins marquent par leur hospitalité et leur joie de vivre. Tristement habitués aux catastrophes naturelles comme les typhons ou tremblements de terre, ils font aussi preuve d’une grande résilience face à cette nature qu’ils savent indomptable. Le Bayanihan, un concept très ancré dans la culture philippine, désigne tout à la fois l’esprit de camaraderie, de communauté et d’aide mutuelle. Face aux difficultés du quotidien ou face aux catastrophes naturelles justement, ils sont solidaires et toujours prêts à rendre service aux autres.

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