Fresque dans l'église de la Sainte-Trinité de Hrastovlje © kasto80 - iStockphoto.com.jpg
Façade à Metelkova © Volha Stasevich - shutterstock.com.jpg

Moyen Âge et Renaissance

La période médiévale est dominée par les arts religieux. Si l’art roman a laissé peu de traces, le style gothique a perduré après le début de la Renaissance. La peinture gothique a légué de superbes fresques dont celles de l’église Saint-Jean-Baptiste de Bohinj ou la Danse macabre de l’église de la Sainte-Trinité de Hrastovlje. Pour les passionnés, la Nardona Galerija ou Galerie nationale de Slovénie expose de splendides fragments originaux. Dans les œuvres de cette période, les influences nordiques se mêlent harmonieusement aux modèles du Sud. De nombreux ateliers de sculpture médiévale ont fourni des reliefs et des sculptures destinés à parer les autels. Le point culminant de la sculpture gothique en Slovénie est l’œuvre de l’atelier de Ptuj, représentée dans la collection par la Belle Madone et la Pietà de Podsreda. Au XVIe siècle, la production s’affaiblit en raison des invasions turques, des révoltes paysannes et du protestantisme, peu propices aux beaux-arts.

Du maniérisme au baroque

Bien que les œuvres importées et celles d’artistes itinérants aient prévalu au début du baroque, le XVIIe siècle a jeté les bases de l’avenir. La sculpture slovène de ce siècle est dominée par les autels dorés, généralement des retables polychromes sculptés sur bois. Ils sont ornés de vignes, qui ont évolué en feuilles d’acanthe, sous lesquelles les formes architecturales ont fini par disparaître. Plusieurs techniques ont participé à la création des autels dorés : graphisme, sculpture, dorure, peinture. La seconde moitié du siècle voit éclore la peinture de genre et les portraits des nobles. 

La période du baroque mature marque le second point culminant de l’art en Slovénie. La création artistique prospère dans un environnement politique stable et des conditions économiques favorables. Les artistes italiens invités participent à l’épanouissement de tous les domaines artistiques. La place centrale revient au sculpteur vénitien Francesco Robba qui produisit des œuvres religieuses et laïques. À Ljubljana, il est l'auteur de la fontaine des Trois Rivières de Carniole sur la place municipale, des anges de la cathédrale Saint-Nicolas ou de l'autel de l'église Saint-Jacques.

Rococo et néoclassicisme

Le baroque tardif a vu naître des images laïques plus éthérées. L’utilisation de la couleur et de la lumière évolue vers le rococo. Dans la collection de la Galerie nationale de Slovénie, ce tournant est représenté par les œuvres du Vénitien Nicol Grassi, de Valentin Metzinger de Ljubljana et de son successeur Anton Cebej qui montre un attachement particulier aux influences vénitiennes. 

Franc Kavčič est un représentant important du néoclassicisme européen. Bien qu’il dépeigne des histoires de l’Antiquité gréco-romaine, son message reflète les changements sociaux de son époque. Dans la première moitié du XIXe siècle, la peinture de Kavčič a influencé ses nombreux étudiants viennois.

Du Biedermeier à nos jours

En Europe centrale, les changements sociaux s’expriment dans un style appelé Biedermeier. Venu des arts décoratifs, le Biedermeier reflète un mode de vie confortable et bourgeois qui se ressent dans tous les arts. Ce faisant, le portrait connaît son apogée sous le pinceau de Matevž Langus, Jozef Tominc, Mihael Stroj et Anton Karinger. Au XIXe siècle se détachent le peintre impressionniste Rihard Jakopič (1869-1943) et le pointilliste Ivan Grohar (1867-1911). Au début du XXe siècle, les mouvements artistiques internationaux s’enchevêtrent à la tradition nationale. La Galerie nationale de Slovénie est là encore le musée où se rendre pour découvrir ces différents courants.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’art devient un instrument de propagande. Sous Tito, des sculpteurs comme Jakob Savinšek et Lojze Dolinar parvinrent néanmoins à allier leur sensibilité artistique au réalisme socialiste.

Zoran Mušič (1909-2005), peintre et graveur slovène, s’éloigna des courants dominants en s’établissant en France. Sa carrière est déterminée par l’année qu’il a passée à Dachau. Les dessins qu’il a réalisés durant sa déportation sont des témoins inestimables de l’horreur des camps. Ses œuvres sont notamment visibles au musée d’Art moderne (Moderna Galerija ou MG), situé à l’entrée de l’immense parc Tivoli. Il fonctionne avec le musée d’Art contemporain (+MSUM). Le premier se concentre sur l’art slovène depuis les débuts du modernisme : peinture, sculpture, estampes et dessins, photographies et vidéos. Le second englobe toutes les pratiques contemporaines de l’art visuel, dont la collection Arteast 2000+ qui regroupe des œuvres d’avant-garde d’Europe de l’Est de 1960 à nos jours.

Bon à savoir : une multitude de galeries d’art énergiques apportent un regard complémentaire sur la scène artistique slovène. S’il fallait n’en citer qu’une, ce serait probablement la galerie Equrna.

Vitrine de l’art alternatif

Aux dernières nouvelles, le street art n’est pas complètement légal en Slovénie. Cependant, dans certains quartiers, il fait partie du paysage. L’exemple le plus parlant est Metelkova mesto, véritable centre culturel autonome qui occupe d’anciens baraquements militaires. Après l’indépendance de la Slovénie, le complexe de 12 500 m² a échappé à la démolition grâce aux protestations des locaux. Les anciens logements pour soldats ont été reconvertis en galeries d’exposition, ateliers, salles de concert et bars par de jeunes artistes. Sculptures en matériaux de récupération, objets détournés, mosaïques, tableaux, graffitis et stickers fourmillent dans ce cadre presque onirique. Le terrain de basket-ball de Metelkova semble accueillir moins de sportifs que de graffeurs. Durant votre excursion, songez que vous êtes le spectateur chanceux d’une exposition qui changera dans les prochains jours. Ce lieu alternatif a même pensé aux petits budgets en construisant une auberge de jeunesse dans l’ancienne prison militaire du quartier. Metelkova est également connu comme un lieu de la tolérance pour de nombreuses minorités. Ici, l’art réunit tout le monde sans se soucier des origines et des préférences de chacun.

Signalons un second lieu alternatif, Rog Factory installé dans une ancienne usine à vélos depuis 2006, bien qu’il soit menacé d’expulsion. Le lieu se divise en deux parties : ateliers artistiques ouverts aux publics et lieu d’accueil pour personnes en situation de précarité. Quoi qu’il advienne, cet espace débordant de créativité et de générosité marquera l’histoire de la ville.

N’ayez crainte, l’art urbain décore les ruelles et les bâtiments de toutes les villes du pays. Partout, il offre un contrepoint visuel exaltant à la tradition minimaliste de la capitale.