12000 av. J.-C.

Préhistoire

Un canal étroit se forme entre l’Irlande et le sud-ouest de l’Écosse.

10000 av. J.-C.

Les premiers humains en Irlande

La datation précise et récente au radiocarbone d’un os d’ours, découvert en 1903 dans la grotte Alice et Gwendoline (Comté de Clare), atteste que les traces sont des marques d’outils en pierre faites il y a 12 500 ans. Ce qui fait faire un bond en avant d’au moins 2 500 ans à la présence humaine en Irlande attestée à Lough Boora (Comté Offaly). Actuellement, des études se poursuivent sur les os de rennes trouvés à Cork en 1972, qui prouvent la présence de l’homme 20 000 ans plus tôt !

8000 av. J.-C. et 4000 av. J.-C.

Des populations organisées

Des chasseurs-cueilleurs sont présents en Irlande, ils s’organisent en groupe, autour de troupeaux. C’est le début de l’agriculture. Les premiers sites Céide Fields en Connacht ou Nord Mayo figurent parmi les plus étendus et les plus anciens sites néolithiques.

3500 av. J.-C.

La magie du solstice d'hiver à Newgrange

C’est la période de construction du site de la Vallée de la Boyle : Brú na Bóinne. Newgrange, Knowth et Dowth sont érigés et prouvent le développement des peuplades néolithiques qui y sont installées : art, tombe, astrologie avec la magie du rayon du solstice d’hiver (21/12). 

2000 av. J.-C.

Ce sont déjà des mineurs

Il y a, à Ross Island, Killarney, une des toutes premières mines de cuivre d’Europe. Ces mines ont sans doute été à l'origine des outils de l'âge de bronze irlandais. Un commerce a pu être développé avec des tribus de l'autre côté de la Manche. 

800 av. J.-C.

L'arrivée des Celtes

Petit à petit, des Celtes (Gaels) arrivent d’Europe et soumettent la population de chasseurs-cueilleurs autochtones. De petits royaumes vont se créer et se combattre, constituant des clans et des légendes à chaque combat.  

Dans les raids de ces barbares d’Irlande, racontés dans les textes grecs et romains : les Irlandais sont nommés Scoti et le pays Scotia, alors que l’Écosse est pour les Romains Nova Scotia ou Caledonia. Ceci semant parfois la confusion lorsque l’on parle de Scoti, aujourd’hui. Donc, à cette date, point d’Écossais, mais des Celtes des Tribus Dal Riata qui vont se livrer au pillage, sur les deux rives du channel qui sépare l’Irlande et Argyl, région d’Écosse.  

600 av. J.-C.— 400

L’âge d’or des Celtes en Irlande

Tara fut un site en usage avant les Hauts Rois. Une tombe connue, Dumha na nGiall est le plus ancien monument visible et date d'environ 3 000 ans avant Jésus-Christ. Cependant, Tara est devenue véritablement importante à l'âge du fer (600 av. J.-C. à 400 ap. J.-C.) puis au début de la période chrétienne. En 433, Patrick, pas encore saint, sur la colline voisine de Slane, a allumé le feu pascal pour défier le roi païen de Tara. Tara était le centre royal de Mide, « le royaume du milieu », la cinquième province de l'Irlande antique. Un paysage de légendes. 

ca. 431

Le pape Célestin envoie en Irlande un évêque chrétien

Environ trente ans avant saint Patrick, Rome envoie un émissaire chrétien en Irlande. Dans une volonté de christianiser l'Europe dite barbare, le pape Célestin envoie Paladius. Difficile de dire, avec grande précision, la date de création du premier lieu de culte chrétien en Irlande, encore moins de localiser le premier monastère. En Irlande, la date acceptée de la création des premiers monastères, des premières communautés chrétiennes, se situe au Ve siècle. La vie religieuse chrétienne organisée en réseau de monastères atteindra son apogée après la conversion de Patrick. 

432

Évangélisation de l’Irlande

Saint Patrick, converti à la religion chrétienne, revient en Irlande – il y avait vécu heureux. Il avait été capturé au pays de Galles, peut-être, lors d’une razzia dont les Celtes, habitants d'Irlande, étaient coutumiers. Il y était donc esclave et était devenu berger d'une tribu celte. Il commence à convertir l’Irlande paisiblement. Il n'oppose pas les cultes, il les compare et les mélange. La nouvelle religion s'immisce lentement, mais en profondeur dans la société celte.

