Découvrez la Nouvelle-Calédonie : Musiques et Scènes (Danse / Théâtre)

Confluences d’influences européenne, polynésienne et asiatique, la culture mélanésienne est un objet envoûtant. Et c’est en elle que réside l’âme kanak. Une essence qui transpire notamment dans la danse, pratique ici aussi artistique que spirituelle. Le pilou (ou pilou-pilou) est celle à laquelle les Calédoniens s’adonnent le plus souvent, ponctuant de nombreuses cérémonies données à l’occasion de naissances, mariages mais aussi après des catastrophes naturelles (comme des cyclones). Sa pratique fut d’ailleurs bannie par les autorités coloniales au XIXe siècle, notamment en raison de l’état de transe dans lequel elle pouvait plonger les danseurs. La Nouvelle-Calédonie est aussi une terre de voix comme le raconte sa musique traditionnelle, essentiellement constituée de chants, la plupart polyphoniques. Terre française située à 20 000 kilomètres de ses côtes, la Nouvelle-Calédonie est une famille éloignée que l’on se doit de visiter avec les yeux autant que les oreilles.

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Les musique et danse traditionnelles

Parmi les traditions les plus remarquables de Nouvelle-Calédonie, on trouve une multitude de chants. Les Taperas sont des chants religieux hérités des missionnaires, a cappella, souvent en chœur mixte polyphonique et quelquefois accompagnés de percussions. S’ils étaient à l’origine destinés à diffuser un message chrétien dans les langues locales, leur pratique transcende désormais le cadre du culte pour faire partie intégrante des traditions musicales kanak.

Autre tradition considérable, l’ae-ae est un chant vigoureux exécuté par deux hommes en alternance, mais avec de longues parties de chevauchement. Une véritable performance physique qui peut durer  jusqu’à une nuit entière. Accompagnés de percussionnistes qui battent des bambous à terre, les chanteurs bénéficient d’une certaine liberté dans leur interprétation et peuvent s’adonner à de nombreuses improvisations.

Impossible d’aborder les chants polyphoniques calédoniens sans mentionner l'Anethem, l’un des plus remarquables de l’archipel. Lui aussi introduit par les missionnaires anglais, ce chant mixte, exécuté à quatre voix, aborde des thèmes en lien avec la foi et invite notamment à l’engagement religieux ou à la repentance.

Côté danse, la grande tradition calédonienne se nomme le pilou. Derrière cette appellation douce et moelleuse se cachent à la fois la danse et la cérémonie durant laquelle elle intervient. Exécutée lors des célébrations importantes ou mineures, elle convie hommes et femmes à danser en spirale – mais séparés. Ils peuvent se rejoindre dans une dernière partie, aux rythmes plus lourds, marqués par les piétinements et où parfois, des combats peuvent être simulés.

Les fêtes locales sont des temps et des lieux privilégiés pour embrasser la culture calédonienne. Par exemple, la fête de Boulouparis, célébration du cerf et de la crevette où l’on assiste notamment à un concours du plus gros mangeur de saucisson de cerf ou à une compétition entre imitateurs du brame du cerf, est criblée de chants et danses traditionnels. On en voit également beaucoup à la fête de Ponerihouen, donnée en l’honneur de l’Igname et du Taro d’eau ou à celle du waleï, l’« igname sucrée » à Héo sur l’île d’Ouvéa.

La musique populaire

Bien que classée comme une musique actuelle, ne cherchez pas expression musicale plus emblématique de la Nouvelle-Calédonie que le kaneka : ça n’existe pas. Terme issu de la contraction de « Kadence née du kanak », il naît en 1984, dans un contexte de revendications larvées, préliminaires à la guerre civile à venir. A cette époque, Jean-Marie Tjibaou (l’illustre figure nationaliste et indépendantiste), alors membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie appellent les artistes kanaks à la composition d'un hymne dans le cadre de la préparation du 4e festival des arts du Pacifique. L’idée est de se démarquer du rock, du reggae et de la soul, très populaires en Nouvelle-Calédonie à l’époque, tout en valorisant l’identité et les différentes langues kanak.

Warawi Wayenece, musicien et musicologue est choisi pour composer cet hymne. Si le festival des arts du Pacifique est finalement annulé (du fait de la guerre), Warawi Wayenece a lancé la réflexion autour de la composition de cet hymne, accompagné de quelques musiciens, dont le fameux groupe Yata. Le résultat est l'enregistrement d’un album appelé Boenando qui, en mélangeant les rythmes traditionnels avec des instruments modernes (synthés, guitares électriques, etc.) et des esthétiques d’ailleurs (surtout le reggae), dessine le patron de la musique moderne kanak à venir. Le kaneka prend vie.

Dès les années 1990, une petite industrie commence à se former et tourner, portée par les premiers grands noms : Gilbert Tein, Moïse Wadra, Mexem ou Gurejele. C’est aussi à cette époque que le mythique studio Mangrove d’Alain Lecante enregistre les premiers titres qui se vendent à plusieurs milliers d’exemplaires. Le kaneka s’envole.

Depuis, les groupes et artistes se multiplient, le genre ne perdant pas en popularité. Ainsi, Edou est aujourd’hui l'un des ambassadeurs du kaneka ; Gayulaz s’impose comme l’un des groupes les plus populaires du pays avec son kaneka mélangé au folk mélanésien ; Celenod brille avec son kaneka très traditionnel et plus récemment, Boagan a fait voyager son kaneka très soul notamment aux Francofolies, Gulaan est connu en France parce qu’il est passé par The Voice et Hyarison est devenu une figure incontournable d'un kaneka de la nouvelle génération avec ses messages optimistes et engagés.

Les musiques actuelles

A l’instar du territoire métropolitain, au début des années 1980, la diffusion de l'émission H.I.P. H.O.P. va avoir l’effet d’une bombe sur la jeunesse calédonienne et favoriser l’éclosion d’une scène hip-hop. Cette dernière se manifeste dans un premier temps par le breakdance et le graff dans les quartiers de Nouméa avant que les premiers rappeurs ne fassent parler d’eux. Cela dit, ça n’est vraiment que vers le début des années 2000 que les rappeurs locaux commencent à commercialiser des albums, comme Section Otoktone qui en 2003 fait paraitre, le premier album de rap calédonien, revendicatif et bourré de désillusion.

Depuis, beaucoup d’artistes ont mené leur barque comme Ybal Khan, qui s’est imposé comme la figure tutélaire de toute la scène, Chavi parangon local du rap festif, Pacifika Hood ou Sanak plus austères et trap, ou encore plus récemment le duo Nasty & ReZa et leur rap conscient. N’oublions pas de mentionner Paul Wamo, incarnation calédonienne du slam.

Etant donnée l’attraction pour le genre dans l’archipel, les occasions d’en voir sur scène ne manquent pas. Il y a même un rendez-vous dédié, la Quinzaine du Hip Hop, qui se déroule dans plusieurs communes de la Province Sud et dont l’objectif et de fédérer un maximum autour de la discipline. La programmation est très axée autour de la danse mais l’évènement est aussi l’occasion de voir des rappeurs locaux se produire sur scène. Autrement, le Festnapuan propose chaque année un large éventail de genres dont le rock, le reggae et le hip-hop durant trois jours de concerts.

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