Histoire Histoire

Théâtre de multiples invasions, l’Histoire du pays est essentiellement marquée par une longue lutte pour l’indépendance et la liberté. Après avoir vu débarquer les premiers navigateurs de l’espèce humaine, l’archipel a été placé sous le joug de la colonisation espagnole pendant près de 300 ans. Et les Philippines n’ont pas été épargnées puisque s’en sont suivis des révolutions, une guerre américano-philippine, des conflits internes et politiques et des catastrophes naturelles. Mais le pays a également vu naitre des personnalités lumineuses qui ont rayonné par leur courage et leur soif de liberté, et qui aujourd’hui encore sont considérées comme des héros nationaux. Tant d’évènements et d’influences multiples, qu’elles soient hispaniques, américaines ou chrétiennes, ont contribué à faire des Philippines, un archipel-mosaïque à l’histoire mouvementée et passionnante qui continue de s’écrire jour après jour.

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Premières présences humaines

En 2018, des chercheurs découvrent des fossiles attestant d’une présence pré-humaine sur l’île de Luzon, il y a environ 700 000 ans. Jusqu’alors, les traces les plus anciennes dataient de 67 000 ans, il s’agissait d’un ossement appartenant à l’espèce homo luzonensis ou Homme de Callao. Les premières traces d’Homo sapiens remontent à 40 000 ans. Il s’agit de populations venues d’Asie du Sud-Est, des chasseurs-cueilleurs.

Vers 2500-1500 avant J.-C.

Les Austronésiens quittent Taïwan pour aller s’installer dans le nord des Philippines, avant de s’étendre sur tout l’archipel et de s’assimiler avec les premières populations. Ce sont possiblement les premiers navigateurs de l’espèce humaine.

Vers 800-1000 après J.-C.

Les communautés chinoises arrivent et les activités commerciales avec les peuples d’Asie du Sud-Est se développent, surtout l’Indochine et Bornéo puis la Chine. Le mélange de ces peuples s’effectue sans problèmes majeur. Les Philippins n’ont pas de langage commun, mais les dialectes principaux sont le tagalog, l’ilocano et le bicol.

Les débuts de la colonisation espagnole

En mars 1521, Fernand de Magellan, le grand navigateur portugais naturalisé espagnol, débarque près de l’île de Samar. Il fait connaître les Philippines au reste du monde et convertit peu à peu les chefs indigènes au christianisme.

1491-1542

Le Général Lapu-Lapu

Le roi Lapu-Lapu règne sur l’île de Mactan, à quelques kilomètres de Cebu, quand débarque Magellan et les colons. Il est le premier chef de tribu à avoir refusé l’évangélisation et à s’être opposé avec une vive résistance aux Espagnols. Le navigateur européen y trouva la mort. Cette bataille de Mactan, restée célèbre, symbolise le premier triomphe des Philippins pour préserver leur liberté.

1502-1572

Miguel López de Legazpi

Il est né dans une famille noble espagnole. À 26 ans, déçu par son héritage, il part pour Mexico. En 1564, il est mandaté par le vice-roi de la Nouvelle-Espagne (Mexique actuel) pour mener une expédition jusqu'aux îles des épices (Moluques). C’est ainsi que le 13 février 1565, Legazpi et son équipage arrivent aux Philippines, sur l'île de Cebu. Il y construit les bases des premières colonies espagnoles. Legazpi conquiert Manille 6 ans plus tard et le 24 juin 1571, il signe un traité de paix avec les habitants de Manille et forme une enclave espagnole (l’actuel quartier Intramuros). Il devient le 1er gouverneur général espagnol des Philippines et s'emploie à convertir les autochtones à la religion catholique. En 1572, il meurt à Manille.

1574

La première révolte philippine

Le peuple philippin ne baisse pas les bras devant la montée en puissance des conquistadors. La première révolte philippine est menée par Lakandula, le dernier roi de Manille, qui avait accueilli Legazpi. Après la mort de ce dernier, les Espagnols ne tiennent pas leurs promesses et la population est de plus en plus maltraitée. La révolte éclate, mais sans succès. En dépit des efforts réitérés des Portugais et des Hollandais pour chasser les occupants de l’archipel, les Espagnols tentent de s’y installer définitivement. Un siècle suffira à ces conquérants pour faire table rase des cultures locales.