484 - 750

Le monachisme irlandais

Habitués à vivre dans un rath farm (une ferme-village) en un tuath (la tribu) réuni autour d'un chef (roi) : l'organisation politique de la société irlandaise sera modelée sur le Tuath. Des tribus autour de roitelets. Les druides qui se convertissent vont organiser « à l'irlandaise » leur hiérarchie religieuse.

C'est entre les VIe et IXe siècles que se situe l'apogée de l'influence des moines hiberno-latins.
À cette époque, ces moines irlandais s'imposent comme l'une des communautés les plus actives dans la diffusion du christianisme, mais aussi des arts de l'écriture. Ils connaissent le latin, ils l'écrivent, ils le recopient, ils le diffusent. Ils sont de remarquables enlumineurs à qui l'on doit le Book of Kells, le Book of Durrow et les Évangiles de Lindisfarne parmi les plus remarquables. Les monastères chrétiens en Irlande sont de véritables petites cités culturelles autonomes : fermes, bibliothèques, scriptorium, cellier, clos, etc. On y vit en famille, le célibat n'étant pas imposé !

Parmi les premiers monastères construits, il y a Clonard, érigé sous l'hospice de saint Fenian. Ce fut d'abord une simple cellule-chapelle fondée par saint Fenian à l'alentour de 520. Puis, petit à petit se forme autour de Fenian ce que l'on appellera plus tard les 12 apôtres d'Irlande.

Ajoutons Ardfert, du gaélique Ard Fhearta : colline aux miracles. C'est aussi le village de naissance de Brendan, le Navigator... Celui qui, mille ans avant Christophe Colomb, aurait été de l'autre côté de l'Atlantique. 

800 - 988

Les invasions vikings : création de Dublin

Arrivée des premiers Vikings, à la fin du VIIIe siècle sous forme de raids sur Iona Rathlin Island et Inis Murray. Durant tout le IXe siècle, l’Irlande souffre des attaques des Vikings originaires du nord de l’Europe de la région appelée Scandinavie aujourd’hui. 

Au début du IXe siècle, les Vikings s’installent sur la côte Est. Ils y fondent plusieurs longphorts, véritables ports protégés pour drakkars. Ils se sont installés sur l’emplacement de ce qui deviendra, plus tard, Dublin. Ils ont d'abord ouvert un comptoir commercial, un longphort, qu'ils ont appelé Dubh Linn (lagune noire). Les Celtes restés plus haut sur les rives du fleuve installent un thua qu'ils nomment Baile Átha Cliath. Dubh Linn devient un port important, les Vikings faisant du commerce depuis l'Irlande jusqu'à Constantinople et en Islande. 

Les Vikings décident de faire grandir le longphort, d’y créer plus qu’un comptoir commercial, ils fondent une ville en 988. Dublin deviendra la capitale d’Irlande. Au XXIe siècle, Dublin garde fièrement ses origines vikings. 

1066 - 1176

Invasions anglo-normandes

Même si le combat mené, le 14 octobre 1066, à Hastings, opposant le dernier roi anglo-saxon d'Angleterre, Harold Godwinson, au duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, qui en sera vainqueur, il est le grand virage de l’histoire celte en Irlande. 

Le début de l’invasion anglo-normande en Irlande est dirigé par Richard Gilbert de Clare, comte de Pembroke, surnommé Strongbow (arc fort) au combat. Il débarque sur la côte Est et s’empare de Dublin en 1169. Il veut soumettre l’Irlande et rêve de pouvoir.

Les rois celtes se divisent. Dermot MacMurrough, roi de Leinster, s’allie à Strongbow pour regagner son pouvoir. Strongbow, ambitieux, accepte, en échange de son mariage avec la fille de MacMurrough. À la mort du roi irlandais, Strongbow hérite des comtés de Carlow, Kilkenny, Wexford, Kildare, d'une partie de ceux de Wicklow, Laois et Offaly, et aussi des ports Hiberno-Norses  (Celto-Viking) de Wexford et Dublin, deux ports commerciaux, faisant de Strongbow un puissant guerrier et un homme riche.

Le dernier grand roi d'Irlande, Ruaidrí Ua Conchobair (Modern Irish : Ruairí Ó Conchúir) va tenter de reprendre Dublin à Strongbow. Malgré un long siège en 1171, la ville ne cède pas et reste normande.

