Découvrez l'Irlande : Nature (Biodiversité / Faune & flore)

Évoquer l’Irlande, c’est plonger dans des paysages fantastiques. Dès votre arrivée, vous vous immergez dans des herbages verdoyants toute l’année. Des troupeaux de bovins allaitants, d’ovins et d’équidés vagabondent paisiblement. Quelle que soit la couleur du ciel, ne vous y trompez pas, l’île n’est pas qu’une vaste prairie. Le fourrage omniprésent n’empêche pas les landes d’ajoncs et de bruyères de croître sur les montagnes et sur les plateaux rocailleux et calcaires du Burren. Dans cette région, la flore arctique et méditerranéenne vous surprendra. Vous traverserez peu de forêts matures, mais de jeunes zones reboisées au début du XXIe siècle. Il faut impérativement protéger les tourbières irlandaises et reconstituer une forêt d’arbres endémiques, sans oublier que faune et flore interagissent. Pour tous les Irlandais urbains et ruraux, pour tous les paysages, une action écologiquement efficace s’impose pour respecter l’engagement de 2050.

L’île verte a une collection de plantes arctico-méditerrannéenes

En août 2021, le gouvernement irlandais a pris un engagement écologique très ambitieux. L’île émeraude affiche l’ambition de devenir le leader mondial de la protection de l’environnement. L'air pur et frais, les paysages verdoyants et les côtes magnifiques célèbres dans le monde entier ne suffisent plus. Il faut s’engager plus activement. En arrivant en avion, vous allez avoir l'impression d'arriver sur un puzzle d'une multitude de cinquante nuances de green qui vous accueillent. Quel spectacle nous offrent la faune et la flore irlandaises !

Les paysages verdoyants irlandais voient s’épanouir une collection d’environ 900 espèces endémiques. Dans cet inventaire insolite, nous pouvons observer des plantes qui appartiennent au registre des plantes arctiques ou alpines. C'est, bien sûr, une résurgence du passé de l’ère glaciaire qui caractérise la flore irlandaise. N’oublions pas le paradoxe irlandais ! Le Gulf Stream réchauffe les côtes irlandaises où s’épanouissent bon nombre d’espèces méditerranéennes et tropicales. Certes, mais l’Irlande est à la latitude de la Sibérie. De plus, son sol s’est formé à l’ère glaciaire et bon nombre de graines s’y étaient conservées. Il n’y a donc pas tant d’étrangeté à ce que ces plantes arctiques se sentent dans leur environnement.

Fleurs qui poussent dans les pierres

Ces plantes se développent dans des conditions froides, comme sur les bords des glaciers dans les Alpes ou dans la toundra du nord de l'Arctique. Le saxifrage arctique (Saxifraga nivalis) en est un exemple, nivalis signifiant de la neige. Généralement, elle préfère des climats plus froids, l’Irlande étant pour ces espèces l'une des positions les plus méridionales. C'est l'une des plantes les plus rares d'Irlande – une petite population d'individus sur la chaîne Ben Bulben/Ben Wiskin dans le comté de Sligo. Cependant, elles poussent sur ces montagnes parmi un ensemble d'autres bizarreries arctiques et alpines. Elles poussent aux côtés d'autres saxifrages ou « casse-pierres », tels que le saxifrage jaune (Saxifraga aizoides) et le saxifrage pourpre (Saxifraga oppositifolia), ainsi que d'autres raretés intrigantes comme l'Arenaria ciliata. Elles semblent toutes apprécier les conditions sur Ben Bulben. Ce sont spécialement les pentes les plus inhospitalières, exposées au nord, qui se prêtent à la survie de ces plantes arctiques-alpines. En mai, un autre lieu où se retrouvent ces végétaux qui s’immiscent dans les pierres du plateau du Burren ; chaque intervalle du Burren verdit et fleurit : dryas, gentiane et raisin-d’ours invitent à l’admiration. Dans les crevasses s’épanouissent becs de grue, primevères, orchidées et violettes des marais.

