25 000 ans av. J.-C
La Préhistoire révélée
C’est la civilisation des chasseurs de mammouths. La célèbre statuette de la Vénus obèse de Willendorf, sculptée dans le calcaire et conservée au Musée d'histoire naturelle de Vienne, découverte en Basse-Autriche en 1908, constitue aujourd’hui l’un des plus anciens vestiges au monde de cette civilisation.
10 000 ans av. J.-C
La civilisation d’Hallstatt
Premier âge du fer et arrivée des Celtes. La nécropole mise au jour dans le village de Hallstatt (Salzkammergut) date de la période de la civilisation dite de Hallstatt. Le cimetière de Hallstatt constitue à ce jour la plus grande source occidentale d’informations sur l’âge du fer.
8 000 ans av. J.-C
L’âge du sel et l’âge du fer
C’est déjà l’âge du troc et de l’exploitation du sel dans les montagnes. Nous en avons désormais la preuve. Près de la frontière entre l’Italie et l’Autriche, on découvre, en 1991, un corps prisonnier des glaces des Alpes de l'Ötztal depuis 5 000 ans. La découverte incroyable d’un homme conservé dans les neiges éternelles d’un glacier de l’Ötz, habillé et tenant encore ses outils, bouleverse la paléontologie moderne. Entre 8000 et 4000 av. J.-C., les Illyriens, peuple indo-européen, s'adonnaient sur ce territoire à un commerce basé sur le troc du sel et des minerais. La civilisation de Hallstatt laisse place à celle des Celtes, connue pour ses relations commerciales avec toute l’Europe. L’Autriche est alors le principal centre de diffusion du fer en Europe.
Premier millénaire
Rome instaure une marche frontière
A la veille de l'ère chrétienne, du fait de sa position centrale, cette région carrefour voit se côtoyer Celtes, Latins et Germains. Les Romains remontent les vallées de l’Inn et de la Drave et occupent progressivement, à partir de 100 av. J.-C., le territoire de l’Autriche actuelle. En l’an 15 avant notre ère, la majorité du territoire est de fait occupée. Intégré à l’Empire, celui-ci abrite plusieurs provinces autour de Vindobona (Vienne), Iuvavum (Salzbourg), Lienta (Linz), Brigantium (Bregenz) et Claudia (Klagenfurt). C'est une marche frontière, avec d’importants camps fortifiés le long du Danube. L'empereur Marc Aurèle consolide le territoire pour le protéger des invasions germaniques et développe les voies de communication. Lors d'une bataille déployée du Rhin au Danube et jusqu'aux rives de la mer Noire, Marc Aurèle parvient, en 175, à vaincre les hordes barbares. Mais la campagne suivante lui est fatale et l'empereur meurt à Vindobona en 180.
Jusqu'au Ve siècle
Les invasions
Les frontières de l’Austria romana, qui suivent le cours du Danube, sont progressivement franchies par différents peuples germaniques et par des peuples venus de l’est : Huns, Avars, Slaves et Magyars.
Du VIe au VIIIe siècle
La germanisation
Les Bajuvares - Germains de l’actuelle Bavière - chassent les Romains, colonisent et évangélisent la Rhétie et le Norique.
Fin du IXe siècle
La déroute des Germains
Par la suite, à la fin du IXe siècle, les Magyars (Hongrois) mettent les Germains en déroute et démantèlent la marche. A la reconquête du pays par Othon le Grand, en 955, la marche est rétablie au sein du Saint-Empire. En 976, la Marcha Orientalis, petite portion de la Haute-Autriche actuelle, devient autonome sous la tutelle de Léopold de Babenberg, noble bavarois.
XIe et XIIe siècles
L’essor des Babenberg
Les Babenberg transforment le petit margraviat en un duché reconnu et respecté. Ils agrandissent leur territoire et y implantent de puissants monastères. En 1156, l’empereur Frédéric Barberousse accorde à la maison Babenberg le titre ducal et la famille s’installe à Vienne. En 1192, Léopold V de Babenberg annexe le duché de Styrie, puis réussit à capturer Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre, de retour de croisade. Après 5 ans de captivité, le roi Richard est libéré contre une rançon colossale qui sert à la fortification de Vienne.