Henri II d’Angleterre, Plantagenêt, duc de Normandie, duc d’Anjou et d’autres domaines, devenu roi d’Angleterre en 1154 à 21 ans, ayant pour épouse Aliénor d’Aquitaine, est l'homme puissant qui règne en Angleterre et qui désire le rester ! Il est inquiet de l’ambition de Strongbow. Il débarque à Crook (Waterford) pour se proclamer seigneur d’Irlande. Il est le premier roi d’Angleterre à fouler le sol irlandais. Cette visite revêt une grande importance. La conquête de l'Irlande doit être marquée du pouvoir royal. En même temps, en Irlande, il échappe discrètement à l’enquête diligentée par Rome sur son éventuelle complicité dans l’assassinat de l'archevêque de Canterbury, Thomas Becket. Strongbow meurt en 1176.

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1014-1042

La bataille de Clontarf

Brian Boru obtient le titre de Haut Roi d’Irlande (Hight King of Ireland), il adopte le titre d'Imperator Scotorum, « empereur des Écossais ». Tout indique qu’il se sent comme le seigneur de toute l'Irlande, mais aussi celui de tous les Celtes : Gaëls, Scoti, y compris ceux qui vivaient de l'autre côté du channel, de la Manche Nord.

Le 23 avril 1014 a lieu la bataille de Clontarf contre les Vikings et leurs alliés. Victoire des Irlandais menés par Brian Boru, leur Haut Roi, qui signera la fin de la conquête viking. Malgré la victoire sur les Vikings, Brian Boru sera tué au combat. La conquête du trône de Haut Roi d’Irlande par les Roitelets va pulvériser l’union irlandaise.  

Le Viking Sigtrygg était resté roi de Dublin après la défaite de Clontarf et avait continué à guerroyer avec d’autres territoires du Nord, Meath, Wicklow, Ulster, même jusqu'à la côte du Pays de Galles, allant jusqu’à être en conflit avec des rois nordiques rivaux, notamment à Cork et Waterford. Sa mort laissera encore un grand vide que la rivalité des rois de régions irlandaises ne saura pas combler.

1306 - 1400

Douceur gaélique pendant la guerre de Cent Ans

Défiant les Anglais, en 1306, Robert Bruce s'empare du trône d'Écosse, ce qui l’oblige à s’exiler sur l'île de Rathlin, au large de la côte d’Antrim. Edward Bruce, son frère, profitant de la rivalité des rois irlandais, règne comme Haut Roi d'Irlande entre 1315 et 1318. Il meurt le 14 octobre 1318 à la bataille de Dunkalk. C’est une grande victoire d’Édouard II d’Angleterre.

L'ambition de l'Angleterre, en 1338, la pousse dans la guerre de Cent Ans. Cette période de guerre avec la France laisse l’Irlande dans une relative tranquillité. 

Les statuts de Kilkenny en 1366 sont une série de préconisations d’organisation de la vie politique, civile et culturelle en Irlande. Le but du roi est de rappeler à la noblesse anglo-irlandaise qui se révèle parfois « plus irlandaise que les Irlandais » que ce sont les lois anglaises qui s'appliquent. Dorénavant, il sera interdit de suivre le code Brehon (loi ancestrale irlandaise et particulièrement d'avant-garde), ou de parler gaélique. C’est une première tentative d’assimilation qui suscitera un attachement vindicatif aux traditions celtes. 

Une pseudo-paix irlandaise s’installe au cours des XIVe et XVe siècles. L’Irlande peut se faire oublier et redevenir cette terre de légende, dans la brume océanique. Elle est en fait dirigée par les trois grands comtes de Desmond, Ormonde et Kildare qui, ensemble, dominent le gouvernement de Dublin. Desmond a l'ascendant sur les comtés de Limerick, Cork, Kerry et Waterford ; Ormonde sur ceux de Tipperary et Kilkenny ; et Kildare sur celui de Leinster.
C’est une période de fort développement de Dublin, peut-être trop pour la Couronne britannique qui voudrait renforcer son pouvoir en Irlande. Le couronnement d'Henri VIII va bouleverser cette langueur irlandaise. 

1509 - 1553

Domination anglaise : Richard VIII s'impose

Henri VIII, roi d’Angleterre, second de la dynastie Tudor, accède au pouvoir à seulement 18 ans. Le tempérament et la soif de pouvoir du jeune roi va s'imposer en Irlande. Le monarque, resté célèbre par le funeste destin de ses épouses, veut faire un royaume uni puissant. 

