Lorsque l'on pense à l'Iran, les images de la Perse éternelle défilent naturellement : Ispahan, Chiraz, Yazd, Persépolis... Et ce n'est pas un hasard si, sitôt les frontières de ce splendide pays ouvertes, ces destinations se retrouvent aux avant-postes des sites les plus courus par les premiers touristes occidentaux. Pour autant, en Iran comme ailleurs, il existe des sentiers secrets, des villages plus difficiles d'accès, des sites trop écartés pour tenir dans les plannings serrés des voyagistes. Tour d'horizon des plus beaux sites méconnus de l'Iran.
Tabriz, l'ancienne capitale, et Kandovan
Située sur l'ancienne Route de la soie, où elle faisait partie des principales étapes caravanières, Tabriz, l'ancienne capitale iranienne, est demeurée un grand centre d'échange et de commerce. Son bazar, dont les boutiques s'étendent à perte de vue dans des allées toujours bondées de monde, est certainement le plus grand du pays et celui qui a conservé le plus de caractère. Au fil des allées couvertes, de caravansérail en atelier de tapis, on va de rencontre en rencontre dans ce qui est finalement une caverne d'Ali Baba hors de toutes proportions. Tapis, soieries, objets d'artisanat nomade mais également fruits secs, bijoux ustensiles en cuivre, chinoiseries, épices, légumes... C'est un étalage sans fin qui défile sous les yeux du visiteur, une vitrine de ce que le pays peut offrir de meilleur, et que la gentillesse des Iraniens - ici, en réalité, majoritairement des Azéris - vient compléter pour la chaleur de l'expérience humaine. Quelques chiffres pour faire tourner la tête : le bazar de Tabriz, ce sont 36 km de ruelles et 5 555 boutiques réparties sur 75 hectares.
Centre commercial de toute première importance, Tabriz était surtout, et demeure, réputée pour ses tapis. En écumant l'allée de gauche, en arrivant depuis l'avenue Imam Khomeiny, vous trouverez les principaux marchands spécialisés. Certains ne sont que des négociants, proposant ce qu'il ont trouvé de mieux dans le pays, d'autres fabriquent eux-mêmes, de sorte que l'on en trouve un peu pour tous les prix, et de toutes les qualités. Profitez-en, car les touristes sont peu nombreux par ici et les tarifs n'ont pas été satellisés comme ailleurs ! Ayant été à plusieurs reprises capitale de l'Iran, Tabriz regorge en outre de monuments, musées et maisons historiques dignes du plus grand intérêt. Au musée municipal, construit dans les années 1930 par un architecte allemand et qui se veut une évocation de l'aigle du IIIe Reich, vous pourrez admirer un ensemble de tapis à nul autre pareil. Commandé en 1941 pour orner la mairie, il est constitué d'une pièce centrale de 7 mètres par 16, entourée d'autres tapis de 5 mètres par 4 ou 8 mètres ; vu du ciel, l'ensemble ne forme plus qu'un seul et même ouvrage. Une splendeur ! À deux pas de là, le musée de l'Azerbaïdjan est l'un des plus beaux et des plus intéressants du pays avec ses 3 000 m2 consacrés aux fouilles archéologiques de la région et présentant des pièces remontant au Ve millénaire avant notre ère. Juste à côté, la Mosquée bleue convoque tous les credo de l'art islamique à travers les belles mosaïques bleues de sa façade timouride. Juste derrière, des travaux d'aménagement ont mis au jour un cimetière de l'âge du fer, avec près de 40 sépultures, particulièrement intéressant à visiter. Derrière le bazar, d'autres édifices comme la maison de la Constitution ou la maison Qadjar, deux splendides demeures traditionnelles, ou le mausolée des poètes, permettent de prendre la mesure de l'importance de Tabriz dans la grande histoire iranienne.
Changement de décor au sud-ouest de la ville, autour du parc El Goli. Là, les centres commerciaux modernes côtoient les hôtels dernier cri alors que dans le parc lui-même, les meilleurs restaurants de la ville cuisinent en continu les recettes traditionnelles de la région comme les boulettes de viande, réputées dans tout l'Iran pour leur taille et leur saveur.
À quelques encablures de la capitale régionale, Kandovan est l'un de ces sites phares qui vous poussent encore à sortir des sentiers battus. Le village, littéralement creusé dans la roche, est l'un des plus photogéniques du pays. Le labyrinthe de ruelles de terre serpente entre les habitations troglodytes offrant de superbes vues sur les cultures de la vallée en contrebas.