Du XVIe au XVIIIe siècle

La domination espagnole

L’archipel reçoit le nom de l’infant Philippe, prince héritier de la couronne de Castille et futur roi sous le nom de Philippe II d’Espagne. Les îles sont baptisées « Felipinas ». Le peuple philippin, déjà habitué à accueillir les visiteurs sur son rivage, voit arriver la seconde vague de conquistadors espagnols (1564). C’est le début de 300 années de domination espagnole. Les activités principales sont alors tournées vers la mer. Le christianisme se répand à Luzon et aux Visayas, mais à Mindanao, la religion musulmane s’avère la plus forte. Les Philippins perdent petit à petit leurs langues et leurs écritures. Les croyances occultes et les clans familiaux deviennent alors les seuls refuges pendant toutes ces années sous domination espagnole. Les Philippines sont à l'époque administrées par le vice-roi du Mexique. En 1821, après l’indépendance du Mexique, Madrid exerce une souveraineté directe sur les Philippines. Toute la durée de cette occupation est marquée par de nombreuses rébellions. Plus de 100 soulèvements ont lieu, dont certains visent à renverser le pouvoir établi. Les terres sont redistribuées aux communautés religieuses qui exploitent les fermiers établis sur leurs propriétés.

XIXe siècle

Le déclin de l’Espagne

L’empire espagnol commence à connaitre des difficultés diverses et à décliner. À la fin du siècle, ce n’est plus qu’une puissance européenne secondaire et affaiblie.

1896-1898

La révolution philippine

C’est un épisode majeur de l’histoire des Philippines puisqu’elle met fin à 300 ans de colonialisme espagnol et aboutit à l’indépendance du pays, le 12 juin 1898, et à l’instauration d’une République.

1861-1896

José Rizal

Il est né près de Manille et très tôt se découvre des dons artistiques en tout genre (peinture, sculpture, littérature). Après ses études, il devient poète et docteur en médecine. À 21 ans, il part voyager en Europe où il participe à la vie intellectuelle de Barcelone, Londres, Berlin et Paris. En 1887, son premier roman intitulé Noli me tangere (Ne me touche pas) est publié à Berlin. L’œuvre dépeint les souffrances du peuple philippin sous la tyrannie espagnole. Par la suite, ses ouvrages à tendance nationaliste circulent sous le manteau dans l’archipel. En 1892, les Espagnols, qui le surveillaient, l’arrêtent et l’exile à Dapitan, au nord de Mindanao. Il y reste 4 ans avant d’être victime d’un faux procès et d’être fusillé, à 35 ans, par les autorités espagnoles le 30 décembre 1896. Il laisse derrière lui l’Ultimo Adios, un poème composé dans sa cellule qui est resté célébrissime aujourd’hui. Il est un héros national.

1898-1901

La guerre américano-philippine

Pendant que les Philippines se battent pour leur indépendance, les États-Unis signent le traité de Paris avec l’Espagne, stipulant que l’Espagne doit céder sa colonie. Les États-Unis achètent donc l’archipel. Cet accord ne plait aux Philippins naturellement, qui à peine sortis du joug d’un empire, se voient placés sous l’emprise d’un autre. Le Président Aguinaldo se sent trahi par les Américains et déclare la guerre en 1899. Les Philippins résistent face à des Américains bien mieux équipés mais en 1901, le Président est capturé et les États-Unis déclarent la guerre officiellement terminée. En réalité, les conflits durent encore une dizaine d’années.