Henri VIII fonde l’Église anglicane en 1533, après le refus du pape Clément VII d'annuler son premier mariage avec Catherine d’Aragon. La suprématie ecclésiastique royale et non plus papale est adoptée, entraînant la confiscation des biens de l’Église de Rome. Ces richesses serviront à armer une solide marine.

En 1541, après l'abandon de l'autorité papale, le Parlement de Dublin complaisant reconnaît à Henri VIII le titre de roi d’Irlande, ses prédécesseurs n'ayant porté que le titre de Lord d'Irlande. Cet événement donne un coup d’accélération au pouvoir anglais sur l’Irlande.

Le Crown of Ireland Act inscrit dans la loi en 1542 que le roi d’Angleterre, ses héritiers et successeurs sont rois d’Irlande. Cette loi fut contestée par les patriotes irlandais et qualifiée d'acte d’annexion.

1558 - 1603

Un siècle de plantation...

Après le règne de Marie, Élisabeth Ire eut à cœur de reprendre la construction, comme son père Henri VIII, d'un grand empire britannique. Elle rétablit une religion protestante dite foi anglicane. Elle n'a pas grande confiance en Philippe, le roi espagnol et catholique. Il pourrait envoyer sa marine en Irlande et attaquer l'Angleterre par ce flanc ouest. 
Sous le règne d'Henri VIII, les chefs de clans irlandais ont été loyaux et ont respecté leurs engagements vis-à-vis de l'Angleterre, certains ont reçu d'Henri VIII des titres de Earls. Élisabeth, pour surveiller les Irlandais, intensifie les plantations en offrant à des Anglais, des Écossais, des domaines irlandais bon marché. Les terres sont confisquées à certains clans gaéliques comme les O'Connor, les Fitzpatricks, qui sont repoussés vers des terres plus pauvres. Diverses tentatives de rébellion des chefs gaéliques eurent lieu, toujours suivies de sévères représailles du pouvoir royal anglais. Châteaux et terres brûlés et confisqués. Cela ne pouvait pas durer ! En 1594, le clan des O'Neill et celui des O'Donnell vont tenir tête, gagner des batailles, jusqu'en 1603, avant d'être battus à Kinsale. C'est ce qu'on a appelé la guerre de Neuf Ans ou Rébellion de Tyrone.  

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1607 - 1640

La fuite des comtes, le vol des oies sauvages

En 1607, les derniers chefs de clans irlandais, Hugh O'Neill, le comte de Tyrone, et Hugh Roe O'Donnell, le comte de Tyrconnell, fuient vers la France avec 99 autres Irlandais influents d'Ulster, qui poursuivront le voyage dans toute l'Europe. L'exil, qui a vidé l'Irlande d'une part de son élite aux XVIIe et XVIIIe siècles, fut familièrement cité par les historiens comme « le vol des Oies sauvages » (The flight of the Wild Geese). Il y aura trois dates principales de cet exil particulier : 1607, 1640 au moment des représailles de Cromwell, 1690 après la bataille de la Boyne, les partisans jacobites de James l'ayant suivi en France. 

1641

La rébellion de 1641

L'injustice que continuait de subir la petite noblesse irlandaise et les plus humbles restés en Irlande ne pouvait que conduire au pire. Le  23 octobre 1641, éclate en Irlande le plus dramatique soulèvement qu’on nomme la Grande Rébellion. L’exaspération de la population humiliée, l'absence d'organisation, transformera ce qui aurait dû être la reconquête de la justice, en un épisode des plus sanglants. Rien ne fut résolu, bien au contraire ! 

1649 - 1652

La malédiction nommée Cromwell en Irlande

La guerre civile en Angleterre fit s’affronter pendant 7 ans les partisans royalistes, qui supportait le roi Charle Ier, et les partisans du Parlement, derrière Cromwell, pour aboutir le 30 janvier 1649 à l’exécution du roi. Cromwell décrète alors le Commonwealth qui aurait dû voir naître la première démocratie parlementaire et qui, vue d'Irlande, ressemble plus à ce que l'on pourrait aujourd'hui qualifier de dictature militaire.
À peine la guerre civile terminée en Angleterre, il fallut calmer la rébellion en Irlande. Cromwell ne négocia pas : des morts, des expulsions, des terres confisquées. La dernière ville a abdiquer fut Galway, en 1652, après un siège de 9 mois durant lesquels la population subit la famine et la peste.  
Encore une fois, l'Irlande était matée, mais rien n'était réglé ! 