Vers la Caspienne
Sans quitter l'Azerbaïdjan iranien, il faudra prendre la direction de la Caspienne pour rejoindre Ardebil. Son bazar est bien moins étendu que celui de Tabriz mais n'en dégage pas moins de charme. Soieries et tapis y sont également à l'honneur. Ne manquez pas la visite du mausolée du Cheikh Safi Od-Din (1252-1334), un aïeul de Shah Ismaïl, le fondateur de la dynastie Safavide. Plafonds et murs de ce lieux saint sont recouverts de petites feuilles d'or alors qu'une salle est entièrement creusée de centaines de niches en porcelaine colorée. Un véritable trésor !
À une trentaine de kilomètres au sud-ouest, la petite ville de Sar Ein est surtout prisée des Iraniens pour ses sources thermales, réputées pour leurs vertus curatives. Leur popularité a entraîné l'apparition d'un parc hôtelier d'où il est facile de rayonner dans les alentours.
Les secrets de Kermanshah
Cap sur le Kurdistan iranien, où se trouve l'une des plus anciennes cités d'Iran, fondée à la fin du IVe siècle par les rois sassanides. Rasée à plusieurs reprises, en particulier par les Mongols, son emplacement stratégique sur les routes caravanières lui a permis de renaître chaque fois. Dans les environs de la ville les visiteurs pourront admirer des trésors archéologiques comme les bas-reliefs de Bisotun ou de Taq e Bostan. Situé à quelques kilomètres au nord, " l'arc du jardin " présente un des plus beaux ensembles de bas-reliefs et de grottes sculptées de cette partie du pays, considéré comme le chef-d'oeuvre de l'art sassanide. Une quarantaine de kilomètres à l'est de la ville, il faut absolument visiter le site de Bisotun. Sur la paroi rocheuse d'une falaise surplombant l'ancienne Voie royale, une série de bas-reliefs géants évoque l'accession au trône de Darius Ier et ses victoires sur ses ennemis. Un spectacle immanquable !
Les trésors archéologiques d'Ahvaz
Faisant route au sud, vers le golfe persique, suivant la Voie royale achéménide qui reliait Suse à Persépolis, on oscille entre les mondes perse et arabe. L'industrie pétrolière devient partie intégrante du paysage, avec de malheureux centres industriels barrant l'horizon. C'est pourtant bien ici que se trouve le berceau de la civilisation élamite, disparue lors de l'essor achéménide, et les amateurs d'archéologie feront bien de franchir cette barrière esthétique pour découvrir une région historiquement très riche. Le grand Ziggourat de Chogha Zanbil ou les ruines de la forteresse d'Haft Tepe sont les visites incontournables du Khuzestan.
Kerman
En piquant droit vers l'est, vers le désert, et en dépassant Chiraz, on prend vite conscience de la difficile destinée de Kerman, poste avancé dans les sables, écrasé de chaleur et où l'essentiel de l'activité ne peut se tenir qu'en matinée ou en soirée. Pourtant, cette position à la limite des civilisations a offert à la ville, après des siècles de destructions et d'invasions, l'opportunité d'échanger avec les tribus nomadisant dans le désert, drainant des produits venus de Chine, d'Inde ou d'Asie centrale. Devenue une grande cité caravanière sur la Route de la soie, Kerman a conservé un bazar attractif et animé ainsi que de beaux vestiges safavides.
Infos futées
Quand ? Il y a deux périodes privilégiées : de mi-avril à mi-juin et de mi-septembre à mi-novembre. Le reste de l'année n'est toutefois pas exclu. Durant la grande canicule estivale, les séjours en montagne restent par exemple agréables. Au coeur de l'hiver, les conditions de circulations sont parfois difficiles en montagne, en raison des chutes de neige - mais rien d'insurmontable pour autant. Et toujours, dans le cas d'un séjour hors saison, le plaisir de voyager en dehors des clous, au plus proche de la vie locale ! La période du Ramadan n'est pas idéale, comme c'est le cas pour d'autres pays musulmans. De nombreux services et restaurants restent fermés toute la journée.
S'y rendre. Nombreux vols entre Paris et Téhéran pour moins de 200 € avec la compagnie low-cost Pegasus. La contrepartie est une escale à Istanbul rive asiatique. Compter le double avec la compagnie nationale Iran Air en vol direct.
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