Première ½ du XXe siècle

Vers une indépendance fragile

À la confrontation succède la cohabitation. Les Américains ne souhaitent pas commettre les mêmes erreurs que les Espagnols. Ils s'emploient alors, dans un premier temps, à lutter contre les nationalistes extrémistes et finissent par imposer un système économique complètement dépendant des États-Unis, laissant place à une période de progrès. Le parti nationaliste créé en 1907 se maintient au pouvoir, sous le contrôle américain, jusqu’en 1946. Ce parti, constituant l’élite restreinte, réclame l’indépendance mais redoute de rompre les liens économiques avec les États-Unis. Au sein de ce groupe, deux hommes, Manuel Quezon et Sergio Osmeña, s’affronteront. Mais dès le début de l'année 1929, plusieurs paramètres amènent Washington à envisager l’indépendance des Philippines : la crise économique de 1929, le mécontentement des agriculteurs américains qui redoutent la concurrence des produits philippins ou encore l’hostilité face à l’entrée de la main-d’œuvre philippine. Ainsi, en 1934, le Président Roosevelt reconnait la nouvelle Constitution des Philippines, qui entrent dans une période d’indépendance sous tutelle appelée « Commonwealth ». Manuel L. Quezon devient président.

4 juillet 1946

La déclaration d’indépendance

Jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale, les Philippines vivent en paix et ce jusqu'en 1942 où le drapeau japonais se met à flotter sur Manille. Le mouvement de résistance paysanne d’inspiration communiste, Huk, se met en place. Le Général Douglas MacArthur qui était à la tête des forces alliées dans le Pacifique, fut contraint de quitter le pays et il eut ces mots, restés célèbres « Je reviendrai ». Durant toute la durée de la guerre, les Philippines vivront sous l'occupation japonaise. En 1944, MacArthur revient avec ses troupes sur l'île de Leyte et marque le début de la libération. Et le 4 juillet 1946, l'indépendance nationale est déclarée. Manuel A. Roxas devient Président. Les États-Unis conservent cependant des privilèges commerciaux. En contrepartie d’une aide militaire, ils obtiennent la cession de 23 bases militaires pour 99 ans. Roxas est confronté à une énorme tâche : reconstruire entièrement le pays, dont l’industrie et l’économie sont ruinées.

1965-1986

La dictature de Ferdinand Marcos

Il met en place une politique intérieure qui relève la production agricole et industrielle du pays. Il est réélu en 1969 et mène alors une politique proaméricaine, ce qui lui met à dos les paysans délaissés. Devant la contestation grandissante, il proclame la loi martiale en 1972 et fait arrêter son principal opposant, Benigno Aquino. Il instaure un régime dictatorial.

1986-1992

Le mandat de Cory Aquino

L'assassinat de Benigno Aquino le 21 août 1983 va déclencher une campagne antigouvernementale qui mènera à l’élection de sa veuve, Cory Aquino. Marcos est contraint à l'exil. Mais l'apprentissage de la démocratie s'annonce difficile. D'autant que les catastrophes naturelles, comme l'éruption du volcan Pinatubo en 1991, entraînent des effets économiques désastreux qui affaiblissent le gouvernement de Cory Aquino.

Désillusions de fin de siècle

En 1992, le général Fidel V. Ramos, ancien ministre de la Défense, est élu pour un mandat de six ans. Son gouvernement essaie de reconstruire le système politique, pour venir à bout des handicaps sociaux et économiques du pays. En 1998, il cède sa place au très populaire Joseph E. Estrada. Cet ancien acteur, vice-président sous Ramos, est très médiatique. Décrit comme un homme bien entouré, qui s'intéresse aux plus démunis, il est le nouvel espoir du pays. Et ce jusqu'en 2001, lorsque accusé d'avoir touché des millions de dollars de pots-de-vin et d'avoir détourné l'argent public, il est destitué. Fidel Ramos meurt en 2022.

Crises politiques

Gloria Macapagal-Arroyo prend sa place en 2001. Elle entend mettre un terme aux problèmes de corruption et à la crise politique engendrée par les revendications du groupe séparatiste islamique MILF (Moro Islamic Liberation Front) qui sévit à Mindanao. Elle est réélue en 2004. Mais le blocage politique et institutionnel et la persistance d'un climat d'insécurité et de violence fragilisent le pouvoir, comme le montrent les combats violents qui ont lieu entre les insurgés musulmans et les forces gouvernementales.

Aux élections de 2010, Benigno « Noynoy » Aquino, fils de l'ancienne présidente Cory Aquino, est élu Président. Ce dernier s'était donné l’objectif de lutter contre la corruption endémique et de pacifier le pays en réglant la question des groupes armés au Sud. Il est décédé en 2021.