1689

La bataille de la Boyne : Jacques II contraint à l'exil

12 juillet 1689, en Irlande, à la bataille de la Boyne s'affrontent deux hommes et deux religions : Jacques II d’Angleterre, qui, en 1688, perd le trône d’Angleterre, d’Écosse et d'Irlande où il est toujours soutenu, étant catholique, et Guillaume III d’Orange devenu roi d’Angleterre, soutenu par l'Angleterre et l’Écosse, car il est protestant. Défait lors de la bataille, Jacques II s'exile en France où il arrive avec une cour jacobite en majorité irlandaise. 

1691 - 1778

Des années noires et sévères pour les catholiques en Irlande

Après la défaite de la Boyne, les lois anti-catholiques redoublent en Irlande. Elles les privent de tous les droits ou presque. Pour les catholiques, impossible de voter, d'être agent de la fonction publique, d'être propriétaire de terre, de posséder des objets de culte de Rome, de répandre (éditer, vendre, offrir) des abécédaires catholiques, ou d'enseigner. Toutes marques de l'ancienne culture celte doivent disparaître. Ces lois réduisent à la pauvreté la population celte convertie à la religion catholique. 

1775 - 1823

Le sentiment d'indépendance, l'esprit de Nation irlandaise

Nombreux furent les Irlandais qui, fuyant l'Irlande et les lois pénales sectaires, se réfugient en France où les idées de la révolution – liberté, égalité, fraternité – éveillaient les consciences... 
Les premiers sursauts de l'intérieur, en Irlande, émanent de l'élite anglo-irlandaise, protestante, mais qui n'acceptaient plus l'injustice, la ségrégation religieuse, la domination anglaise. Henry Flood et Henry Grattan éveillent l'esprit d'indépendance en Irlande et obtiennent des lois supprimant certaines restrictions imposées aux catholiques en matière de propriété, d'éducation et de participation politique. Le Parlement irlandais obtient l'indépendance législative.

En 1791, fondation à Belfast de la Society of United Irishmen, qui se consacre aux idéaux des Lumières et de la Révolution. Les United Irishmen tentent une insurrection.

L'Acte d'Union, en vigueur en 1801, abolit le Parlement irlandais. Une rébellion menée par Robert Emmet et quelques autres Irlandais unis contre le régime britannique est réprimée ; Emmet et les autres chefs sont exécutés.

L'Association catholique est fondée en 1823 pour faire campagne en faveur de l'égalité des droits pour les catholiques, ce qu'ils obtiennent, leur permettant d'occuper n'importe quel poste politique, y compris celui de député.

1845 - 1850

La Grande Famine et la naissance de la diaspora irlandaise

Le mildiou sur les pommes de terre a représenté un bouleversement sans précédent pour la société irlandaise. Une famine qui a réduit de moitié la population de l'île. Une partie meurt de faim, l'autre quitte le pays. Au cours de ces voyages vers l'Amérique, l'Australie, l'Europe, voyageant dans des conditions souvent difficiles, un certain nombre d'Irlandais seront décimés en route par les maladies. C'est à cette sinistre famine que l'on doit la naissance de la légendaire diaspora irlandaise !  

1858 - 1905

Lentement, l'Irlande en marche

Le sentiment de la nécessité de s'organiser voit le jour. Par manque de méthode et de leader charismatique, plusieurs tentatives de rébellion vont échouer.  Plusieurs associations vont être créées pour tenter d'organiser la lutte :

En 1858, c'est la naissance de la Fondation de l'Irish  Republican Brotherhood. Charles Stewart Parnell est élu en 1875 député du comté de Meath.

En 1879, la Fondation de la ligue agraire voit le jour : la ligue nationale irlandaise pour la terre est fondée pour faire campagne en faveur de conditions plus équitables pour les métayers. La GAA (Gaelic Athletics Association) est fondée en 1884 pour promouvoir les sports « gaéliques ».

Le Projet de loi sur l'autonomie locale est rejeté par la Chambre des communes en 1886. 

Alors qu'il devient un leader, Charles Stewart Parnell est impliqué dans un scandale amoureux qui détruit sa réputation et divise le parti irlandais. Il décèdera l'année suivante en 1891. 

