San Juan, une capitale historique à l’architecture somptueuse
Regroupant plus de 400 structures de style colonial, le quartier du vieux San Juan, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1983, détient quelques-uns des plus beaux exemples d’architecture coloniale espagnole du Nouveau Monde. À l’occasion des festivités de 1992, les autorités ont entrepris une rénovation majeure de certaines bâtisses. Dans les rues Santo Cristo ou Fortaleza, vous tomberez rapidement sous le charme des façades peintes en rouge framboise, bleu turquoise, jaune citron, rose pastel des vieilles maisons coloniales. Ces vieilles demeures habillées de superbes balcons aux ferronneries ouvragées bordent les pavés bleutés des rues du XVIe siècle du Viejo San Juan. En longeant le front de mer sur le Paseo del Morro jusqu’à la pointe de la péninsule, vous découvrirez l’impressionnant Castillo San Felipe del Morro ou El Morro. A l’époque coloniale, le port de San Juan devient le premier port d’escale pour le commerce d’Espagne aux Antilles et pèse pour le pouvoir militaire. Pour la couronne espagnole, il est urgent d’assurer la protection de ce commerce naissant. En l'honneur du roi Philippe II d'Espagne, les conquistadors bâtissent le Castillo San Felipe del Morro dès 1539. La construction de ses murs d’enceinte massifs en grès et de ses forteresses dure 250 ans et le fort est achevé en 1797. Cette citadelle emblématique qui culmine à 43 m au-dessus du niveau de la mer sur la pointe nord-ouest de l’île gardera la baie de San Juan pendant plus de quatre siècles. Pour repousser les assauts des autres puissances coloniales dans la région, notamment les Britanniques et les Hollandais, l’Espagne érige le plus grand fort jamais construit aux Amériques entre 1634 et 1765. Il s’agit du Castillo San Cristóbal. A la différence des autres fortifications conçues pour faire face attaques maritimes, San Cristóbal est construit pour résister aux attaques terrestres et surveille l’entrée est de San Juan grâce à un puissant système de réseaux extérieurs. Le Palacio de Santa Catalina, également connu sous le nom de La Fortaleza, est le plus ancien édifice militaire de l’île. Bâti entre 1533 et 1540 sous Charles V pour protéger l’entrée de la baie des attaques européennes et des autochtones, cette petite forteresse médiévale avec ses deux tours a subi de nombreuses transformations en cinq siècles. Jugée obsolète, elle fut aménagée en résidence du gouverneur de Porto Rico, ce qu’elle est toujours aujourd’hui. C'est d'ailleurs la plus ancienne résidence officielle encore en fonction dans les Amériques. 170 gouverneurs s’y sont installés depuis 1540. La façade bleue et blanche de ce palais néoclassique date du XIXe siècle.
De nombreuses places et églises sont à découvrir dans la vieille ville. La plaza de Armas qui abrite la mairie, conçue pendant la période coloniale, mérite le coup d’œil. A l’entrée du vieux San Juan, la plaza Colón pavée de marbre entoure la statue de Christophe Colomb, découvreur de l’Amérique et de Porto Rico en 1493. Au sud du vieux San Juan se trouve la Princesa, l’ancienne prison de la ville construite en 1837 (devenue l’office de tourisme) qui longe le superbe Paseo de la Princesa. L’église San José et la cathédrale San Juan Bautista sont des raretés architecturales dans les Grandes Antilles. L’église San José, dont la construction débuta en 1532, est l’un des premiers exemples de l'architecture gothique espagnole du XVIe siècle. Deuxième église bâtie dans les Caraïbes, elle a subi de nombreuses transformations au cours des siècles. La sobriété de ses lignes et de ses couleurs lui confère un aspect austère alors que son intérieur est richement orné, en particulier son plafond gothique tout à fait admirable. Ce chef-d’œuvre architectural inondé de lumière a abrité pendant 350 ans la dépouille du fondateur de la ville, Ponce de León, de 1559 à 1836, date à laquelle elle a été transférée dans la cathédrale de San Juan. Érigée en 1521 sous la supervision d'Alonso Manso, la structure initiale était en bois et recouverte d’un toit de chaume. Malgré les ouragans et les nombreuses attaques dans le passé, l’édifice gothique actuel ressemble énormément à l’original bâti il y a cinq siècles. Il abrite également le Colegio de Párvulos, la plus vieille école élémentaire catholique de Porto Rico construite en 1865. Sur les hauteurs de la ville de San German se dresse la très belle église Santo Domingo de Porta Coeli. Sa conception fut d’abord celle d’un monastère entrepris par les dominicains en 1609. Une chapelle fut ajoutée en 1692. Ce joyau de l’architecture coloniale fut la première église créole construite par les Espagnols dans le Nouveau Monde.
A l’est du centre, on retrouve l’influence du style néoclassique du XIXe siècle sur quelques bâtiments prestigieux bâtis autour du Capitolio dont la verticalité des colonnes et la blancheur éclatante des pierres impressionnent le visiteur. Monumental avec ses colonnes et son dôme, ce très élégant bâtiment achevé en 1929 abrite le Parlement portoricain.