Typiquement irlandais : le bog, les tourbières 


À l’ouest du pays, les terres sont principalement des champs de tourbe qui regorgent de plantes, dont des espèces menacées. La composition particulière du sol des tourbières très humides aux eaux acides et stagnantes, un environnement appauvri en oxygène, pauvre en bactéries où la matière végétale se décompose lentement. Elle s’entasse doucement et petit à petit se forme la tourbe.
Les tourbières en Irlande couvrent presque 2 000 km2, beaucoup plus que dans tout autre pays européen. Composée majoritairement d’eau et aussi des déchets végétaux en décomposition, une tourbière oscille de 45 cm à 13 m de profondeur. Généralement, les végétaux qui forment la tourbe et colonisent la surface de l’eau sont des mousses et des sphaignes, petites plantes qui s’adaptent à leur milieu pour proliférer.
La fougère la plus rare d'Europe a été découverte à Killarney, en 2020. Les botanistes s’étonnent que l’on ne l’ait pas remarquée avant. La fougère néotropicale, Stenogrammitis myosuroides, n’avait jusqu’à présent jamais été trouvée ailleurs que dans les forêts montagneuses de la Jamaïque, de Cuba ou de la République dominicaine, soit à plus de 6 500 km, de l'autre côté de l'Atlantique. Rory Hodd, le botaniste qui a repéré la minuscule plante, s'étonne d’avoir découvert une nouvelle espèce végétale indigène – une espèce dont on pense qu'elle est arrivée « par ses propres moyens », sans être importée par l'homme. Il semblerait que la minuscule fougère ait été négligée pendant des milliers d’années. Elle vivait tranquillement dans le Parc national de Killarney, dans le comté de Kerry, l'un des derniers fragments de forêt humide (rain forest) tempérée d’Europe. Un des parcs nationaux irlandais qui réservent de nombreuses sources d’étonnement à tous les amateurs de nature, d’arboretum, de végétaux spectaculaires.
Les tourbières sont un environnement où la biodiversité est riche. La flore y est particulière et constitutive du renouvellement de la tourbe. Une bonne façon d’appréhender les tourbières : visiter le Parc national du Connemara.

Cap à l’ouest, c’est déjà le sud !


Le comté de Kerry, avec son climat assez doux, compte certaines espèces méditerranéennes, voire tropicales, comme les rhododendrons et le lichen. On trouve également beaucoup de jardins botaniques composés de plantes remontant à 30 millions d’années, période à laquelle poussait une flore tropicale. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des espèces rares furent rapportées de pays lointains, lors des grands voyages d'exploration, comme l’eucalyptus, le fuchsia ou le palmier des Andes, des callistemon avec leur plumeau rouge flamboyants, mais aussi des abutillons ou des ambotriums. Le climat pluvieux et réchauffé par le Gulf Stream a favorisé leur développement. Il y a en Irlande depuis longtemps un art de jardiner en liberté, trop souvent incorrectement nommé art du jardin à l’anglaise, puisque c’est William Robinson, un jardinier irlandais, qui ordonna cet art du jardin en liberté.

La beauté du Diable, la merveilleuse couleur danger


Le paysage irlandais cache une beauté terrible, un fléau merveilleux, mais maléfique. Dans les régions les plus sauvages de la campagne irlandaise, aux mois de mai et juin, vous serez à un moment ou un autre face à des amas d’électriques couleurs. Une scène surréaliste : ici et là, vous serez face à de subtiles teintes brunes et vertes s'opposant à des rouges, des pourpres, des roses. Cette extraordinaire beauté est en train de tuer les espèces indigènes, même si elle le fait de bien jolie manière.

Le paradis des ornithologues, spécialistes ou amateurs

Que vous soyez néophytes ou fins amateurs, vous vous régalerez à jouer à l'ornithologue en Irlande. De nombreux oiseaux migrateurs y trouvent refuge et y passent l’hiver, comme les oies sauvages, l’humidité de l’île favorisant la faune ornithologique. L’Irlande possède plus de 55 observatoires d’oiseaux qui organisent régulièrement des randonnées d’observation. Ce sont au moins 300 espèces d’oiseaux qu’il est possible d’observer.
Dans le Connemara, de petits oiseaux comme le traquet, souvent nommé tarier pâtre, qui figura un temps sur les timbres irlandais, se réfugient dans les rocailles. Dans le West Cork, vous serez surpris de voir en nombre de grands corbeaux gris. L’Irlande compte sept espèces de corbeaux. La corneille à capuchon, Hooded Crow (ou corneille grise), est un oiseau qui se distingue avec son plumage gris et noir. Vous vous laisserez séduire par les Chough à bec rouge (prononcez Chuff) – espèce rare de corbeau doté d'un bec et de pattes rouge vif. On les retrouve sur les prairies, les terres cultivées, en montagne et sur la côte. Comme tous les corvidés, ce sont des oiseaux très intelligents qui s’adaptent aisément.
Levez souvent le nez et vous verrez aigles royaux, faucons et faucons pèlerins. Les côtes sont peuplées de mouettes tridactyles, de fulmars boréaux, de fous de Bassan, de grands cormorans, de cormorans huppés et de toutes sortes de goélands : du Connemara, goéland argenté, goéland à tête noire, goéland brun, goéland bourgmestre et goéland d'Islande.
Plusieurs espèces de sternes nichent sur les îles côtières, dont Illaunmore, juste à côté de la plage de Glassilaun. Une des plus belles plages d’Irlande, près de Leenane, une de ces plages de sable blanc et aux eaux bleues limpides. Vous serez au paradis. Vous ne résisterez pas au petit macareux moine, sympathique joueur et fin pêcheur. Il creuse des terriers dans la falaise, et le couple couve à tour de rôle. C’est un oiseau de la famille des pingouins, il est tout en rondeur. Parfois nommé oiseau clown à cause de son attitude étrange en vol, il a de petites ailes qu’il est obligé de battre très vite, ajoutez son nez multi-couleurs et vous comprenez vite le surnom donné à cet oiseau attachant.
Il y a aussi quelques espèces rares que l’on peut apercevoir parfois avec un peu de chance. Un des oiseaux les plus rares observés en Irlande est originaire des Bermudes. C’est le cahow, de taille moyenne, l'oiseau national des Bermudes, et un symbole d'espoir pour la conservation de la nature. Il a été longtemps considéré disparu dans les années 1600, puis retrouvé en 1951. D’autres observations du pétrel des Bermudes ont été faites en Irlande. Il ne faut donc jamais désespérer, mais redoubler d’effort. Aujourd’hui, grâce aux géolocalisateurs électroniques des oiseaux, on estime qu’il y en a 180 spécimens.