À Dublin, Conradh na Gaeilge, la Gaelic League est fondée en 1893 pour encourager l'utilisation de la langue irlandaise qui était alors peu usitée à cause de l'interdiction qui en avait été faite.

Un nouveau projet de loi, Home Rule (auto-gouvernement) est proposée, en 1886, à Westminster.

La même année se crée le Mouvement Celtic Revival, autour de Lady Gregory, Edward Martyn, John Millington Synge et William Buttler. Autour de la langue gaélique, du théâtre, de la poésie, un mouvement qui initiera la naissance du premier Théâtre national du monde anglo-saxon. 

Le mouvement Sinn Fein verra le jour en 1905.

1914 - 1922

Lutte pour l'indépendance, naissance de l'État libre

Le troisième Home Rule à peine proposé est suspendu, car la Première Guerre mondiale est déclarée. Les Irlandais qui s'y engagent pour aller en Europe défendre la liberté portent l'uniforme britannique. Véritable dilemme que n'hésiteront pas à affronter certains Irlandais. On dénombre au moins 37 000 soldats irlandais décédés pendant ce conflit. En Irlande on se bat pour l'indépendance, le soulèvement de Pâques en 1916, ou Pâques sanglantes, sera l'insurrection qui ouvrira une longue période de combat pour l'indépendance. Victoire du Sinn Féin au Dáil Éireann à Dublin. La guerre anglo-irlandaise, guerre d'indépendance, durera deux ans avant que ne soit déclaré, en 1922, l'État libre d'Irlande.

1922 - 1948

L'État libre devient une république indépendante

La création de l'État libre d'Irlande ne se fait pas simplement. Entre 1922 et 1923, la guerre civile oppose les Irlandais sur les termes du traité anglo-irlandais. Eamon de Valera fonde un nouveau parti politique, en 1926, le Fianna Fáil. Il souhaite présenter des membres aux élections générales en 1927 afin de se présenter aux élections dans l'État libre, lors des élections générales. Des représentants du Fianna Fáil entrent au Dáil. En 1932, Eamon de Valera devient Président d'Irlande. La constitution entre en application en 1937 et le nom « État libre d'Irlande » est remplacé en gaélique par Éire et en anglais par Ireland. 

1973 - 2005

L'Irlande européenne

L'Irlande devient membre de la CEE en 1973. Elle rejoint les 6 premiers membres du Marché commun comme le Danemark et la Grande-Bretagne. La communauté économique européenne compte alors neuf membres. 

Lors des élections présidentielles de 1990, Mary Robinson devient la première femme présidente de la république d’Irlande. Elle s'engage et obtient la légalisation du divorce en 1995. Auparavant, seule une aide financière était octroyée au conjoint abandonné, sans discrimination de sexe.

C'est de nouveau une femme, Mary McAleese, qui est élue à la présidence de la République en 1997 ; Bertie Ahern devient Premier ministre. 

L'euro est introduit en Irlande en 1999, pour toutes les transactions en chèques, cartes bancaires, prélèvements automatiques. Le 1er janvier 2002, devenant monnaie officielle, l’euro remplace la livre irlandaise en Éire. La livre sterling demeure la monnaie de l’Irlande du Nord. 

Mary McAleese est réélue à la présidence de la république d’Irlande en octobre 2004. 

2005

Encore plus de paix

À la une de tous les journaux, l'IRA annonce qu'elle cesse la lutte armée et s'engage dans la recherche de solutions démocratiques. Les armes sont déposées et les accords du Vendredi Saint vont pouvoir s'appliquer.

2008 - 2012

Chute du Tigre celtique

La crise des subprimes éclate aux USA. L'économie américaine plonge. L’économie irlandaise, en 2008, relativement dépendante de ce marché américain est très impactée.    

L’Irlande en est le seul pays à se prononcer par voie référendaire sur le traité de Lisbonne, un nouveau traité établissant une constitution pour l’Europe, assez proche de ce qui fut abandonné en 2005. Le « non » l’emporte à 53,4 %.

Les Élections présidentielles de 2011 ont vu la nomination de Michael D. Higgins du Labour Party à la tête de l’État.

Au référendum constitutionnel, du 31 mai 2012, sur le Pacte budgétaire européen a réuni les Irlandais. Le « oui » l’emporte à 60 %. 

