Les musique et danse traditionnelles
Île flottant au cœur de l’océan Indien, les Maldives ont naturellement été influencées par l’Inde, le Moyen-Orient et les pays d’Afrique de l’Est. Et c’est d’ailleurs de cette dernière que provient la tradition musicale la plus connue des Maldives : le bodu beru. Probablement introduit au XIe siècle par des esclaves africains amenés sur place par des marins marchands, le bodu beru est un ensemble de danses et de chants mettant en scène une vingtaine de personnes, trois gros tambours (baptisés également bodu beru), une cloche et un onugadu (pièce de bambou que l’on gratte avec un bâtonnet). Les chants, en arabe ou en dhivehi, sont généralement exécutés par les danseurs en mouvement, accompagnés d’un chœur et évoquent l’héroïsme ou la romance quand ils ne sont pas purement abstraits. Proche d’une musique de transe, le rythme lent s’anime progressivement, jusqu’à atteindre un rythme frénétique paroxystique. Une pratique aussi envoûtante que spectaculaire, emblématique de l’archipel des Maldives. C’est sans doute pour cette raison que l’on peut voir des représentations dans de nombreux endroits, les hôtels et maisons d’hôtes demeurant des adresses privilégiées. Parmi elles, citons Batuta Maldives Surf View Guest House à Thulusdhoo, Amazing Noovilu à Mathiveri ou Jupiter Sunrise Lodge à Keyodhoo. Côté interprètes, Ali Rameez, sans doute l’artiste maldivien le plus connu du début des années 2000, a pas mal inspiré sa musique du bodu beru.
Autre genre traditionnel très populaire aux Maldives, le thaara a lui aussi été introduit par des navigateurs mais cette fois-ci perses et au XVIIe siècle. Signifiant « tambourin » en dhivehi, le terme désigne aussi des danses et musiques à caractère semi-religieux. Elles sont interprétées par vingt-deux hommes (la discipline est uniquement masculine) assis en deux rangées parallèles et se faisant face. À l’instar du bodu beru, ici aussi les chants débutent sur un tempo très lent qui s’accélère progressivement. Les danseurs portent des pagnes et des chemises blanches et nouent un foulard vert autour de leur cou.
Dérivée du thaara dont elle emprunte les chants, le dhandi jehun est une cérémonie d’une heure en l’honneur des atolls. Effectuée par trente hommes, elle s’articule autour d’un chanteur principal, les autres membres vocalisant en chœur et dansant au rythme de la chanson. Si sa forme change d’atoll en atoll, elle voit généralement chaque danseur, généralement vêtu de blanc, être muni d’un dhandi, un bâton long de 90 centimètres frappé sur celui de son partenaire afin de rythmer la danse. Également dérivé du thaara dont il est une adaptation moderne, le langiri est une tradition chorégraphique apparaissant au début du XXe siècle. Interprétée par de jeunes hommes munis d’un bâtonnet de 60 centimètres, assis en deux rangées de douze, cette danse voit ses protagonistes osciller le haut du corps et frapper leurs langiris dhandis pour générer différents rythmes.
Les Maldives cultivent aussi des danses purement féminines, comme le bandiya jehun, une adaptation locale d’une tradition indienne dite « danse du pot ». Uniquement interprétée par des jeunes filles, elle voit ces dernières danser assises ou debout en portant dans leurs bras des pots métalliques qu’elles frappent en rythme. Afin d’accroître l’intensité du son produit, elles portent également des bagues en métal. De nos jours, les danseuses s’accompagnent d’instruments de musique comme le tambour ou l’harmonica.
Un peu moins courantes citons tout de même des traditions comme Bolimalaafath Neshun, danse purement féminine et relatant une ancienne tradition où les femmes offraient des cadeaux au sultan lors d'occasions spéciales ; Fathigandu Jehun, forme folklorique masculine faisant encore intervenir des bâtons pour battre le rythme tandis qu’un groupe chante de grandes épopées ; et enfin Gaa Odi Lava, performance unique, exprimant généralement la satisfaction d’avoir achevé un dur labeur. Cantonnée à l’atoll de Thiladhunmathi, citons tout de même le Kadhaa Maali, une forme de musique et danse traditionnelle tout en tambours frappés, exécutée par une trentaine d’hommes vêtus de différents costumes.
La musique populaire
L’instrument national – ou du moins le favori des Maldiviens – est le kottafoshi, cithare à cordes pincées dotée d’un petit clavier, aussi appelé bulbul tarang dans le monde indien et cousin du taishōgoto japonais. Jeymu Dhonkamana est considéré comme un des grands joueurs de l’instrument. Beaucoup de succès du chanteur Naifaru Dohokko sont également accompagnés de bulbul.
Si vous demandez aux Maldiviens quel est le groupe local le plus populaire ayant existé, on vous répondra sans doute Zero Degree Atoll. Avec des racines ancrées dans des traditions telles que le Raivaru, un type de poésie traditionnelle, leur musique a été un énorme succès dès ses débuts dans les années 1990. Leur succès Heyambo, Marufali et Envaguvee demeurent des classiques de la musique locale. Un des membres du groupe, Ahmed Nashid (aussi connu en tant que Fuloo Nashid), a eu une fille, Nishfa, elle aussi chanteuse et digne représentante de la jeune garde maldivienne. Et en parlant de la jeune garde, n’oublions pas de mentionner Mariyam Unoosha, connue pour sa voix exceptionnelle et reconnue en tant que juge de l’émission populaire Maldivian Idol.