Sanctuaire de baleines et de dauphins 


Sur les côtes, vous apercevrez sûrement dauphins et des phoques familiers des enfants comme à Dingle ou à Howth. On croise des baleines grises et des baleines à bosse depuis des observatoires ou en promenade en bateau.

En Irlande, la nature est partout, même en ville, au cœur de Dublin, vous croiserez des hérons, des cygnes autour des canaux, au bord de la mer.
L’île accueille aussi des renards et des blaireaux, des daims et des cerfs que l’on croise facilement dans des forêts, dans les grands parcs, en bord de lacs et bien sûr dans les parcs nationaux. Sans beaucoup d’effort, vous croiserez aussi des lièvres, des hérissons, des écureuils, des cerfs, des daims et des oiseaux. Aucune chance que vous ne croisiez le légendaire mégalocéros, le cerf des tourbières, appelé aussi élan irlandais, car les derniers connus furent retrouvés dans les tourbières d’Irlande et datés au carbone 14 de l’Holocène.

Éleveurs depuis 4 000 ans

L’Irlande est un pays agricole depuis au moins 4 000 av. J.-C. Les animaux domestiques ont depuis toujours partagé l’histoire du pays avec les Irlandais. Il sera facile de rencontrer les moutons lors de vos déplacements dans l’ouest de l'Irlande, car dans les collines, les moutons sont souvent élevés en semi-liberté. C’est un point de couleur sur le dos du mouton qui permettra au fermier de retrouver ses animaux. Il y a environ 4 millions de moutons élevés en Irlande pour la laine et pour la viande. De plus en plus de races irlandaises sont encouragées et perfectionnées comme le Galway ou le Cladoir Sheep du Connemara. Dans les pâturages, vous verrez des troupeaux de bovidés. Des élevages pour le lait, car l’Irlande est aussi un pays de fromages, et pour la viande. Les troupeaux pouvant paître toute l’année en extérieur, ils fournissent une viande de qualité particulière.

Noble conquête et meilleur ami 
de l'homme

Quant aux ponies du Connemara, ce sont les descendants des chevaux que les Celtes ont adoptés au moment des invasions vikings. Plus tard, au XIIe siècle, l'histoire de l'Irish Draught Horse repose autant sur la bataille que sur l’agriculture. Les Irish Draught (trait irlandais), montrant courage et puissance, résultent du croisement entre les chevaux des Normands et ceux de la Spanish Armada. Avec de tels ancêtres, pas étonnant que  le monde du cheval ait une place importante en Irlande. Le secteur de l'élevage et des courses génère plus de 1,8 milliard d'euros d'activité économique et soutient près de 29 000 emplois, faisant de ce secteur l’un des plus importants au monde.
Si le cheval est la plus belle conquête de l’homme, le chien reste son meilleur ami. Dans les cynodromes courent les lévriers, les fameux greyhounds, bien qu'une loi sévère réglemente le déroulé des courses, mais aussi le traitement des animaux. Le Welfare of Greyhounds Act (2011) est une loi visant à assurer le bien-être des lévriers, à réglementer le fonctionnement des établissements d'élevage et à établir un registre des établissements d'élevage. À la fin de leur carrière, vers 3-4 ans, ils sont adoptables par le biais de l’association IRGT, Irish Retired Greyhound Trust. Si pendant votre voyage vous rencontrez un Irish Wolfhound (lévrier irlandais), souvenez-vous qu'il fut à l'origine le gardien du bétail contre les loups en Irlande. Aujourd’hui, l’Irish Wolfhound est un animal de compagnie familial, calme et détendu. Mais sa taille et sa force s’adaptent mieux aux familles qui lui consacreront du temps et donneront à ce grand chien beaucoup d'amour.

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