Château de Bled © photoGartner - iStockphoto.com.jpg

La Slovénie, terre du baroque

Vous approcherez, découvrirez cet art qui a connu son apogée dans les pays catholiques, expression de la contre-Réforme. Placé sous les influences de Venise et Vienne, le baroque slovène connaît plusieurs périodes. Succédant à la Renaissance et au maniérisme, les débuts sont marqués par des éléments baroquisants, en particulier sous l’autorité de Tomaž Hren (1560-1630), évêque de Ljubljana et promoteur de la contre-Réforme. Le style s’affine pour s’imposer vers 1700. L’Academia Operosorum, fondée à Ljubljana en 1693, lui donne un nouvel élan. Surgissent alors de grands ensembles dont les plans sont l’œuvre de maîtres venus de l’étranger. Cette période s’achève en 1740. Le baroque tardif qui s’ensuit s’imprègne d’éléments rococo. L’architecture baroque est rehaussée par les stucs. Des mouvements dynamiques apparaissent qui s’opposent à l’équilibre ordonné de la Renaissance. Avec la peinture en trompe l’œil, le regard est invité à créer une nouvelle unité du terrestre et du céleste. Dans les églises, ce sont les saints qui assiègent les voûtes tandis que dans les lieux profanes, les divinités de l’Olympe grec les supplantent (manoir des Princes à Celje, château de Brežice et son musée du Posavje). Les lieux, les figures allégoriques, les contrastes de couleurs, la mise en scène dramatique regardent le visiteur. Des ateliers s’épanouissent, principalement à Ljubljana et Gorica. La peinture baroque est dominée par le Lorrain Valentin Metzinger, son élève Anton Cebej, Frančišek Jelovšek, Fortunat Bergant. La sculpture de Francesco Robba s’impose à Ljubljana (fontaine des Trois Rivières de Carniole sur la place municipale). C’est d’ailleurs lors d’une flânerie dans la capitale slovène que l’on repère le plus aisément l’importance du baroque, avec notamment les églises qui furent reconstruites dans ce style après le tremblement de terre de 1511. La cathédrale Saint-Nicolas, l’église de Notre-Dame-de-l’Annonciation qui domine la place Prešeren, le couvent des Ursulines et l’église de la Sainte-Trinité sont des joyaux qui fascinent par leurs couleurs pastel qui donnent une touche de légèreté et offrent à la cité une atmosphère apaisante. Dans les bourgs et les villages que l’on trouve autour de Ljubljana, il est aussi indéniable que bon nombre de monuments, châteaux et églises, ont été baroquisés.

L’atmosphère vénitienne de la côte

Nichée entre l’Italie et l’Autriche et bordée par la mer Adriatique, la côte slovène possède de quoi donner des idées à ceux qui aiment les voyages nomades et changer de décor. La particularité de nombreuses communes que l’on trouve en longeant la mer est de présenter une architecture générale qui rappelle à bien des égards la belle Venise. N’oublions pas de préciser que ceci n’est pas le fruit du hasard puisque la Slovénie a été sous la domination de la République de Venise pendant cinq siècles, en tout cas en ce qui concerne la côte le long de l’Adriatique. Dans la commune de Koper, on repère dans sa vieille ville fortifiée des arches, des lions ailés de saint Marc et un beau palais prétorien, et lorsqu’on arrive à Piran, on a presque le sentiment de ne plus être en Slovénie à vrai dire. De la place Tartinijev où on aperçoit le campanile de la cathédrale Saint-Georges qui n’est pas sans rappeler celui de la place Saint-Marc, on emprunte un dédale de ruelles et des passages voûtés qui transportent le long de la promenade au cœur de la Vénétie. Un autre campanile exceptionnel se dresse fièrement dans la ville d’Izola. Les tuiles sur les toits, les ruelles pittoresques aux façades colorées et l’omniprésence de la mer donnent le cadre d’une Venise miniature.

La vie de château

Voici une autre belle raison de partir sur les routes slovènes, le pays regorge de forteresses, châteaux et manoirs de toute beauté. Ces édifices ont vu le jour à diverses époques, du lointain Moyen Âge en passant par la Renaissance et le baroque. Certains d’entre eux ont subi les affres de l’histoire et ont laissé derrière eux des ruines, mais une large quantité a conservé son architecture d’antan et accueille les visiteurs, qui peuvent y venir pour une simple visite, tout comme assister à un événement culturel qui mélange art et mise en valeur du patrimoine.