A la mort du duc Frédéric II, en 1246, sans descendance, la famille s'éteint et les princes frontaliers tentent de s’emparer de la terre d’Autriche, mais la noblesse locale fait allégeance au roi de Bohême, Ottokar II Przemysl, qui, en épousant la sœur du dernier Babenberg, devient maître de l’Autriche à laquelle il adjoint la Carinthie en 1269.
XIIIe siècle
Début d’un règne de six siècles pour les Habsbourg
Mais les cartes vont être redistribuées. Rodolphe Ier de Habsbourg, comte d’Alsace, devenu empereur du Saint-Empire en 1273, allié à Ladislas IV de Hongrie, gagne la fameuse bataille du Marchfeld contre Ottakar II. Les Habsbourg accèdent au trône d’Autriche qu'ils conserveront jusqu’en 1918. Rodolphe IV règne durant 7 ans (1358-1365), fonde l’université de Vienne et amorce le remaniement de la cathédrale Saint-Étienne en style gothique. Son fief comprend l’Autriche, la Styrie et la Carinthie. Pendant les décennies suivantes, les partages successoraux affaiblissent la puissance de la famille. Au cours des XIVe et XVe siècles, les Habsbourg, battus par les Suisses, perdent leurs possessions helvétiques, mais obtiennent le Tyrol, Trieste, le Vorarlberg et une partie de l’Alsace. Le duc Frédéric V, élu roi germanique, devient empereur sous le nom de Frédéric III. En 1453, il érige le duché d’Autriche en archiduché et amorce une politique d’alliances matrimoniales efficace poursuivie par ses successeurs, véritable tremplin à l’ascension de la dynastie. La monarchie reste entre les mains de la maison des Habsbourg jusqu’à la fin du Saint-Empire, en 1806.
XVIe siècle
Lutte contre l’islam et le protestantisme
L’Autriche, poursuivant son rôle unificateur de la région et de défenseur du catholicisme dans la zone, assoit sa puissance en Europe. Le pays doit pour cela se battre tout à la fois contre l’Empire ottoman et contre la vague déferlante du protestantisme. Les Turcs, depuis la prise de Constantinople en 1453, sont de plus en plus pressants. Ils assiègent Vienne en 1529. Le dernier assaut des Turcs contre Vienne (1683) a lieu sous le règne de Léopold Ier (1657-1705).
Par ailleurs, l’empereur Charles Quint, absorbé par les multiples campagnes militaires visant à libérer la Hongrie de la tutelle ottomane, est trop occupé par la guerre contre la France et ne peut enrayer la poussée protestante en Allemagne. Charles Quint accueille les jésuites à Vienne en 1552. Mais la France déclenche une nouvelle guerre, obligeant Charles Quint à la « paix perpétuelle d’Augsbourg » (1555) qui consacre la division religieuse de l’Allemagne. Dès lors, les princes ont la liberté d’imposer leur religion à leurs sujets. En 1564, l’Autriche est partagée entre les enfants de Ferdinand Ier. La réunification n’interviendra qu’un siècle plus tard. La monarchie danubienne sort renforcée d'une longue période de conflits et oriente ses désirs d’extension vers l’est.
XVIIIe siècle
L’âge d’or de la civilisation autrichienne
Sous les règnes de Charles VI (1711-1740), de Marie-Thérèse (1740-1780) et de Joseph Ier (1780-1790), c'est l’apogée de la civilisation autrichienne, l’éclosion de l’art baroque et d'une musique classique qui atteint des sommets avec les compositions de Haydn ou de Mozart pour la cour de Vienne. A la mort de l’empereur Charles VI, la lignée masculine s’éteint. Sa fille Marie-Thérèse lui succède. A 23 ans, elle doit défendre un empire. Pendant 27 ans, Marie-Thérèse lutte contre un front d’ennemis cherchant à la dépouiller de ses terres, parvenant à conserver la totalité de son territoire, à l’exception de la Silésie qu’elle cédera au roi de Prusse. Cette souveraine exceptionnelle, qui donnera naissance à 16 enfants dont Marie-Antoinette, instaure un État central organisé, intensifie la germanisation, vecteur d’unification, réforme l’économie, l’enseignement public et met sur pied une armée puissante. Son fils Joseph II abolit le servage et promulgue la patente de tolérance, qui accorde le libre exercice du culte aux non catholiques.