La skyline de San Juan s’étend dans le quartier des affaires de Hato Rey au cœur du Golden Mile. A contre-jour, les nombreux buildings qui bordent le front de mer se détachent et donnent à l’eau des reflets argentés. La Carribean Sea View, tour moderniste bâtie en 1970, est avec ses 102 mètres le plus haut gratte-ciel de Porto Rico.
Le Ponce Créole
Ponce, la deuxième ville située au sud de l’île, a développé son propre style, le Ponce Créole, à la fin du XIXe siècle. Ce style a été appelé « créole » car il faisait penser à certaines maisons de La Nouvelle-Orléans. Les maisons élégamment décorées sont conçues pour résister aux ouragans et permettent de profiter des brises rafraîchissantes caractéristiques de la Caraïbe. Elles s’inspirent des traditions des Français, des Espagnols et des Caraïbes. Cette authentique architecture créole aux couleurs chaleureuses est considérée comme un trésor national. 500 millions de dollars ont été alloués à la restauration et à la préservation des vieilles bâtisses du cœur de Ponce. Reconnaissable par leur structure linéaire et leur mélange de bois, de stuc et de maçonnerie, les constructions présentent de larges porches avec des colonnes corinthiennes et des balcons en fer forgé. Elles sont visibles dans le quartier central de Ponce et datent des années 1890 aux années 1930 lorsque la ville, alors en pleine prospérité, était la plaque tournante du rhum, de la canne à sucre et du transport maritime. Ne manquez pas la superbe catedral de Nuestra Señora de Guadalupe de style néoclassique achevée en 1839 sur la plaza Las Delicias ainsi que le très coloré Parque de Bombas, la caserne des pompiers, une merveille ! Dans la rue Calle Isabel, on trouve de formidables témoignages de styles Criollo Ponceño (Ponce Créole) incorporant des détails du renouveau classique, du renouveau espagnol au style victorien. Les maisons de Blas Silva, surnommé « l’architecte des gâteaux de mariage », étaient particulièrement appréciées par les classes aisées. Elles comptent parmi les plus belles du Ponceño, cette architecture indigène de haut style. Parmi ses œuvres, citons la maison de Font-Ubides (Résidence Monsanto, 1913) à Calle Castillo numéro 34, facilement reconnaissable avec ses porches circulaires. Ses formes curvilignes et sa façade ornementées délicatement sont typiques de l’architecture néoclassique du XIXe siècle et présentent des détails d’Art nouveau. Parmi les autres œuvres Ponce Créole de Blas Silva, citons la résidence Frau également connue sous le nom de Résidence Subirá située au 107 de la Calle Reina. Construite en 1910, elle est l’un des symboles de l’âge d’or de Ponce, jadis capitale culturelle de Porto Rico. L’architecture Ponceño de ce bâtiment résulte en un mélange hybride d’influences raffinées. Silva a reproduit le mouvement Arts and Crafts ainsi que l’école des Beaux-Arts sur la majestueuse façade. Les colonnes sont gracieuses et légères, le porche est surélevé sur un étage de pierre. Enfin, la Résidence Salazar-Candal, située Calle Isabel numéro 53, qui abrite aujourd’hui le Musée de l’histoire de Ponce, fut elle aussi conçue par l’architecte Blas Silva en 1911. Le bâtiment en béton armé, en brique et en pierre avec son toit en tôle ondulée présente des motifs architecturaux disparates car il fut pensé pour un usage à la fois personnel et professionnel. Tandis que la maison familiale est surélevée et présente une façade asymétrique, délicatement ornée de motifs rococo, le bureau, lui, avec ses surfaces planes et ses contours simples, est bâti sur l’idée d’une garnison mauresque.
Aux alentours de Ponce, les centres cérémoniels indigènes de Tibes et Caguana vous ramèneront avant Christophe Colomb, au temps où les Taínos étaient le seul peuple indigène à occuper l’île qu’ils appelaient alors Boriquen. Le musée et le village reconstitué sont à voir ainsi que les sites archéologiques amérindiens. Vous y découvrirez quelques vestiges de l'art rupestre des indigènes sur des monolithes et des pétroglyphes mais aussi le Batéy (terrain) sur lequel les Taínos pratiquaient un jeu de balle sacré appelé le batú.
Quelques noms de l'architecture à retenir
Jorge Rigau, à l'origine de la naissance de l'université d'Architecture et de Polytechnique de Porto Rico (1995). Il est connu pour avoir construit la fontaine de la place principale de l'île de Vieques, la nouvelle entrée du vieux cimetière de Vega Baja ou encore la Résidence Spivak-Velilla à Bayamón.
Les deux autres grands architectes connus à Porto Rico sont Andrés Mignucci et Klumb Henry. Andrés Mignucci a, entre autres, conçu dans le Condado la Ventana al Mar (2004), un grand espace public érigé sur la plage face à l’océan entre les hôtels La Concha et Vanderbilt.
Klumb Henry, d'origine allemande, est connu pour la construction du campus de l'université de Porto Rico entre 1946 et 1966 mais aussi de l'hôtel La Rada à San Juan et des églises aux structures très originales comme l’Iglesia del Carmen et San Martin de Porres à Cataño.