Brève histoire du cinéma marocain
L’histoire du cinéma marocain débute en 1897, par le biais des frères Lumière et de leurs opérateurs qui sillonnent le globe à la recherche d’images inédites. C’est Louis Lumière lui-même qui aurait réalisé Le chevrier Marocain, premier film tourné au Maroc. Par la suite, l’industrie marocaine du cinéma sera gérée par le colon français, et ce jusqu’à l’indépendance du pays. La production locale est fortement muselée par ces restrictions, et par la censure imposée par l’occupant. Il faut donc attendre 1958 pour découvrir le premier (quasi) long-métrage marocain, Le Fils maudit, de Mohamed Ousfour. Une petite pépite de cinéma qui semble issue d’un autre temps, mais qui inspirera toute une génération de cinéastes marocains. Malgré tout, il faudra attendre encore quelques années pour que le cinéma dépasse les frontières nationales. Des films comme Alyam Alyam (1978) et Transes (1981) du réalisateur Ahmed El Maânouni contribueront à cette notoriété. Le second fera même l’objet d’une restauration au début des années 2000, présentée par Martin Scorsese lui-même au festival de Cannes en 2007.
Depuis le début des années 2000, un nouveau souffle booste l’industrie du cinéma marocain. Ainsi, des films comme Tarfaya de Daoud Aoulad Syad (2004), La cinquième corde de Selma Bargach (2011), Hayat de Raouf Sebbahi (2017) ou Casablanca Beats de Nabil Ayouch (2021) sont encensés par la critique et récompensés dans les grands festivals africains, européens et américains. Une réelle inspiration pour les jeunes cinéastes nationaux, portés également par d'autres artistes confirmés qui se lancent dans le cinéma. A l'image de l'écrivain Youssef Fadel, qui en 2014 s’attelle dans la réalisation de son premier film, Agadir Express, tourné majoritairement dans la cité éponyme.
De Ouarzazate à Agadir en passant par Marrakech, des lieux de tournages prestigieux
Le cinéma européen s'est invité à Agadir dès 1934 avec le tournage du film Le Grand Jeu, drame familial signé du Belge Jacques Feyder. Fin des années 1940, c'est au tour d'Orson Welles de poser sa caméra dans la cité marocaine pour Othello, qu'il tourne entre le Maroc et Venise. Un de ses meilleurs films, où l’homme-orchestre produit, réalise et joue le rôle principal de cette tragédie shakespearienne. En remontant vers le Nord, on découvre dans les Gorges du Dadès certains des plus grands lieux de tournage d'Hollywood. Allant de Steven Spielberg à David Lean, cinéaste derrière le fascinant Lawrence d'Arabie, vous trouverez dans cette région une multitude de références cinématographiques, ainsi que des visites dédiées qui raviront vos yeux cinéphiles. En 2000, c’est le cultissime Gladiator de Ridley Scott (2000) qui tourne au Maroc, dans les renommés Atlas Corporation Studios. Vous pourrez également découvrir, tout proche, le ksar d'Aït-ben-Haddou où furent tournées certaines des scènes du film avec Russel Crowe, et de nombreux figurants engagés sur place, mettant la région sur la carte des lieux de tournages idéaux pour les productions. Ce village fortifié avait déjà été, dans un tout autre style, le cadre de passages du film Le Diamant du Nil (1985) avec Michael Douglas et Kathleen Turner. Depuis 2000, il est également apparu dans des scènes de Sex and the City 2, encore plus proches de nous.
Parmi les autres films marquants qui ont fait halte dans la région, Indigènes du réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb (2006) a été tourné en grande partie non loin de Ouarzazate, avec un soutien financier et logistique important de la part du Maroc. Ce drame relatant la participation des soldats indigènes à la Seconde Guerre mondiale au sein de l'armée française a fait un carton à sa sortie, notamment grâce à son casting peuplé de grands noms comme Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem ou encore Sami Bouajila.
Du côté de Marrakech, vous pourrez vous lancer sur les traces d’Alfred Hitchcock, qui filme dans la cité le remake de sa propre adaptation cinématographique de 1934, L’homme qui en savait trop. Sorti en 1956, ce film entre espionnage et thriller, genre si cher au maître du suspense anglais, met en scène Ben (James Stewart) et Jo (Doris Day) emmêlés dans une affaire d’espionnage alors qu’ils passent quelques jours au Maroc avec leur fils Hank. Même si ce tournage date d’il y a plus de soixante ans, vous reconnaîtrez aisément la place Jemaâ el-Fna, la Koutoubia ou encore les tombeaux Saadiens et les Bab Agnaou et Doukkala, toujours aussi impressionnants. L’atmosphère n’est cependant plus à la guerre froide, et tant mieux, car la pression moite qui se ressent dans le film, magnifiquement mis en scène par le cinéaste anglais, n’est pas adéquate pour un séjour touristique reposant.
De par son architecture aux accents millénaires et ses paysages sans âge, la région a depuis longtemps attiré les tournages de films historiques, de péplums et de grandes fresques épiques. Intégralement tourné au Maroc, entre Meknès, le Grand Atlas et Marrakech, La dernière tentation du Christ de Martin Scorsese (1988) est l’un de ces films. Willem Dafoe y incarne Jésus, tandis qu’Harvey Keitel, l’un des acteurs fétiches du réalisateur, apparaît sous les traits de Judas. Et en 1999, c’est La momie avec Brendan Fraser qui utilise Marrakech et les étendues désertiques de la région pour représenter l’Égypte.
Du côté des salles et des festivals
Au-delà du festival du film de Marrakech, l'un des plus grands évènements de la région, vous pourrez aussi découvrir de nouveaux films et des exclusivités lors du Festival de cinéma et migrations d'Agadir. Alors que se prépare sa vingtième édition en 2023, le festival poursuit sa volonté de montrer documentaires et fictions autour d'un thème toujours d'actualité, mettant chaque année des cinéastes immigrés du monde entier en avant. Conférences, débats et expositions sont également organisés, un vrai rendez-vous immanquable pour celles et ceux qui s'intéressent à ces questions et à ces sujets de cinéma. Et si vous recherchez simplement une séance de divertissement, le cinéma Sahara tout récemment rénové se fera un plaisir de vous accueillir pour un moment de détente, devant un film marocain ou international.