En 2016, Rodrigo Duterte, candidat anti-establishment, est élu président sur la promesse « d'éradiquer la criminalité » en six mois. Il mène une guerre antidrogues sans précédent, vivement critiquée à l’international pour sa violence. Des milliers de personnes auraient été tuées. La même année, Geraldine Roman devient la première personne transgenre à être élue au Congrès.

Maria Ressa

Née en 1963 à Manille, elle est devenue journaliste et essayiste et a commencé sa carrière chez CNN en se spécialisant dans les réseaux de terrorisme. Elle est connue pour avoir cofondé, en 2012, le média en ligne Rappler et en être encore aujourd’hui la directrice. En octobre 2021, elle reçoit le prestigieux Prix Nobel de la paix, en binôme avec le journaliste russe Dmitri Mouratov. Ce prix vise à récompenser leur travail d’investigation et de lutte contre la désinformation. Du fait de ses positions critiques, envers la politique de son pays, elle est régulièrement la cible d’accusations et de poursuites. En 2023, elle a été acquittée après avoir été accusée d’évasion fiscale.

De nos jours

Les dernières années ont été marquées par plusieurs catastrophes naturelles qui ont engendré des pertes humaines et matérielles conséquentes. En 2013, les Philippines sont frappées par le super typhon Hayian, le plus grave de leur histoire. Il cause la mort de plus de 7 000 personnes notamment sur les îles de Leyte et Samar. En 2021, le super typhon Rai (aussi appelé Odette) ravage Bohol et Siargao, entre autres (400 victimes et des dégâts toujours visibles).

Par ailleurs, entre 2020 et 2022, comme le reste du monde, les Philippines sont lourdement impactées par le Covid, avec de nombreuses conséquences notamment sur l’industrie du tourisme (- 36 % au premier trimestre 2020).

En mai 2022, Ferdinand Marcos Junior est élu Président pour un mandat de 6 ans. Il marque le retour de la famille Marcos en politique, 36 ans après que son père, l’ancien dictateur, a été évincé du pouvoir.

Sur la scène internationale, en avril 2023, les Philippines ont effectué, comme chaque année, des exercices militaires de très grande ampleur avec leurs alliés américains (près de 20 000 soldats) près de l'île de Taïwan dans le but d'endiguer l'influence de la Chine.

Top 10 : Personnages historiques

L’histoire si particulière des Philippines regorge de personnalités fortes et avides de liberté qui ont marqué leur époque et qui, sont pour certaines, de véritables héros nationaux. Voici un aperçu de dix d’entre elles dont vous croiserez certainement la trace lors de vos péripéties dans l’archipel.

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LAPU-LAPU (1491-1542)

Roi de l’île de Mactan, il fut le premier chef à avoir résisté à l’invasion espagnole et à Magellan.

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MUHAMMAD KUDARAT (1581-1671)

Sultan de Mindanao, il a uni les Musulmans de sa région pour défendre la liberté philippine.

GABRIELA SILANG (1731-1763)

Première révolutionnaire, elle symbolise le rôle des femmes dans les luttes contre les Espagnols.

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MELCHORA AQUINO (1812-1919)

« Mère de la révolution », elle cachait et soignait des révolutionnaires blessés dans son magasin.

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MARCELO H. DEL PILAR (1850-1896)

Poète satirique, connu sous le nom de plume Paridel, il s’est battu contre l’impérialisme espagnol.

JUAN LUNA (1857-1899)

Peintre, sculpteur et activiste révolutionnaire, c’est l’un des premiers artistes reconnus du pays.

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JOSE RIZAL (1861-1896)

Poète qui a joué un rôle important pour l’indépendance de son pays sous la colonisation espagnole.

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ANDRES BONIFACIO (1863-1897)

Il fut l’un des chefs de la révolution philippine – la première en Asie – contre les Espagnols.

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EMILIO AGUINALDO (1869-1964)

Premier Président des Philippines, il signe la déclaration d’indépendance du pays le 12 juin 1898.

CORY AQUINO (1933-2009)

En 1986, elle est élue face à F. Marcos et devient la première femme Présidente des Philippines.

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