Fin XVIIIe
La Révolution et Napoléon
Cet absolutisme idyllique, modèle autrichien, est toutefois menacé par la diffusion des idées de la Révolution française. L’empereur François II, petit-fils de Marie-Thérèse et surtout neveu de la reine de France, Marie-Antoinette l’Autrichienne, prend part à la coalition contre-révolutionnaire. Il s’ensuit une succession de défaites militaires dont Jemmapes, en 1792, et Marengo, en 1800, qui contribuent au prestige militaire de Napoléon. Après un bombardement de 24 heures, la Vienne impériale tombe.
1815
Congrès de Vienne
C'est le redécoupage des frontières européennes.
1837-1898
Sissi l'impératrice
C'est l'une des figures emblématiques de l'Autriche impériale. Élisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach, duchesse en Bavière, devenue par son mariage, imposé à l'âge de 16 ans, impératrice d'Autriche et reine de Hongrie, de Bohême et de Lombardie-Vénétie, est le personnage romantique le plus célèbre et le plus célébré d'Autriche. Provinciale et très sensible, la nostalgique Sissi aura du mal à se plier à l'étiquette viennoise. En outre, elle ne trouvera pas le bonheur auprès de son époux. Toutefois, 4 enfants naissent de leur union. Jugeant Sissi inapte, sa belle-mère prend en charge l'éducation des 3 aînés. La belle et triste impératrice s'échappe souvent de Vienne pour suivre des cures. Sa santé est fragile. Mal aimée à Vienne, elle est toutefois adorée dans le reste de l'Empire, notamment en Hongrie, région qu'elle affectionne particulièrement. Influente, en particulier sur son mari, l'impératrice joue un rôle politique dans le compromis austro-hongrois de 1867.
Profondément touchée par le décès de son fils unique, en 1889, à Mayerling, retrouvé sans vie en compagnie de sa très jeune maîtresse, la baronne Marie Vetsera, l'impératrice prend le deuil pour ne plus le quitter. Après le drame de Mayerling, elle voyage sans relâche jusqu'à ce jour où, alors qu'elle séjourne à l'hôtel Beau-Rivage à Genève, sous le nom de comtesse de Hohenems, elle se fait poignarder au cœur par l'anarchiste italien Luigi Lucheni qui avait eu pour projet d'assassiner le duc d'Orléans, mais celui-ci avait changé son emploi du temps. Au bras de sa dame de compagnie, l'impératrice pense avoir reçu un simple coup de poing et monte tout de même à bord du bateau comme il était prévu. Ramenée à l'hôtel, elle y décède une heure plus tard.
1867-1918
L’Empire austro-hongrois
L’empire habsbourgeois devient une double monarchie sous le nom d’Empire austro-hongrois. Depuis 1848, François-Joseph est l'empereur d’Autriche et le restera jusqu’en 1916.
1914
Assassinat de François-Ferdinand d’Autriche
Le 28 juin 1914, l’héritier du trône de l’Empire austro-hongrois, François-Ferdinand, et sa femme Sophie sont assassinés par un nationaliste serbe à Sarajevo, provoquant ainsi la Première Guerre mondiale.
1918
Naissance de la République
La proclamation de la première République d’Autriche signe la fin de l’Empire austro-hongrois.
1934
Montée du national-socialisme
La guerre civile éclate entre sociaux-démocrates et chrétiens-sociaux alliés à la Heimwehr, plutôt d’extrême droite. Les nationaux-socialistes, soutenus par Berlin, prennent de l’importance dans le paysage politique.
1938-1955
De l’Anschluss à la neutralité
Le 12 mars 1938, l’Allemagne envahit l’Autriche, c'est l'Anschluss, avant de l’incorporer au Reich, un rattachement soutenu par une grande partie de la population. En avril 1945, les Alliés reprennent le pays, qui restera pendant dix ans sous contrôle international. En 1955, le traité d’État autrichien rétablit la souveraineté nationale et adopte la neutralité, laquelle, à terme, fera de Vienne une capitale politique d’envergure mondiale, siège de plusieurs organismes dépendant de l’ONU.