2013 -2015

Renaissance irlandaise

L’Irlande reprend en 2013 la Présidence de l’Union européenne pour la septième fois, célèbre le quarantième anniversaire de son adhésion à l’U.E. et accueille le sommet du G8 à Enniskillen.

L’Irlande rembourse l’emprunt qui a aidé à juguler la crise de 2008.

Visite historique du Président irlandais Michael D. Higgins à Elizabeth II en 2014 ; presque un siècle plus tard, les relations s'apaisent.

Grandes manifestations pour dénoncer la réforme qui met fin à la gratuité de l’eau courante en Irlande. C'est en effet la première fois que les Irlandais auront des factures d'eau. 

Dans une grande liesse à la déclaration des résultats, l'Irlande, en 2015, est le premier pays au monde à voter par référendum la légalisation du mariage homosexuel. 

2016 - 2020

L'Irlande, les temps modernes

La commémoration du centenaire de l’insurrection des Pâques sanglantes de 1916 unit la population dans des cérémonies rappelant la conquête de l’indépendance irlandaise.

Des milliers de personnes défilent à Dublin en faveur de l’avortement.  L'Irlande se rappelle son passé, mais se veut moderne. Et cela se verra encore lorsque le 14 juin 2017, Léo Varadkar est nommé au poste de Premier ministre. Léo Varadkar a alors 41 ans, il est médecin, il est métis et ouvertement homosexuel. C'est le visage de l'Irlande moderne décomplexée. 

Alors que le pays, en 2018, légalise l’interruption volontaire de grossesse (avec 66,4 % d’approbation par référendum). Le Pape François visite l'Irlande et Michael D. Higgins est réélu à l'élection présidentielle. 

2021

Brexit, douloureux protocole

Le Brexit est effectif depuis le 31 janvier 2021. Les accords, ratifiés et signés par les 28 pays, organisent, dans le respect des intérêts de tous, les échanges entre l'Union européenne et le Royaume-Uni. Cela se révèle pour l'Irlande plus une utopie qu'une réalité. Il semblerait que l'application du protocole soit plus compliqué que ne le fut sa minutieuse rédaction.

2022

Devant l'urgence que représente le changement climatique, sortant de la pandémie du Covid-19, vivant concrètement le Brexit, le gouvernement irlandais prend d'ambitieux engagements. Son futur devrait-il être plus européen ou plus écologique ? Si c'est européen, c'est la célébration de la présence irlandaise depuis 50 ans au sein de l'U.E. Mais si c'est écologique, c'est à fond sur le Green Deal. En 2022, l'Irlande adopte en même temps, le bleu-vert ! 

1968 -2022

The Troubles : Espoir de Paix

Depuis 1969, l'Irlande renvoie à ce combat sectaire nord-irlandais nommés : The Troubles.  L'Histoire de Derry-Londonderry, Belfast, Strabane, Omagh gardent des blessures indélébiles. Les errements, les erreurs, les abus tours à tours de chaque partie en conflit rendent le dialogue compliqué. En 1969, les manifestations des droits civils, à l'instar des événements mondiaux, portaient sur des droits sociaux, salaires, logements, etc. Le mot d'ordre était : un homme, un vote. Ce sont les dérapages meurtriers du maintien de l'ordre qui font tout basculer. En 1972, ce sont les images du Bloody Sunday qui feront le tour de la planète.  En 1976, c'est le changement de statut des prisonniers politiques qui provoquera les protestations, puis la grève de la faim et la mort de 10 prisonniers des H- Blocs de Long Kesh, parmi lesquels figure Bobby Sands. Encore et toujours Democratic Unionist Party contre Irish Republican Army et vice versa. Un pas est fait en avril 1998, lors du Belfast Agreement ou Agrément du Vendredi Saint : un accord de gouvernement conjoint et démocratique ouvre la voie à une lente, mais possible paix, avant qu'en août 1998, l'attentat d'Omagh vienne briser l'espoir. Il faudra attendre l'attentat du World Trade Center le 11 septembre 2001 pour que l'IRA dénonce la violence et affirme qu'elle ne combattra plus qu'avec des moyens politiques, abandonnant définitivement le combat violent.
Combat, résistance, guerre d'indépendance, guérilla, lutte, quel que sera le nom que les historiens donneront à ces évènements, il semble que l'Irlande et le Royaume-uni veuillent offrir à leurs populations les moyens de la réconciliation. En mai 2022, Sinn Fein remporte les élections parlementaires en Irlande du Nord.