Si le château de Bled attire pour le mélange des styles, du roman en passant par le baroque et la Renaissance, c’est aussi sa situation particulière, posé sur un éperon rocheux, dominant un lac et entouré des sommets alpins qui lui confère un charisme qui amène au respect. À Celje, c’est aussi un vieux château qui domine la commune et qui offre un panorama de toute beauté sur la cité, les Alpes et les collines du Posavje. Celui qui fut construit entre 1120 et 1130 offre un véritable voyage à travers le temps et ses remparts sont grandioses. Comment ne pas s’émerveiller plus tard devant l’étonnant château de Predjama, construit au pied d’une grotte ? L’édifice est relié à la grotte par des galeries souterraines qui ne manquent pas de réveiller les imaginaires. C’est là, à 123 m de haut qu’il gît depuis plus de huit siècles, et sa situation vertigineuse ne manque pas d’attirer les visiteurs, tout comme les cinéastes. Autre splendeur slovène, le monastère d’Olimje est un immanquable dans le pays. En effet, comment ne pas être surpris par les formes géométriques et la couleur bleu-gris qui orne sa façade ? Situé près de la ville de Podčertrtek, ce château-monastère a été mentionné pour la première fois au XIIIe siècle, cependant son architecture actuelle date du XVIe siècle. Il a abrité une ancienne pharmacie et est occupé aujourd’hui par des moines. Il vaut le coup d’œil pour le sentiment que l’on ne verra jamais une façade aussi particulière ailleurs et pour la prise de clichés uniques.

La Slovénie, terrain d’expérimentations pour les grands architectes

En Slovénie, ce sont de nombreux architectes qui se sont illustrés au cours de l’histoire du pays. Des noms qui ont marqué les villes slovènes de leur empreinte, mais aussi d’autres villes européennes comme Prague ou Vienne.

Maks Fabiani (1865-1962) a fait des études à l’École technique supérieure de Vienne. Intéressé par les questions d’urbanisme, il propose ses compétences après le tremblement de terre qui secoue Ljubljana en 1895. La ville étant un véritable chantier, il exprime alors tout son talent, encouragé par le maire de l’époque Ivan Hribar. Il change la morphologie de la ville pour que celle-ci ne soit plus concentrée autour du château. Il réaménage la place Prešeren, et conçoit le parc Miklošič, une très importante enclave sécessionniste dans la ville. C’est ici que l’on trouve la plus forte concentration de bâtiments Art nouveau, une raison en soi de s’attarder à Ljubljana. Ainsi, la maison Krisper affiche de délicates arabesques en frise au niveau des fenêtres du second étage et des pastilles de couleur, quand la maison Hribar non loin (Tavčarjeva 2) dévoile une délicate façade carrelée et ondulée. Autre chantre de la Sécession viennoise, l'architecte slovène Ciril Metod Koch est responsable des édifices Hauptmann et Čuden sur ces mêmes places Prešeren et Miklošič. Tous ces monuments sont des exemples des splendeurs que révèle la capitale slovène à l’occasion d’une balade orientée Art nouveau.

Edvard Ravnikar (1907-1993) est un autre nom incontournable de l’architecture slovène. Élève de Le Corbusier et de Plečnik, il ne rompt jamais totalement avec le genre classique malgré une vision résolument moderne qui s’exprime dans l’aménagement de place de la République à Ljubljana. Cette place est le parfait témoignage d’une architecture du modernisme socialiste. Les bâtisses, qui peuvent sembler brutes et sévères, mais qui contribuent à faire de la capitale slovène un melting-pot architectural, sont l’incontournable Parlement slovène ainsi que les tours TR3.

Jože Plečnik (1872-1957). Et puisque l’on mentionne Plečnik, comment parler de l’architecture de la Slovénie sans terminer par le travail de celui qui est peut-être le plus grand architecte slovène ? Dès son retour à Ljubljana en 1921 pour y occuper le poste de professeur, il se voue également au développement architectural de la cité pour en faire une capitale importante et digne de ce nom. Architecte visionnaire qui se passionne pour le postmodernisme, il n’hésite cependant pas à incorporer dans ses constructions certains éléments classiques comme des colonnes grecques. Ljubljana lui doit des lieux comme le stade et le cimetière de Bežigrad, le théâtre d’été de Križanke ou bien encore le fameux Triple Pont. Mais son talent s’est exprimé bien au-delà des frontières de la capitale à travers le territoire, pour dresser de splendides bâtisses telles que le bâtiment de la Banque de crédit populaire de Celje, l’église de la Visitation-de-la-Vierge-Marie dans la région de Tolmin ou bien encore le refuge de chasse à Kamniška Bistrica. On pourra en savoir plus sur son œuvre en visitant sa maison à Ljubljana.