1995
Entrée dans l’Union européenne
En 1989, l’Autriche, qui s’efforce depuis la guerre d’assurer une liaison entre l’Est et l’Ouest, dépose une demande d’adhésion à la CEE. Demande acceptée en 1995, année qui signe l’entrée de l’Autriche dans l’Union européenne. En 2001, l’Autriche adopte l’euro. En 2006, le pays préside l’Union européenne.
2000
L’Europe sanctionne l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir
Alors que Wolfgang Schüssel devient chancelier, l’Union européenne décide la rupture diplomatique avec l’Autriche en raison de la participation de l’extrême-droite (le FPÖ de Jörg Haider) au gouvernement. L’Union européenne décidera, contre l’avis de la France et de la Belgique, de renouer ses relations diplomatiques avec le gouvernement autrichien.
2002
Une coalition efficace face à l’extrême-droite
L’ÖVP, parti populaire et de coalition gouvernementale, chrétien-démocrate et libéral-conservateur, remporte une victoire historique aux élections législatives avec 42,27 % des voix. Le parti de Jörg Haider subit une défaite sans précédent en emportant un tiers seulement des votes qu'il avait totalisés en 1999.
2008
Le barrage contre Jörg Haider fonctionne encore
Lors des élections législatives anticipées du 28 septembre 2008, la grande coalition socialistes-conservateurs est reconduite et l’extrême-droite de nouveau écartée du gouvernement, malgré le score de 29 % des deux partis FPÖ et BZÖ. Le socialiste Werner Faymann devient le nouveau chancelier et Josef Pröll, chrétien-démocrate, le numéro 2 du gouvernement.
10 octobre 2010
Les socialistes restent maîtres de la mairie de Vienne, mais l’extrême-droite y progresse en remportant 27 % des suffrages.
2013
Victoire des sociaux-démocrates aux législatives. Werner Faymann reste chancelier, à la tête d’une grande coalition qui intègre le parti de droite conservatrice ÖVP.
2015
Crise gouvernementale au sein de la grande coalition gauche-droite.
2016
L’Autriche évite de peu un président nationaliste. Arrivé en tête du premier tour avec plus de 35 % des votes, le candidat du FPÖ, Norbert Hofer, s’incline au second tour face à l’indépendant Alexander van der Bellen, soutenu par les Verts, qui obtient près de 54 % des suffrages. C'est une large coalition qui s’est constituée contre le candidat d’extrême-droite.
2017
Les élections législatives anticipées, normalement prévues en 2018, voient le parti populaire de droite ÖVP et Sebastian Kurz arriver en tête. Kurz devient chancelier.
2018
Le gouvernement annonce la fermeture de 7 mosquées, officiellement pour combattre l'islamisme radical.
2019
Premier mariage LGBTQ depuis la légalisation.
2020
La crise sanitaire
Proche de l’Italie, l’Autriche a été très tôt touchée par l’épidémie et a d’emblée choisi d’imposer à sa population des mesures de distanciation particulièrement restrictives et de fermer ses frontières. Cette grande rigueur résulte également de la présence début mars 2020 de l’un des principaux foyers de diffusion de l’épidémie en Autriche et en Europe, dans la station de ski d’Ischgl. L’efficacité des mesures prises, l’autodiscipline des citoyens et la qualité du système de santé a permis au pays de contenir rapidement l’épidémie et d’inverser la courbe des contaminations, et d’initier un plan de sortie de crise dès le 6 avril.
Depuis 2020
L'extrême-droite conforte sa suprématie
Afin d' « éviter le chaos », le chancelier Sebastian Kurz démissionne suite à des accusations de corruption. Il est remplacé par Alexander Schallenberg, son ministre des Affaires étrangères.
La montée de l'extrême-droite se confirme en Autriche. Depuis juin 2021, avec l'arrivée d'Herbert Kickl a sa tête, 54 ans et des formules chocs décomplexées, le FPÖ (Parti libéral autrichien) opère un retour en force spectaculaire. Les sondages le placent largement en tête avec 28 à 30 % des voix, loin devant les conservateurs et les socialistes.
- le 15 novembre 2022 : le célèbre tableau Mort et vie de Gustav Klimt est aspergé d’un liquide noir par des militants pour le climat, au Musée Leopold de Vienne.
- en juin 2023, un attentat islamiste contre la Marche des fierté de Vienne est déjoué par la police.